Les femmes ont 27% de chances en moins que les hommes de survivre à un arrêt cardiaque. Pourquoi? Parce que les témoins de la scène hésitent à toucher la poitrine de la victime lors d’un massage cardiaque.
La “pudeur thoracique” est un phénomène récemment mis en lumière mais dont l’impact est considérable. Il s’agit de l’hésitation ou de la gêne ressentie par certaines personnes à intervenir lorsqu’une femme subit un arrêt cardiaque. Pourtant, chaque seconde compte, et cette retenue peut se révéler fatale.
“Les gens ont fréquemment peur de mal faire ou de toucher la personne de manière inappropriée”, observe Rik Vanhoof, directeur général de la Ligue cardiologique belge. “Pourtant, la réanimation nécessite une action immédiate, sans hésitation. Chez une femme, les mains doivent être placées entre les seins.”
Peur de mal faire? Voici ce qu’il faut savoir
Les secouristes professionnels sont habitués à retirer ou découper les vêtements et le soutien-gorge, mais les témoins hésitent souvent à le faire. “Cela les empêche de commencer ou les fait agir trop tard”, reprend Rik Vanhoof.
“Ils se demandent: que pensera de moi cette femme si elle se réveille? C’est une question qui traverse l’esprit des hommes comme des femmes, d’ailleurs. Je peux rassurer tout le monde: elle ne vous jugera pas. Au contraire, elle vous sera éternellement reconnaissante de lui avoir sauvé la vie.”
Les gens ont fréquemment peur de mal faire ou de toucher la personne de manière inappropriée. Pourtant, la réanimation nécessite une action immédiate, sans hésitation.
Une autre source d’hésitation est la peur de causer des blessures, comme une côte cassée. “Cette peur est compréhensible mais injustifiée. Une côte cassée est un moindre mal comparé à la perte d’une vie. Le pire que vous puissiez faire, c’est de ne rien faire.”
Un appareil qui sauve des vies: le défibrillateur
Des études montrent que les femmes ont 27% de chances en moins que les hommes de recevoir un massage cardiaque, en partie à cause de cette peur de toucher la poitrine. Mais cette hésitation ne se limite pas au massage cardiaque: elle concerne aussi le bouche-à-bouche. La pandémie de Covid-19 a encore renforcé cette réticence, bien que la ventilation demeure une étape essentielle de la réanimation.
“On observe une peur similaire lorsqu’il s’agit d’utiliser un défibrillateur automatisé externe, ou DAE”, confie Rik Vanhoof. “Pourtant, il n’y a absolument aucun risque de mal l’utiliser ou de s’électrocuter soi-même. Un DAE vous guide étape par étape et augmente les chances de survie de 75% s’il est utilisé dans les trois minutes suivant l’arrêt cardiaque.”
Arrêt cardiaque chez les femmes: un risque sous-estimé
Chaque jour, 30 Belges sont victimes d’un arrêt cardiaque soudain. Bien que les maladies cardiovasculaires soient généralement perçues comme touchant principalement les hommes, elles représentent en réalité la première cause de mortalité chez les femmes en Belgique.
“Les femmes présentent des facteurs de risque spécifiques”, explique Rik Vanhoof. “Leur cœur étant plus petit et leurs artères légèrement plus fines, elles sont sujettes à une calcification plus rapide. Des facteurs tels qu’un mode de vie malsain, le diabète gestationnel et l’hypertension accroissent également le risque.”
Les maladies cardiovasculaires sont malheureusement la première cause de mortalité, et l’hésitation à intervenir peut être fatale à une femme. Si nous pouvons sauver ne serait-ce qu’une vie grâce à cette sensibilisation, j’en serai très satisfait.
“En outre, les symptômes d’une crise cardiaque diffèrent souvent entre les hommes et les femmes. Alors que les hommes ressentent en général une pression thoracique, les femmes signalent plus fréquemment un essoufflement, une fatigue extrême ou des troubles digestifs.”
Une formation obligatoire en réanimation?
En Belgique, seulement 15% de la population sait pratiquer une réanimation. “C’est pourquoi nous plaidons depuis des années pour rendre obligatoire l’apprentissage des techniques de réanimation à l’école, lors de l’obtention du permis de conduire et au sein des entreprises”, souligne Rik Vanhoof.
Pour lutter contre la pudeur thoracique, des mannequins d’entraînement plus réalistes, reproduisant fidèlement l’anatomie féminine, sont désormais utilisés. “Ces outils permettent de se familiariser avec la réanimation et de surmonter cette gêne. La réanimation est facile à apprendre. Tout le monde peut être confronté à un arrêt cardiaque, et tout le monde peut sauver une vie.”
L’été dernier, l’assureur AXA a organisé une campagne de sensibilisation à la pudeur thoracique. “En tant qu’assureur, nous voulons protéger les gens contre les risques”, indique Dina Iosifidis, Sustainability Manager chez AXA Assurances.
“Les maladies cardiovasculaires sont malheureusement la première cause de mortalité, et l’hésitation à intervenir peut être fatale à une femme. Si nous pouvons sauver ne serait-ce qu’une vie grâce à cette sensibilisation, j’en serai très satisfait.”
Réanimation: comment procéder?
- Assurez-vous que l’endroit est sûr pour vous et la victime.
- Vérifiez si la victime respire encore: écoutez, regardez et sentez en plaçant votre oreille près de sa bouche et en observant sa cage thoracique.
- Appelez le 112 ou demandez à quelqu’un de le faire.
- Entrelacez vos mains et effectuez 30 compressions thoraciques fermes (5 à 6 cm de profondeur) sur le sternum, au rythme de la chanson Stayin’ Alive.
- Si nécessaire, effectuez deux insufflations en pinçant la partie molle du nez et en pratiquant le bouche-à-bouche.
- Répétez ces étapes jusqu’à l’arrivée des secours. Utilisez un DAE si un appareil est disponible.
- Vous souhaitez apprendre à réanimer? Rendez-vous sur www.sauveurducoeur.be et contribuez à sauver des vies!