Le biogaz, issu de la fermentation de la biomasse, notamment les déchets agricoles, présente de nombreux avantages, dont la polyvalence de ses utilisations. L’unité de production la plus importante de notre pays, Biométhane du Bois d’Arnelle, se situe dans le Hainaut. Son administrateur délégué, Jérôme Breton, s’est battu pour qu’elle voie le jour.
- 55.000 tonnes/an de matières transformées, 2/3 de déchets, 1/3 de cultures énergétiques
- 70.000 MWh d’énergie produite, et 45.000 tonnes de digestat (engrais), qui fertilisent près de 4.000 hectares
- 10 personnes employées sur le site
Trois vastes dômes gris et un toit conique s’élèvent désormais dans la campagne hennuyère, à Frasnes-lez-Gosselies. Il s’agit d’une unité de production de biogaz. Son créateur et patron, Jérôme Breton, a mis 12 ans à faire aboutir ce projet, faute de cadre légal et administratif. Mais aujourd’hui, l’unité tourne et produit 70.000 MWh d’énergie.
"Nous recyclons des déchets agroalimentaires et des matières agricoles, effluents d’élevage, pailles, feuilles de betterave, épluchures, etc., provenant d’un rayon de 15 km autour du site ", lance Jérôme Breton. "Nous travaillons avec une centaine d’agriculteurs pour qui cela représente un revenu complémentaire. Dans les digesteurs, des cuves en béton chauffées à 40°C, les bactéries digèrent la matière et produisent du biogaz, constitué à 45 % de CO2 et à 55 % de CH4 méthane. C’est ce ‘biométhane’ que nous récupérons par filtration, avant de l’injecter dans le réseau de distribution de gaz naturel. La matière fermentée ‘digestat’, un liquide noir riche en matière organique, très nutritif pour les cultures, est épandu comme engrais dans les environs, où il permet de stocker durablement du CO2 dans les sols et remplace complètement les engrais chimiques."
Un rendement imbattable
Environ 15 % du biogaz est transformé en électricité et en chaleur dont la moitié servent aux besoins propres de l’unité. Les 85 % restant sont épurés pour former le biométhane qui une fois injecté dans le réseau peut être utilisé comme carburant, comme combustible, comme matière première pour la pétrochimie, il peut faire tourner des turbines et la chaleur générée peut être récupérée, comme sur le moteur d’une voiture. "Alors qu’un moteur de cogénération, qui produit simultanément électricité et chaleur, a un rendement total de 80 % lorsqu’on valorise toute la chaleur et seulement 40 % lorsque la chaleur n’est pas valorisable, notre système permet d’injecter dans le réseau 99,5 % du biogaz produit", calcule le jeune exploitant. "Dans un réseau de distribution, la pression varie, l’infrastructure peut ainsi absorber des injections sans aucun besoin d’investissements supplémentaires pour les stocker."
L’entreprise cultive également maïs, betteraves et céréales pour les valoriser en biogaz: "Nous avons fait le choix délibéré de cultiver 600 hectares de cultures énergétiques pour apporter une voie de diversification complémentaire aux agriculteurs, qui représente 30 % de notre matière première, dont la récolte est stockée pour nous permettre de ‘lisser’ les apports dans nos digesteurs, qui dépendent de l’activité agricole et agroalimentaire, par nature saisonnière. De la manière dont nous le faisons, cela n’affame personne, ni même les bêtes, d’autant que la région comporte peu d’élevage."
Jérôme Breton estime que le projet n’aurait pu voir le jour sans le soutien de BNP Paribas Fortis: "Nous n’aurions pas obtenu les financements sans le travail fourni par leur expert. C’est la seule banque qui dispose, en interne, de compétences aussi pointues. D’ailleurs, les analyses et éléments qu’il nous a fournis ont servi à tous les autres partenaires! Une relation de confiance forte s’est tissée, et perdure aujourd’hui. Dans mon modèle, je ne voulais pas travailler et vivre sous perfusion d’argent public, tout en produisant à prix corrects. Nous produisons et vendons notre biométhane à 100 euros le mégawatt/h, alors que les prix sur le marché ont frôlé 350 euros en août dernier."