Sortir du modèle d’agriculture conventionnelle, qui épuise les sols, est indispensable pour la santé de tous, l’environnement et la biodiversité. L’ASBL Farming For Climate soutient et accompagne la transition des fermes, en impliquant agriculteurs et particuliers, relate Christophe Adant, l’un de ses bénévoles.
- ASBL de dix bénévoles, bientôt trois salariés
- 300 euros/hectare/an: montant de la subvention accordée par l’ASBL
- 3 tonnes d’équivalent carbone par hectare et par an: bénéfice d’un sol dont on maintient le couvert végétal
- Moins de 200 kg/hectare: quantité de vers de terre en agriculture conventionnelle, versus une à deux tonnes en agroécologie
- 1 % des terres belges cultivées en agroécologie. Objectif (Green Deal UE): 30 % en 2030
"En 2018, nous étions un groupe de parents d’ados participant aux Marches pour le climat", se remémore Christophe Adant, informaticien du secteur financier et membre de l’ASBL Farming For Climate. "Nous nous sommes demandé comment on pourrait agir concrètement. Les entreprises où nous travaillions voulaient s’investir dans une vraie politique de responsabilité sociale et environnementale (RSE). Faute de solutions locales, elles se tournaient souvent vers des initiatives de plantations d’arbres à l’autre bout du monde. Ce qui est très bien aussi! Mais nous voulions agir à notre échelle, sur notre territoire."
Le groupe mène des recherches et opte pour l’aide à la transition des fermes vers l’agroécologie, un ensemble de techniques permettant, en recréant un sol vivant, de séquestrer du carbone, de renforcer la biodiversité, d’améliorer la qualité nutritive des récoltes et de préserver la qualité de l’eau.
Travailler avec la nature, pas contre elle
"Il s’agit de travailler avec la nature et le vivant au lieu de lutter contre eux par la chimie et la mécanisation", résume Christophe Adant. "La terre redevient ainsi fertile." L’obstacle, c’est la perte de rendement temporaire pendant la transition, qui peut durer de trois à cinq ans. L’ASBL et ses partenaires compensent cette perte de revenu. Les agriculteurs sont soutenus au fil du processus, "car passer d’une logique où l’on applique un mode d’emploi standardisé à une agriculture intelligente, avec rotation des cultures et choix pointu des semences, cela ne s’improvise pas!", s’exclame l’ingénieur.
Accélérer la transition des fermes belges vers l’agroécologie, tout en permettant aux entreprises d’investir dans un projet local d’amélioration de l’environnement, c’est le défi que relève l’ASBL Farming for Climate.
"Il faut un accompagnement. À l’issue de la transition, les rendements sont égaux voire supérieurs, on n’utilise plus d’intrants chimiques coûteux, plus de gros tracteurs mais des machines légères qui ‘grattent’ à peine le sol et y plantent directement les semences. Quant à nos entreprises partenaires, elles savent que plus aucun jeune n’entre dans une société qui ne s’engage pas pour la transition écologique. Et que ces démarches RSE fidélisent leurs collaborateurs. Tout le monde y gagne!"
En finançant déjà la transition de 13 fermes belges, soit 422 hectares, BNP Paribas Fortis créé des liens et des synergies entre agriculteurs et entreprises. Le mécanisme de financement, ingénieux, repose sur un produit financier durable, dont la banque rétrocède une partie du bénéfice. "Cela suscite des initiatives grâce auxquelles tout le monde gagne", s’enthousiasme Christophe Adant. "Par exemple, un brasseur wallon a intégré la production agricole de la ferme dans sa chaîne de valeur, afin de produire une bière locale. Quant aux clients de BNP Paribas Fortis, ils savent qu’en choisissant ce produit, ils contribuent localement au changement vertueux; cela compte énormément à leurs yeux." Farming for Climate, engagée dans les "plans verts" régionaux et européens, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. "D’ici 2030, nous voulons aider 1.000 fermes en transition, c’est-à-dire éviter l’émission de 300.000 tonnes de CO2 !"