Les Saoudiens aiment les armes wallonnes, mais...
L'Arabie saoudite a acheté pour 33,5 millions d'euros d'armes à la Wallonie en 2016. Un chiffre qui ravive la polémique, surtout en cette période de crise politique. "Si le MR rentre dans une majorité, il doit mettre le point du boycott sur la table", réclame Nicolas Tzanetatos (MR), le président de la sous-commission Armes.
Se dirige-t-on vers un changement de cap dans la politique wallonne en matière de vente d’armes à l’étranger? À la lecture du dernier rapport sur les exportations wallonnes en matière d’armement, certains voudraient profiter du changement de règne politique dans le sud du pays pour revoir les règles. Du moins du côté du MR.
Comme à chaque fois, ce sont les ventes d’armes vers l’Arabie saoudite qui suscitent le plus de réprobations et soulèvent une volonté de changement. Le rapport 2016 sur les ventes d’armes que L’Echo a pu consulter n’échappe pas à la règle. Dans ce document qui devrait être examiné prochainement par la sous-commission parlementaire chargée de contrôler l’octroi des licences d’armes, on note que Ryad reste un solide partenaire commercial friand des armes wallonnes.
Il y a deux ans, la Wallonie avait vendu pour près de 400 millions d’euros (un record) d’armes vers l’Arabie saoudite faisant de la monarchie sunnite son deuxième partenaire commercial derrière le Canada. La situation est aujourd’hui un peu différente mais le pays reste le quatrième partenaire wallon avec 13 licences octroyées et 33,5 millions d’euros de matériel vendu en 2016. On évoque notamment des armes à feu portatives et des munitions.
"Si le MR rentre dans une majorité en Wallonie, il doit mettre le point du boycott sur la table."
Sans se faire le porte-voix de son parti, Nicolas Tzanetatos, le député MR qui préside la sous-commission chargée de contrôler le commerce de l’armement, prône un boycott sur les armes wallonnes vers la riche monarchie pétrolière, rejoignant ainsi la position défendue par les libéraux au Fédéral. "Les ventes vers l’Arabie saoudite me posent un problème personnel. Ce pays ne respecte pas les droits de l’homme et de la femme. À mes yeux, si le MR rentre dans une majorité en Wallonie, il doit mettre le point du boycott sur la table."
Le président de la commission est par ailleurs très critique par rapport au pouvoir de contrôle dont dispose le Parlement. "Je ne peux que regretter d’avoir les chiffres 2016 en juin 2017. Comment faire un contrôle sérieux quand tout est joué? À quoi sert le Parlement si son rôle se limite à faire une analyse des chiffres à travers son contrôle a posteriori?"
453 millions en 2016
Le business de l’armement reste une activité cruciale pour l’économie wallonne.
Au-delà du cas de l’Arabie saoudite, la lecture du rapport démontre que le business de l’armement reste une activité cruciale pour l’économie wallonne. En 2016, le sud du pays a vendu pour un total de 453,2 millions d’euros. Hormis la comparaison avec 2015 – année où un contrat record avec le Canada avait poussé les chiffres de vente jusqu’à 955 millions – les chiffres restent dans la moyenne des années précédentes.
Les Etats-Unis sont redevenus le premier partenaire commercial de la Wallonie avec 100 millions de contrats. En deuxième place, on trouve la France (51 millions), puis les Emirats arabes unis (48,6 millions), l’Arabie saoudite (33,5 millions), la Grande-Bretagne (22,8 millions) et la Turquie (21 millions).
7 licences refusées
Un autre élément démontrant le dynamisme du secteur est lié au nombre de licences octroyées. Elles sont en hausse de 5% par rapport à 2015 avec 1.438 licences validées par le gouvernement wallon vers 66 pays contre 1.369 un an avant. "Le nombre de licences octroyées par l’autorité wallonne a plus que doublé depuis 2004", souligne le rapport.
D’un point de vue géographique, 82,6% de ces licences concernent des pays européens et d’Amérique du nord. Et "9,67% concernent le continent asiatique, le Proche et le Moyen-Orient". La région du Proche et du Moyen-Orient est ainsi devenue un partenaire important pour la Wallonie avec près de 90 millions de contrat en 2016.
Le rapport acte enfin une série de refus de licence. Le cabinet du ministre-président sortant Paul Magnette (PS), chargé de l’octroi des licences, a ainsi mis son veto sur sept contrats dont une majorité vers la Turquie, et d’autres vers le Venezuela, Israël et la Jamaïque pour un montant global de 9,2 millions d’euros.
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