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"Les pays émergents ne sont pas moins sûrs que les pays développés"

©Ã‚© Gregg Newton/Gregg Newton/Corbis

L’image de "foyers de contamination" qui colle à la peau des marchés émergents est injustifiée. Même si la diversification s'avère tout aussi essentielle dans ce groupe de pays.

Depuis les années 90, on reproche aux marchés émergents de cheminer de crise en crise, remarquent Elroy Dimson, Paul Marsh et Mike Staunton. "Pourtant, les crises ne sont certainement pas l’apanage des pays émergents", jurent les professeurs d’économie liés à la London Business School. "Les deux grandes crises traversées depuis 2000 – la crise financière et celle de la zone euro – se sont déclarées au sein des marchés développés."

Carmen Reinhart, économiste à Harvard et une sommité pour ce qui touche à l'histoire des crises financières, a exploité une mine de données sur les crises les plus diverses qui se sont déclenchées entre 1800 et 2010 – bancaires, monétaires, boursières, etc. Il en ressort qu’au fil des décennies, les économies développées ont été les plus sensibles aux crises. Les marchés émergents ne doivent leur mauvaise réputation qu’à deux décennies, à savoir les années 80 et 90, lorsqu'ils traversèrent une période particulièrement maudite avec en moyenne quinze crises par décennie et par pays.

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Dominos

Les pays émergents ont également la réputation de s’apparenter à des dominos qui risquent de chuter ensemble dès que l’un d’entre eux commence à vaciller. L’exemple typique est la crise asiatique de 1995, lorsque la Corée du Sud, Hong Kong, Singapour et la province chinoise indépendante de Taïwan se sont effondrés les uns après les autres.

Dimson, Marsh et Staunton réfutent catégoriquement ce risque exceptionnellement élevé de contagion. Leurs recherches révèlent certes une volatilité supérieure à la normale dans de telles périodes, mais c’est également le cas pour les marchés occidentaux qui traversent une crise. En outre, la volatilité augmente aussi dans les pays émergents dans le dernier cas, alors que l’inverse n’est pas vrai.

Leur conclusion la plus étonnante? Le lien statistique entre les crises dans les économies émergentes et développées indique que le risque de contagion est beaucoup plus élevé dans ce dernier groupe. "Il semble que les crises se heurtent à des coupe-feu plus robustes sur les marchés émergents", concluent les chercheurs.

Marge considérable

En 30 ans, la part des marchés émergents dans l'économie mondiale est passée de 1 à 33%. Comme ils ne prennent à leur compte "que" 18% des actifs investissables dans le monde, leur marge de croissance reste considérable.

Paul Marsh n’est pas favorable au "country-picking". "Nous pensons tous être bien informés de ce qui se passe dans le monde et avoir dès lors une bonne raison de prendre une exposition à un pays donné, mais c’est en grande partie une illusion. En effet, soit les bonnes performances de l’économie en question se reflètent déjà dans les cours, soit ce pays connaîtra une évolution contraire à ce que prévoit la logique. Ainsi de nombreux investisseurs veulent-ils acheter des actions là où ils observent une forte croissance économique. Il n’y a toutefois aucune preuve de corrélation positive entre la croissance économique et les futurs rendements boursiers."

"Ne pensez donc pas qu’il faille à tout prix sortir de la Russie ou que c’est le moment idéal pour investir en Chine", poursuit-il. "Investissez plutôt dans le groupe de marchés émergents ou, plus largement, dans la Bourse mondiale. L’argument le plus solide en faveur de ces marchés émergents est d’ailleurs la diversification qu’engendrent ces investissements. Ils diffèrent non seulement des pays développés, mais aussi les uns des autres."

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Turbulences et troubles

Les investisseurs ont souvent tendance à tourner le dos aux pays émergents lorsqu’ils y constatent des problèmes. "Cela aussi leur fait courir un risque, cependant: on évite des marchés parce qu’ils souffrent de tensions, alors que ce sont précisément ces marchés qui recèlent les rendements les plus élevés!", remarque Paul Marsh. Il donne l’exemple des BRICS. "Vous trouverez très facilement des raisons de ne pas investir au Brésil, en Russie, en Inde, en Chine ou en Afrique du Sud. Ou au Mexique, en Turquie… D’un point de vue historique, néanmoins, c’est après des périodes de troubles et de turbulences que les rendements sont les plus élevés. Lorsque la situation se détériore, les cours des actions baissent et la prime de risque augmente. En moyenne, vous obtenez alors une rémunération plus élevée pour un risque à l’avenant. La Bourse brésilienne s’est d’ailleurs montrée performante cette année, tout comme le rouble russe. Mais la situation s’améliore également en Chine."

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