Dans son premier rapport de durabilité, le fournisseur de fruits et légumes Greenyard démontre que tout le monde sort gagnant d’une stratégie d’innovation durable: les clients, l’entreprise, les collaborateurs et la société dans son ensemble. “Nous nous appuyons sur cinq piliers: People, Planet, Prosperity, Peace et Partnership.”
Cela fait 30 ans que Greenyard a démarré ses activités avec une champignonnière dans le Pays de Waes. La société est désormais cotée en Bourse et compte parmi les plus grands distributeurs de fruits et légumes au monde. Dans ses trois divisions – Fresh, Frozen et Prepared – elle applique systématiquement des principes de durabilité et ce, via des innovations technologiques, opérationnelles et appliquées aux produits. Car seule une entreprise qui développe des solutions intelligentes sera prête pour le futur.
Comment Greenyard combine-t-elle durabilité et santé?
Frédéric Rosseneu (Business Development Manager): “Nous souhaitons que les consommateurs se nourrissent aussi sainement que possible. Ils ne mangent en moyenne que 60% des quantités de fruits et légumes recommandées par les organisations de la santé. En leur faisant consommer davantage de fruits et de légumes, nous encourageons des habitudes alimentaires saines et durables.”
Vos plats préparés répondent-ils à ces mêmes critères de santé?
Frédéric Rosseneu: “Absolument. Nous limitons l’ajout de sel, de sucre et d’additifs dans nos soupes, sauces et plats préparés. Et nous remplaçons par exemple le sel par du liquide de cuisson concentré de champignons blanchis. Il s’agit d’un produit résiduel que nous employons comme exhausteur de goût naturel. Les champignons offrent aussi des possibilités en tant que produits de substitution, entre autres dans des applications hybrides où ils remplacent une partie de la viande, dans les hamburgers notamment.”
En quoi votre modèle d’exploitation est-il durable?
Ingeborg Kleijer (Group Category Marketing Director): “Nos produits sont traités dans le plus grand respect de la nature tout au long de la chaîne d’approvisionnement, du champ à l'assiette. Nous avons en effet inversé la chaîne: chez nous, ce ne sont pas les agriculteurs qui cherchent des consommateurs pour leurs produits, c’est nous qui plaçons des commandes chez des agriculteurs pour des produits répondant aux besoins et aux souhaits des consommateurs. C’est une différence fondamentale par rapport aux autres entreprises de fruits et légumes.”
Est-il vrai que de nombreux cultivateurs se situent dans un rayon de 100 à 200 km de vos usines de traitement?
Frédéric Rosseneu: “En effet. Cela permet de raccourcir le délai de livraison. Résultat: les produits sont plus frais. En même temps, la distance de transport entre le champ et l’usine est réduite au minimum. C’est aussi le but que nous poursuivons pour nos produits frais: diminuer autant que possible la distance par rapport à nos installations, qu’il s’agisse de produits locaux ou originaires d’une autre partie du monde.”
Quelle est votre position en matière d’énergie durable?
Frédéric Rosseneu: “Une partie de notre consommation en électricité est fournie par des panneaux solaires et des centrales de cogénération, mais nous optons également pour des technologies peu gourmandes en énergie. L’an dernier, nous avons installé à Westrozebeke un tunnel de congélation moderne, qui traite la même quantité de légumes que l’ancienne installation, tout en consommant 10% d’énergie en moins. Sa capacité annuelle se monte à 45.000 tonnes de légumes. Nous examinons également en permanence les possibilités d’optimiser la consommation d’énergie dans nos usines. En améliorant le réglage de nos éplucheurs à vapeur à Bree, nous avons sensiblement réduit notre consommation énergétique, ce qui nous a permis de réduire nos émissions de CO2 de 700 tonnes par an.”
Quelle est votre définition du commerce équitable avec les cultivateurs?
Frédéric Rosseneu: “Pour Greenyard, il est essentiel d’entretenir des relations durables avec ses producteurs. Cette durabilité se retrouve sous diverses formes. Nous soutenons par exemple le développement de cultures locales; nous avons même récemment investi au côté d’un agriculteur dans une nouvelle infrastructure de tri et d’emballage. À l’étranger, nous aidons les petits producteurs à améliorer leurs techniques de culture et la qualité de leurs productions. Dans certaines régions, nous contrôlons les conditions de travail… En Europe, c’est rarement un problème, mais pour des producteurs lointains, nous restons vigilants. Nous nous rendons sur place afin de visiter leurs installations et dans certain régions nous investissons dans la communauté locale via des partenariats. Nous venons ainsi d’acheter une ambulance pour un village de planteurs de bananes en Équateur.”
Pouvez-vous nous en dire davantage sur ces partenariats?
Frédéric Rosseneu: “Ils constituent l’essence même de notre modèle d’exploitation. L’ensemble de notre chaîne d’approvisionnement est construite sur des collaborations avec les agriculteurs, les transporteurs, les magasins et les consommateurs. C’est la seule façon de répondre aux nouveaux défis. Un exemple? La soupe de tomates que nous distribuons via une chaîne de magasins néerlandaise est fabriquée à partir de tomates qui ne peuvent être commercialisées dans le réseau du frais. Auparavant, elles étaient compostées ou employées comme aliment pour le bétail. Aujourd’hui, elles forment la base d’une soupe. Nous y sommes parvenus en collaborant avec l’ensemble de la chaîne, de l’agriculteur au distributeur.”
“Dans la chaîne d’approvisionnement – du champ à l'assiette – nos produits sont traités dans le respect de la nature.”
La durabilité se retrouve-t-elle au niveau de votre technologie opérationnelle?
Marc Vreys (ICT Director Fresh Division): “Certainement. Pour l’instant, nous remplaçons notamment des milliers de scanners manuels dans notre processus de stockage et de production par des smartphones équipés d’une app spécifique. Cette solution ne coûte que 10% du prix et s’avère plus conviviale. Pour l’interface utilisateur, nous adoptons des techniques de ‘gamification’ via des icônes aisément reconnaissables. Ainsi, notre personnel est capable de manipuler l’appareil avec un minimum de formation.”
Y a-t-il d’autres exemples?
Marc Vreys: “Pour le suivi du transport, nous combinons des smartphones à des capteurs IOT (Internet of Things, NDLR), afin de localiser en permanence les camions et de contrôler la température. Grâce à la géolocalisation, le système se connecte automatiquement à celui du client à l’arrivée des produits, ce qui permet d’enregistrer correctement l’ensemble des activités. Par l’intermédiaire des smartphones, il est aussi possible d’allumer et d’éteindre le système de refroidissement des camions. Résultat: nous limitons les nuisances sonores la nuit dans les villes. Nous essayons d’exploiter au maximum les possibilités des nouvelles technologies et suivons de près l’évolution de techniques comme la blockchain, la réalité augmentée et l’agriculture par satellite. L’une de nos exigences dans l’application de ces technologies est que le résultat final doit être accessible, modulable et bon marché.”
Que faites-vous pour connaître les souhaits des consommateurs?
Ingeborg Kleijer: “Nous avons récemment répertorié les dernières tendances en matière de consommation. Sur le plan alimentaire, nous les avons traduites en 15 nouvelles ‘foodwaves’. Six d’entre elles sont très proches de notre vision et de notre mission. Elles constituent la base de notre stratégie d’innovation pour les années à venir.
Nous avons identifié les domaines d’innovation, dont les plus importants sont: ‘Qu’est-ce qu’on mange ce soir?’, le ‘snacking’, les substituts de viande et de poisson, les plats au four et les boissons. Des exemples que l’on trouve déjà dans les magasins sont les ’paniers repas’, qui contiennent tous les ingrédients pour préparer un repas sain ou un potage, et un assortiment de légumineuses pour remplacer la viande. Mais aussi du riz de chou-fleur, des gratins de légumes, des collations de légumes sains, etc.”
Pouvons-nous attendre de nouvelles initiatives durables chez Greenyard dans les années à venir?
Frédéric Rosseneu: “Dans un futur proche, nous souhaitons miser d’avantage sur la réduction des emballages, en utilisant des films plus fins et des matériaux plus facilement recyclables. Au dela, nous expérimentons au Surinam avec d’autres variétés de bananes pour compléter la Cavendish que nous commercialisons actuellement. La banane est le fruit le plus consommé en Europe. La plupart sont de cette variété et ne sont cultivées que dans de rares pays. L’émergence de l’infection fongique TR4, pour laquelle il n’existe aucune solution, requiert une approche proactive. Face à ce type de défi, les collaborations et les partenariats jouent un rôle-clé.”
La durabilité et le respect de
la nature sont inscrits dans l’ADN de la société cotée Greenyard, spécialisée
en fruits et légumes. “La priorité de notre entreprise est de veiller sur la
santé de notre planète et de ses habitants.”
Quelle est la philosophie de Greenyard? Améliorer la santé de la population en proposant des fruits et légumes faciles à consommer, et ce, via des méthodes de culture durables. “Avec notre présence dans 25 pays et notre chiffre d’affaires de 4 milliards d’euros, nous avons un impact important sur le marché, ce qui nous confère un statut de ‘role model’”, indique Carl Peeters, Chief Operating Officer chez Greenyard. “Notre chaîne de production et de distribution a également tout intérêt, y compris au plan économique, à agir dans le respect de la nature. C’est la seule façon d’être en mesure de proposer des produits de grande qualité en quantité suffisante.”
Philosophie durable
Greenyard investit énormément pour
rendre ses activités aussi durables que possible. Un tunnel de congélation économe
en énergie (d’une valeur de 3 millions d’euros), des installations d’épuration
de l’eau produisant du biogaz, des centrales de cogénération: ce ne sont que
quelques exemples parmi les nombreuses initiatives structurelles prises par le
groupe. Ceci dit, la durabilité est aussi une philosophie. “Nous tentons de
développer des relations aussi solides que possible avec les agriculteurs”,
illustre Carl Peeters. “Les défis locaux, environnementaux et sociaux sont
légion. C’est pourquoi nous aidons les agriculteurs à placer systématiquement
la barre un peu plus haut.”
Les consommateurs peuvent contribuer à cette durabilité. L’Organisation mondiale de la santé est formelle: nous mangeons trop peu de fruits et de légumes, et trop de viande. En outre, l’élevage nuit davantage à l’environnement que l’agriculture. “Si nous réduisons notre consommation de viande et mangeons davantage de fruits et de légumes, ce sera tout bénéfice pour notre santé et pour la planète”, conclut Carl Peeters. “Nous encourageons les consommateurs à adopter le sens des responsabilités.”