Le schéma illustre les risques que prennent les organismes financiers et leur impact sur le coût des produits bancaires. L’exemple se situe au coeur du métier de banquier : l’utilisation de l’épargne des particuliers pour fournir des crédits aux PME. Ce processus peut être scindé en quatre étapes: 1. L’épargnant confie ses économies à la banque sous la forme d’un dépôt. 2. La banque utilise ces fonds pour accorder un crédit à une PME. 3. La PME rémunère la banque sous la forme d’un intérêt. 4. Enfin, la banque verse elle-même un intérêt (différent) au titulaire du dépôt. La banque court un risque à chacune de ces étapes. Elle en tient compte lorsqu’elle fixe le taux qu’elle va facturer à la PME pour le crédit qu’elle lui accorde, mais aussi lorsqu’elle fixe le taux qui sera versé au titulaire de dépôt.
RISQUE DE TAUX
Les banques peuvent adapter immédiatement les taux proposés sur les comptes à vue et les comptes d’épargne en fonction des taux à court terme fixés par la Banque Centrale Européenne ou de sa position concurrentielle sur le marché. De son côté, la PME peut choisir de payer le même taux d’intérêt fixe jusqu’à l’échéance du crédit. La différence entre les revenus de taux à long terme provenant des crédits et le coût des taux à court terme versés sur les dépôts constitue la marge de taux de la banque. Cette marge va donc varier avec le temps et peut même devenir négative. C’est le cas lorsque la banque a accordé des crédits à long terme financés par des dépôts à court terme dont le taux augmente subitement. Les banques subissent alors une forte hausse de leurs charges d’intérêt qu’elles ne peuvent répercuter sur leurs preneurs de crédit. Elles disposent cependant de plusieurs instruments pour gérer activement cette marge de taux. Par exemple, les swaps de taux d’intérêt permettent de convertir un taux variable en taux fixe et ainsi d’éliminer le risque de taux.
Impact du régulateur
L’impact de Bâle III sur la composante des intérêts est difficile à chiffrer. Mais dans la mesure où les nouvelles normes exigent des réserves de capitaux plus importantes pour couvrir le risque de crédit sur les contreparties, on peut s’attendre à une hausse des coûts.
RISQUE DE CRÉDIT
La PME peut tomber en faillite avant l’échéance du crédit. Dans ce cas, la banque ne pourra peut-être pas récupérer la totalité du montant prêté. Pour réduire ce risque, elle peut par exemple prendre en gage les machines que la PME a achetées avec le crédit qui lui a été octroyé. Bien entendu, une possible faillite de la PME n’exonère pas la banque de ses obligations vis-à-vis de ses épargnants. Pour calculer la rémunération liée à cet élément de risque, la banque tient compte de deux facteurs. Tout d’abord, la perte moyenne essuyée sur de tels crédits au fil du temps; deuxièmement, une indemnité pour les fonds propres que doit détenir la banque pour chaque crédit conformément au cadre réglementaire.
Impact du régulateur
Pour protéger les épargnants contre le risque de crédit, les banques doivent détenir un certain niveau de fonds propres, en fonction de la quantité de crédits accordés et du risque qui leur est associé. Ce niveau de fonds propres est imposé par les normes de Bâle II. Plus la banque détient de fonds propres, moindre est la probabilité qu’une perte enregistrée sur un crédit ait des conséquences pour les épargnants ou l’État, qui garantit de fait l’épargne des particuliers à concurrence de 100.000 euros. Les récentes réformes de Bâle III vont encore plus loin: elles augmentent les exigences en fonds propres par crédit octroyé. De plus, ces normes fixent des conditions plus strictes concernant la qualité de ces fonds propres. Conséquence? La couverture des crédits octroyés par les fonds propres augmente. Dès lors, la banque pourra fournir moins de crédits pour un montant de fonds propres donné. Elle réalisera donc moins de bénéfices sur cette activité.
RISQUE DE LIQUIDITÉ
En théorie, les épargnants peuvent récupérer leurs avoirs déposés à la banque à tout moment alors que les banques ne peuvent réclamer le remboursement des crédits octroyés à la PME avant l’échéance contractuelle. En principe, tous les épargnants n’exigeront pas de récupérer leurs avoirs en même temps. Néanmoins, les banques doivent constituer une réserve d’actifs financiers immédiatement convertibles en liquidités pour répondre à cette possibilité. Conséquence? Les banques ne peuvent pas réinvestir tous les dépôts qu’elles attirent dans des crédits à long terme plus rémunérateurs.
Impact du régulateur
Bâle III renforce significativement les exigences de réserves composées d’actifs plus liquides. Or ces actifs vont généralement procurer un rendement moins élevé que le crédit à la PME. De plus, les nouvelles règles imposent également que le prix de revient implicite de la disponibilité de liquidités soit répercuté dans la tarification des crédits.