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Un feu d'artifice boursier après le second tour est peu probable

Le siège d'Euronext Paris, La Défense. ©AFP

Depuis le premier tour, les taux français baissent, le Cac 40 grimpe, l'euro monte. Mais un feu d'artifice boursier après le second tour est peu probable.

Sur les marchés, les investisseurs ont fait leur choix : Emmanuel Macron, le candidat dont le programme comporte le plus de perspectives favorables pour les sociétés cotées, la dette française et l’euro, est d’ores et déjà considéré comme le gagnant du deuxième tour du scrutin présidentiel français.

Détente des taux français

Les taux d’intérêt des obligations gouvernementales de la France a subi une nette détente ces derniers jours. Le taux des titres français à dix ans est passé de 0,94% avant le premier tour de l’élection présidentielle française à 0,82% ce vendredi.

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Plus important, l’écart entre ce rendement et celui du Bund allemand à dix ans, référence du marché de la dette dans la zone euro, a fondu : ce "spread" est passé de 74 points de base (0,74 point de pourcentage) avant le premier tour à 44 points de base (pb) ce vendredi. Cette baisse de 30 pb montre que la confiance des investisseurs à l’égard de la France augmente : ils jugent qu’avec Macron à la tête du pays, le profil de risque de celui-ci va s’améliorer.

Plus le risque de défaut de remboursement d’un pays diminue, plus les investisseurs sont disposés à lui prêter de l’argent à un faible taux d’intérêt. La défaite de Marine Le Pen qu’anticipent les marchés implique que la France n’abandonnera pas l’euro, ce qui écarte l’hypothèse d’un retour à un franc dévalué qui aurait alourdi le fardeau de la dette publique, ce qui se serait traduit par des taux d’intérêt plus élevés pour l’Etat français.

Marché d’actions soulagé

Le marché des actions respire, lui aussi. Au cours des deux semaines qui ont suivi le premier tour, le Cac 40

 , indice vedette de la Bourse de Paris, a bondi de 6%. Les valeur bancaires se sont particulièrement bien comportées : l’action Crédit Agricole s’est envolée de 15%, le titre Société Générale a grimpé de 11% et BNP Paribas a gagné 7%.

Ces institutions financières détiennent beaucoup de titres de dette de l’Etat français et seraient fortement pénalisées si, à cause d’une victoire de Le Pen, les investisseurs internationaux fuyaient les obligations gouvernementales de la France, faisant baisser leur valorisation dans le bilan des banques. Ces derniers jours, le marché a écarté de plus en plus cette hypothèse en pariant sur le succès de Macron.

Euro renforcé

Sur le marché des changes, l’euro

 a gagné plus de 2%, passant de 1,0730 dollar avant le premier tour à  1,0950 dollar à l’aube du second. Si Le Pen gagnait et enclenchait le processus de sortie de la France de la zone euro, les investisseurs mettraient en cause la pérennité de cette dernière, ce qui pèserait fortement sur le cours de la monnaie unique. Sa hausse récente traduit l’apaisement des craintes à cet égard et la conviction que la candidate FN ne gagnera pas.

Nous nous attendons à une réaction plutôt limitée des marchés.

David Meier
Economiste chez Julius Baer

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Le seul bémol à apporter à cet enthousiasme boursier réside dans l’effet d’anticipation dont les marchés sont coutumiers. Le débat de mercredi soir semble avoir convaincu les derniers investisseurs réticents que Marine Le Pen ne pouvait pas remporter cette élection: le "spread" franco-allemand a encore baissé jeudi, tandis que le Cac 40 a nettement grimpé, tout comme l’euro. Il est donc probable que la victoire d’Emmanuel Macron est désormais presque complètement intégrée dans les cours boursiers.

"Nous nous attendons à une réaction plutôt limitée des marchés, étant donné qu'une bonne partie de la décote due au risque a déjà été réduite après le premier tour", écrit dans une note publiée ce vendredi David Meier, économiste chez Julius Baer. Par contre, avertit-il, "dans le cas d'une victoire inattendue de Le Pen, nous prévoyons que les marchés seront ébranlés et que les actions européennes chuteront jusqu'à 10%, avec un plongeon de l'euro".

En cas de victoire inattendue de Le Pen, nous prévoyons que les actions européennes perdront jusqu'à 10%, avec un plongeon de l'euro.

David Meier
Economiste chez Julius Baer

Mais l'hypothèse qui tient la corde en Bourse reste une victoire de Macron. Sachant que cette dernière est largement anticipée, en cas de confirmation de cette issue du scrutin dimanche, on ne devrait pas s’attendre, lundi matin, au même feu d’artifice boursier que celui qui avait eu lieu après le premier tour.

L’inconnue du scrutin législatif

Il est même possible qu’on observe un mouvement inverse, selon la théorie qui veut que l’investisseur achète en Bourse quand la rumeur se propage puis vend quand l’information confirme celle-ci.

Les élections législatives peuvent encore réserver quelques surprises.

Les analystes d’Indosuez Wealth Management

D’autant plus que le marché a tendance à se projeter encore davantage dans le futur. Or, après le scrutin présidentiel poindront les élections législatives, où le mouvement En Marche n’est pas certain d’obtenir une majorité parlementaire, même si des sondages récents lui permettent de l’espérer. Ces élections "peuvent encore réserver quelques surprises", jugent les analystes d’Indosuez Wealth Management. "Emmanuel Macron nʼa aucun parti derrière lui et son mouvement est toujours en cours de construction. Le plus gros risque pour les marchés serait celui dʼun gouvernement affaibli entraînant une paralysie des réformes structurelles, et par conséquent une croissance du PIB moins forte quʼelle nʼaurait pu lʼêtre."

Philippe Ithurbide, directeur recherche, stratégie et analyse chez Amundi, se montre bien plus optimiste, compte tenu des sondages qui laissent entrevoir la possibilité pour En Marche de constituer une majorité à l'Assemblée nationale: "Une très grande partie de l’incertitude est levée et on peut désormais regarder la France et les marchés français avec une bien plus faible prime de risque, et se concentrer sur les fondamentaux. Or la situation économique est en voie d’amélioration."

Pour lui, les investisseurs peuvent donc encore tabler sur des gains à plus long terme. "Cela redonne des couleurs aux actifs risqués français, mais aussi européens: le risque spécifique sur la France disparaît, ainsi que le risque systémique européen", précise-t-il, en allusion au "Frexit" (sortie de la France de l'euro voir de l'Union européenne). "Nous restons surpondérés en actions européennes et françaises et en obligations d’entreprises européennes", conclut Philippe Ithurbide.

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