Quels sont les festivals les plus chers?
Le nombre de festivals n’a cessé d’augmenter ces trente dernières années. Certains affichent des chiffres exceptionnels, à l’image de Tomorrowland, mais le modèle est-il durable ?
Bracelets à piques, headbangers, chevelus qui rugissent à la moindre occasion : nul doute, ce week-end, c’était au tour du Graspop Metal Meeting d’être envahi par les amateurs de riffs enragés et autres violences sonores.
Le festival, qui a eu lieu à Dessel (province d’Anvers), attendait près de 150 000 visiteurs ce week-end pour son vingtième anniversaire. À 89€ le ticket pour une journée ou 185 € pour le pass 3 jours, les retombées financières se comptent en millions d’euros pour les organisateurs. Mais pas seulement.
Des événements rentables
Les bénéfices pour les communes où se déroulent les festivals sont difficilement quantifiables. Le retour en terme de notoriété est quant à lui indéniable. Qui aurait entendu parler de Dour sans le festival éponyme ?
Le bureau de consultance Beacon Economics a tenté l’exercice en 2013 pour les retombées du festival Tomorrowland. Le résultat est bluffant. Selon lui, le festival aurait rapporté en tout près de 70,6 millions d’euros à l’économie flamande - à titre de comparaison, le budget alloué à Mons 2015 tourne autour de 70,5 millions d’euros – et les recettes fiscales se seraient élevées à 15,5 millions d’euros, dont 3,3 millions d’euros de TVA sur la vente des tickets. Billets pour un bonheur éphémère dont le prix a la fâcheuse tendance à augmenter chaque année.
Une festivalomanie galopante ?
Selon une étude du CRISP centrée sur la Fédération Wallonie-Bruxelles, on assiste à "la multiplication et la massification des festivals depuis une trentaine d’années, sans que cette tendance montre les signes d’un quelconque essoufflement". Vraiment ?
Si les communes veulent bénéficier des retours en termes de tourisme et d’activité commerciale, elles rechignent parfois à avancer les fonds. Restrictions budgétaires obligent, on sabre dans les subsides alloués à la culture. C’est la mort annoncée des petits festivals qui en dépendent en grande partie.
Pour les gros festivals, l’équilibre est aussi difficile à tenir. Concurrence, contrats d’exclusivité avec certains artistes, cachets exubérants: même s'ils affichent une bonne santé, leur durée de vie à long terme peut être remise en cause.
Alors certes, Tomorrowland, le festival belge le plus cher, a doublé sa fréquentation l’année dernière lors de son dixième anniversaire grâce à un étalement exceptionnel sur deux week-ends. Oui, il est sold out depuis plusieurs mois déjà et prévoit donc accueillir plus de 180 000 visiteurs. Reste à savoir s'il arrivera à tenir sur le long terme, comme le Rock Werchter créé en 1974, qui, lui, n'affiche pas encore totalement "complet" cette année.
Entre une line-up attirante mais au coût exorbitant et le risque de fréquentation insuffisante, les organisateurs font leur choix. Mais jusqu’où peuvent-ils aller ? Le risque à long terme est de voir disparaître les festivals, en commençant par les plus petits, quitte à aller contre la volonté de démocratisation de la culture que les professionnels du milieu défendent depuis des décennies.
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