Investir à l’aide d’algorithmes et de processus automatiques est au cœur de la robotisation, un segment en forte croissance dans la gestion de portefeuille. Mais que trouve-t-on exactement sous le capot? Et quels avantages offre-t-elle au client?
La robotisation est une forme de gestion de portefeuille dans laquelle l’interaction humaine est faible voire nulle. Des algorithmes et des superordinateurs se substituent aux experts en investissement en chair et en os pour prendre en charge la gestion d’un portefeuille. Geert Bekaert, professeur à la Columbia Business School (New York), suit de près les évolutions technologiques. Depuis 1997, l’économiste et spécialiste de la fintech a mis au point des modèles de conseils robotisés pour plusieurs acteurs du secteur financier américain.
“Pour les investissements, le fonctionnement est le suivant: le client remplit un questionnaire en ligne sur ses objectifs financiers, ses motivations, sa tolérance au risque, son âge, etc.”, résume Geert Bekaert. “Un algorithme génère un profil d’investisseur et suggère un portefeuille modèle adapté. Le client y souscrit et l’algorithme fait le reste. Les algorithmes proprement dits fonctionnent selon les principes de base de la gestion de portefeuille. Ils reposent presque tous sur la théorie moderne du portefeuille de Harry Markowitz et les théories de Bill Sharpe. Opérer des arbitrages entre risque et rendement, diversifier… Tous les mécanismes destinés à créer un portefeuille efficace se trouvent de série sous le capot. Selon le conseiller, il est bien entendu possible d’ajouter des modèles complémentaires.”
Pour chaque patrimoine
Le conseil robotisé contribue à soutenir plus efficacement les investisseurs dans la prise de (bonnes) décisions pour atteindre leurs objectifs financiers. Une technologie intelligente rend cela possible de manière démocratique et accessible à chaque patrimoine, vu les seuils d’accès réduits. Afin d’atteindre la plus grande efficacité et les coûts les plus faibles, les algorithmes travaillent avec des trackers (également appelés fonds indiciels ou ETF). “Le tracker vous permet d’investir en une fois dans tous les composants d’indices comme le S&P 500 et le STOXX Europe 600”, illustre Geert Bekaert. “Et ce, moyennant des frais nettement inférieurs à ceux facturés par les fonds à gestion ‘active’. En fonction du portefeuille modèle qui correspond à votre profil, vous investirez dans certains trackers sur actions et/ou obligations. Les trackers choisis offrent généralement une diversification géographique. Parfois, on y ajoute une couche de diversification avec par exemple un tracker sur matières premières.”
Nous voulons tous investir de manière rationnelle et diversifiée. Dans la pratique, cependant, nous nous laissons distraire par nos émotions et le comportement des autres investisseurs. Ce n’est pas sans raison que l’on évoque souvent le “sentiment boursier”. En matière d’investissement, la tranquillité d’esprit est au moins aussi importante que le rendement. “C’est pourquoi nous franchissons une étape supplémentaire en faisant également appel à des algorithmes pour surveiller les risques des portefeuilles de nos clients”, indique Dieter Haerens (BinckBank). “Grâce à cette surveillance du capital, nous espérons avant tout contribuer à la sérénité de nos investisseurs. De nombreux investisseurs présentent en effet un profil asymétrique. Une perte de 10% leur procure davantage de déception qu’un gain de 10% ne leur apporte de satisfaction. L’automatisation nous permet en outre de démocratiser ces services. Auparavant, la rigidité des processus manuels avait pour conséquence de les voir réservés à une caste de privilégiés.”
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Potentiel
La gestion de portefeuille numérique représente encore un segment réduit – mais en forte croissance – de la gestion de portefeuille. Avec environ 500 milliards d’euros, elle s’adjuge moins de 1% de la gestion de portefeuille dans le monde. Même s’il ne s’agit (pour le moment) que d’une niche, le Pr Bekaert est totalement convaincu de son potentiel. “Grâce à son efficacité, à ses frais réduits et à sa facilité d’utilisation, la robotisation deviendra tôt ou tard la norme tant pour les petits que pour les grands investisseurs. La gestion de portefeuille et le conseil d’investissement tels qu’ils sont aujourd’hui pratiqués par de nombreuses banques européennes sont tout simplement navrants. Les banques mettent souvent des fonds en avant, mais rares sont ceux qui battent les indices sur la durée. Surtout si l’on tient compte de l’ensemble des frais. Pourquoi payer des rémunérations aussi élevées s’il est possible de suivre le marché à bien meilleur compte à l’aide de trackers? Et le tout sans devoir investir de temps ou d’énergie dans vos investissements?”
Aux États-Unis – le berceau de l’automatisation – 1 à 2% des portefeuilles gérés sont investis de cette manière. “Ce sont surtout les jeunes qui optent pour cette solution”, souligne Geert Bekaert. “Et ce, presque exclusivement pour des patrimoines relativement modestes. Le contact humain s’avère toujours essentiel pour convaincre les plus grands patrimoines. C’est pourquoi plusieurs prestataires de services financiers américains proposent déjà du conseil robotisé assorti d’un conseiller personnel en chair et en os. Une évolution qui finira bien par traverser l’Atlantique.”
Rééquilibrage automatique
Dans le cadre d’investissements robotisés, les algorithmes sont constamment alimentés en données afin de surveiller les risques des portefeuilles et de les adapter si nécessaire. “Les performances des trackers en portefeuille peuvent varier”, prévient Geert Bekaert. “Certains feront mieux que la moyenne, d’autres moins bien. Sous l’effet des évolutions du marché, un portefeuille supposé se composer de 40% d’actions et de 60% d’obligations peut se retrouver avec un rapport 50/50. Des algorithmes l’en empêchent en rééquilibrant automatiquement le portefeuille.”