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Avec le Sonaca 200, l'industrie belge renoue avec l'époque héroïque

©BELGA

Les dirigeants de Sonaca Aircraft ont présenté leurs nouvelles installations situées sur l’aérodrome de Temploux-Namur. Celles-ci doivent servir à la production du Sonaca 200, le premier appareil de construction belge depuis une soixantaine d’années.

Près de 65 ans après la livraison du dernier biplan Stampe SV-4B à la Défense, des avions estampillés "made in Belgium" sortent à nouveau des chaînes de montage d’une entreprise aéronautique de notre pays: Sonaca Aircraft a inauguré officiellement ce vendredi ses nouvelles installations situées sur l’aérodrome de Namur, à Temploux. Un hall de 2000 m² qui doit permettre l’assemblage d’une soixantaine d’exemplaires par an du Sonaca 200, un petit monomoteur créé par la filiale de l’équipementier carolo.

Appareil biplace à aile basse, cet avion métallique aux lignes épurées est destiné à la formation des pilotes et aux vols de loisir. Ce nouveau venu sur la scène aéronautique a déjà été commandé à plus de 60 exemplaires. Il a notamment séduit deux grandes écoles belges de pilotage – Belgian Flight School (BFS) et Air Academy New CAG –, toutes deux basées à Charleroi, ainsi que la turque Ayjet, qui forme de futurs pilotes de ligne, notamment ceux de Turkish Airlines.

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Le Sonaca 200 est le fruit d’un projet lancé il y a un peu plus de cinq ans. Trois ingénieurs du service d’études de la Sonaca à Gosselies voulaient créer un petit avion électrique. Un peu risqué. Même le géant Airbus y a renoncé il y a deux ans. On se réoriente donc vers un appareil qui puisse être mis rapidement et sans trop de risques sur le marché. Ni révolutionnaire ni trop ambitieux, le Sonaca 200 allie donc performances en vol, maniabilité, une masse d’emport élevée et un rapport coût-efficacité intéressant. Le tout estampillé "Sonaca", un gage de crédibilité et de sérieux.

Sonaca 200
Sonaca 200 ©Sonaca

L’équipementier wallon a créé une filiale pour développer le projet, Sonaca Aircraft, qu’il détient aujourd’hui à 90%. Plutôt que de repartir d’une feuille blanche, les initiateurs ont préféré redémarrer avec un avion existant, qu’ils vont améliorer afin de renforcer ses qualités et certifier. Ils se sont tournés vers la société sud-africaine The Airplane factory, qui avait mis au point un monomoteur qui ne disposait que d’une homologation locale. Un partenariat a été signé et l’avion sud-africain est envoyé à Gosselies pour procéder à sa refonte. "Nous avons néanmoins changé beaucoup de choses structurelles et modifié ou ajouté des éléments aérodynamiques, grâce à la modélisation numérique", précise le CEO de Sonaca Aircraft, Harold van der Straten.

Certification européenne

Les premiers tests s’étant avérés concluants, le développement a été mené à vive allure, notamment grâce à la force de frappe de la maison mère. En juin 2018, l’appareil reçoit la certification Easa, soit un peu moins de trois ans après l’introduction de la demande initiale. Sonaca Aircraft est désormais autorisé à faire voler son avion, sous certificat de navigabilité européenne, tant en Europe que dans le reste du monde. Une reconnaissance obligatoire, mais également très symbolique: la Belgique n’avait plus produit d’avion certifié depuis des dizaines d’années. Mais tout comme les Boeing ne sont plus uniquement américains depuis longtemps, le Sonaca 200 n’est pas noir-jaune-rouge à 100% puisque outre ses origines sud-africaines, l’avionique et les jambes de train proviennent des Etats-Unis, l’hélice et les freins de France et le moteur d’Autriche. Sonaca Transilvania, en Roumanie, fournit de son côté les éléments de structure.

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Les installations namuroises assurent l’assemblage, les tests au sol et les essais en vol. Les 4 premiers appareils ont été livrés en septembre 2018, après avoir été produits à Charleroi, dans l’attente des installations namuroises. "Le carnet de commandes actuel sécurise la production de ces douze prochains mois", précise de son côté Pierre Van Wetter, chief commercial officer de l’entreprise. "L’objectif est de produire 60 unités par an, mais avec une possibilité de monter à 80 appareils si besoin." Sonaca Aircraft compte actuellement 35 personnes employées à Namur, auxquelles il faut ajouter le même nombre en emplois indirects et en sous-traitance. "Soit un total d’une septantaine de personnes travaillant sur le projet", se réjouit Harold van der Straten.

"Nous gardons toujours en back-up le projet d’une motorisation électrique."

Pierre Van Wetter
Chief Commercial Officer de Sonaca Aircraft

L’avion est actuellement proposé en deux versions, l’une de base et l’autre avec une planche de bord plus élaborée, dotée d’un écran tactile. La première revient à 182.500 euros, la seconde à 213.500 euros. Des formules de leasing sont également proposées.

Deux versions en gestation

Sonaca Aircraft ne compte pas s’arrêter là et travaille déjà à la certification d’une version IFR, pour les vols aux instruments, ainsi que d’une version "utilitaire", pour des formations plus poussées qui permettent aux futurs pilotes de ligne de se confronter à des situations rares, comme les vrilles. Cette dernière version autoriserait Sonaca Aircraft à participer éventuellement au remplacement de certains appareils militaires d’entraînement initial, comme les Marchetti de la Défense belge. "La tendance sur les marchés militaires, tant au niveau national qu’international, est en effet à la restriction des budgets et à l’emploi de matériels moins onéreux", souligne Harold van der Straten.

Harold van der Straten, CEO de Sonaca Aircraft.
Harold van der Straten, CEO de Sonaca Aircraft. ©Photo News

"Nous gardons par ailleurs toujours en back-up le projet d’une motorisation électrique", ajoute encore Pierre Van Wetter. "Nous voulons d’abord maîtriser la production d’un appareil à propulsion classique, mais nous surveillons en même temps le marché de l’électrique. L’appareil a de la place pour loger des batteries."

Si l’industrie aéronautique de notre pays est sous-traitante de tous les grands avionneurs mondiaux, cela fait plus d’une soixantaine d’années qu’elle n’avait plus produit d’appareil réellement belge. Pendant plusieurs décennies – notamment durant l’entre deux-Guerres –, la Belgique compta quelques entreprises de renom dans le secteur, dont Stampe & Vertongen, la société Constructions aéronautiques Renard ou encore l’usine fondée à Gosselies par Ernest-Oscar Tips avec le britannique Fairey, ancêtre de la Sonaca. L’un des appareils les plus réputés de cette époque héroïque est le SV4, un biplan conçu pour l’entraînement et utilisé comme appareil de voltige. L’une de ses versions, le SV4bis, a été adoptée après la Seconde Guerre mondiale par l’armée belge comme avion d’écolage et resta en service jusque dans les années septante.

©Sonaca Aircraft

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