22.03.2016 Bruxelles terrorisée
Dans un bus évacuant quelques blessés légers de l’aérogare soufflée, blottie dans une couverture, le visage ceint de sang séché, une petite fille regarde le vide. Telle est la terreur. Une image violente, une projection – je pourrais être cette petite fille – et le néant contemplé par des yeux perdus.
La terreur islamiste a frappé Bruxelles. Quelques égarés ont rejoint leurs vaines chimères et emporté une trentaine d’innocents dans leur sacrifice idiot. Des centaines de mères, de pères, de frères, de sœurs, d’amis, de copains les pleurent aujourd’hui. Et des milliers de Bruxellois se demanderont demain, plus encore qu’hier, ce que contient le sac de leur voisin à la barbe trop touffue, si le ventre de la dame voilée est gros d’un enfant ou d’une ceinture d’explosifs. Comme ces musulmans présumés, objets de ces œillades suspicieuses, s’en offusqueront ou se sentiront coupables d’une complicité spirituelle qui, a priori, n’a pas lieu d’être. Telle est la terreur. Instrument de chagrin et de division.
Observée froidement, la terreur, c’est surtout peu d’instigateurs, beaucoup de dégâts et des conséquences négatives pour la majorité de la population. Comment l’éviter? Comment lutter contre des fantômes kamikazes? Comment prévenir cette triste réalité qui voit des gosses s’enorgueillir d’une "victoire" contre… Contre qui d’ailleurs? Contre trente innocents?
Dans les prochains jours, la Belgique renforcera la pression policière et militaire dans l’espace public. Une nécessité pour rassurer, pour dissuader. Faudra-t-il instaurer une fouille systématique de chaque usager des transports en commun? Folie dispendieuse qui ne pourrait que déplacer le problème. En revanche, investir dans les services de renseignement pour débusquer les terroristes en puissance semble une piste plus efficace. Ainsi que doter la Justice de moyens pour remonter les filières de financement du terrorisme et, comme le soulignait le juge Michel Claise mardi matin, malheureuse coïncidence, "pénaliser l’enseignement de la charia". Car ces attentats sont l’expression d’une idéologie qui s’insinue dans les failles des démocraties occidentales. Une idéologie qui a des alliés objectifs. Telle l’extrême droite. Tel l’islamo-gauchisme qui ne voit ce radicalisme religieux que comme la conséquence d’un mal-être social (l’erreur tenant ici à en faire la conséquence exclusive de ce mal-être), une réaction à l’accent tiers-mondiste, et non comme ce qu’il est: un avatar fasciste.
Vaincre cette idéologie ne se fera, in fine, qu’avec des idées. Plus fortes, porteuses d’espoir, humanistes et ancrées dans le projet européen. Il faudra les réaffirmer. À l’école en priorité. De façon intransigeante.
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