Vaudeville électrique
Les casseroles de Marie-Christine Marghem
Ne seraient les enjeux, la pièce qui se joue pourrait prêter à sourire. Une sorte de vaudeville politico-économique riche de personnages colorés et typés. Du bon boulevard avec ses intrigues aux confins de l’enfantin, piquantes comme du rouge en promotion coulant dans un gosier délicat, avec ses rebondissements grossiers, ses tirades qui prétendent à l’Histoire. Ne seraient les enjeux.
Brillante, aiguisée, incisive même, Marie-Christine Marghem l’est. Mais rue de la Loi, être ne suffit pas, il faut faire aussi.
Après deux ans, le bilan de Marie-Christine Marghem se révèle maigre. L’activité de plusieurs réacteurs nucléaires a été prolongée pour pallier le déficit électrique chronique. Mais des incertitudes légales entourent cette prolongation. Le soutien aux parcs éoliens en mer a été revu à la baisse. Mais des doutes planent sur une homologation européenne. Et… Et pas grand-chose d’autre. La colonne "à faire" affiche presque complet: mécanisme de soutien aux centrales au gaz, plan traçant le futur de l’énergie belge… Du lourd. Reste le chapitre folklorique. Parce que c’est là que la ministre de l’Energie s’est surtout distinguée.
À sa décharge: l’opposition est sans pitié (normal), parfois sans vergogne, voire limite populiste – tout qui sert le moulin anti-nucléaire est bon à prendre pour certains députés; et les nationalistes du nord qui rêvent, au sein de leur propre majorité, de rapatrier complètement l’énergie en terres flamandes, ne la servent guère. Ajoutez que la matière est complexe. Ces bémols mis, la prestation ministérielle demeure chaotique: erreurs en cascade, approximations, surf sur les limites déontologiques, snobisme à la tribune parlementaire… La coupe est presque pleine. Le "presque" ne tient finalement qu’aux capacités de l’intéressée: brillante, aiguisée, incisive même, Marie-Christine Marghem l’est. Mais rue de la Loi, être ne suffit pas, il faut faire aussi. Soit la ministre se met au travail, s’entoure d’un cabinet compétent, collabore avec son régulateur et son administration. Soit le vaudeville se poursuit. Et finira mal. Au mieux pour elle, simplement. Au pire, pour le futur énergétique du pays.
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