Ces mesures populistes qui fragiliseront la Wallonie
Ces derniers temps, il est de bon ton pour certains leaders politiques européens d’accentuer le cap vers une justice redistributive qui se traduiraient par des mesures sur le dos des entreprises et des entrepreneurs, avec aussi des conséquences néfastes pour tous les citoyens.
Par Olivier de Wasseige,
Administrateur délégué | Union wallonne des entreprises (UWE)
Peu importe qu’ils s’appellent "France Insoumise", "Ecosocialisme", "Nouvelles Conquêtes", ces courants d’idées proposent entre autres la réduction collective du temps de travail en adoptant la semaine des quatre jours, la réduction de l’écart salarial au sein d’une même entreprise, le bonus social généralisé, qui sont nuisibles pour les entreprises (grandes, moyennes et petites), et ne peuvent qu’inquiéter le monde patronal.
Chacun a ses idées et positions, et nous respectons ce principe, mais sommes interpellés par le virage pris par Elio Di Rupo dans "Nouvelles Conquêtes", vers une gauche extrême, tendance marxiste-léniniste, tout cela pour récupérer un maximum d’électeurs que le PTB va lui prendre.
Certains ministres socialistes, membres du précédent gouvernement wallon, ont tiré la sonnette d’alarme à propos du risque de l’émergence d’une république communiste wallonne.
La solution ne consiste-t-elle pas plutôt pour tous les partis démocratiques à profiter des deux ans à venir avant l’échéance électorale de 2019 pour convaincre un quart de l’électorat wallon d’abandonner son intention de voter pour un parti communiste aux propositions irréalistes et non finançables, qui n’ont jamais fonctionné nulle part, sauf en appauvrissant tout le monde? Certains ministres socialistes, membres du précédent gouvernement wallon, ont d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme à propos du risque de l’émergence d’une république communiste wallonne.
Bouteille à moitié vide ou à moitié pleine?
Se rend-on compte qu’en proposant autant de mesures défavorables aux entreprises et imbuvables pour les 70.000 entrepreneurs wallons, on menace de mettre à mal tous les efforts entrepris par le corps politique pour accélérer le redressement de la Wallonie?
Le précédent gouvernement wallon a soutenu le développement des entreprises via le Plan Marshall et les Pôles de compétitivité. Certes, tout n’a pas été parfait, mais la dynamique a été lancée. Des indicateurs se sont améliorés (création nette de 9.000 entreprises en 15 ans, et augmentation nette de 136.000 emplois dans ces entreprises sur la même période), mais d’autres ont stagné ou régressé (le PIB wallon par habitant n’a augmenté que de 0,2% en 12 ans, et se situe en 2015 à 80,5% de la moyenne de la zone euro, contre 113,7% pour la Flandre; le taux d’emploi wallon est de 62,6%, contre 69,9% pour la zone euro et 72% pour la Flandre, et surtout le taux de chômage wallon ne s’améliore guère – 10,4% actuellement –, pour 4,7% en Flandre). Le coût énergétique est toujours aussi pénalisant en Wallonie (le kwh environ 15% plus cher qu’en Flandre, en raison notamment de la bulle des certificats verts, des redevances voiries, et des obligations de service public). Bouteille à moitié vide ou à moitié pleine?
On peut considérer que sans ces efforts, les résultats auraient tout simplement été pires! Mais il y a urgence, et il faut accélérer! Il appartiendra au gouvernement actuel, et aux suivants – quelles que soient les alliances –, d’accentuer les efforts pour rendre les entreprises plus compétitives, pour créer plus d’activité et plus d’emplois, pour réussir l’indispensable transformation numérique, pour augmenter le nombre et la taille des PME, pour réindustrialiser notre tissu économique.
Avec les conséquences positives que cela doit engendrer pour les citoyens: moins de chômage, plus de sécurité sociale, plus de pouvoir d’achat, plus de bien-être.
La réduction du temps de travail ne résoudra rien
Le tax shift permet de casser la spirale négative "coûts salariaux trop élevés, d’où manque de compétitivité, d’où manque d’activité, d’où taux de chômage élevé". Les bénéfices obtenus par les entreprises seraient hélas largement effacés par le coût supérieur engendré par une réduction du temps de travail sans perte de salaire, avec des conséquences néfastes pour les citoyens: chômage, inégalités, drames sociaux, pauvreté.
Les éventuelles compensations pour les entreprises seraient impayables, même au moyen de recettes générées par des mesures suggérées par les courants d’idées cités, telles la globalisation des revenus (du travail et du capital) dans la déclaration fiscale afin de les soumettre sans distinction au même régime de progressivité, ou encore l’impôt sur les grandes fortunes.
Et que dire si l’on envisage cette mesure avec perte de salaire? Nous sommes convaincus que cette proposition populiste et désastreuse ne ferait que diminuer le pouvoir d’achat, les dépenses privées de consommation ou d’investissement, avec à nouveau un impact négatif sur l’activité économique.
L’UWE et ses membres continueront à s’opposer fermement à l’irréalisme des mesures proposées, qui fragiliserait la santé de la Wallonie, laquelle dépend fondamentalement de celle de ses entreprises, et donc de celle des hommes et des femmes qui les créent et les dirigent, et des collaborateurs qui contribuent à leur création de valeur ajoutée. Pour y arriver, tous ont besoin de vitamines, et non de pilules hallucinogènes!
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