Nous l’ignorons, pourtant nous sommes nombreux à consommer les ingrédients commercialisés par Cosucra. Et certains ne savent pas plus que ces produits innovants sont issus de leur propre région.
Établie rue de la Sucrerie à Warcoing, Cosucra, malgré son nom et l’adresse de son QG, ne produit plus de sucre. Suite à une modification des législations européennes en matière de sucre, l’entreprise a mis un point final à cette activité en 2004, après plus de 150 années de bons et loyaux services. La famille Crahay, dont la quatrième génération est aujourd’hui à la tête du groupe a réussi à anticiper ce changement : depuis plus d’une décennie, elle s’était lancée dans les produits alimentaires à base de chicorée et de pois. Actuellement, l’entreprise hennuyère se spécialise dans la conception, la production et la promotion d’ingrédients naturels, qui sont intégrés à d’autres produits alimentaires afin de les sucrer, d’en exalter le goût ou d’en accroître les valeurs nutritionnelles.
Un rôle sociétal
En d’autres termes, la société surfe avec intelligence sur la tendance de l’alimentation saine. Les consommateurs sont par exemple de plus en plus nombreux à supprimer la viande de leur régime alimentaire. Que ce soit pour des raisons environnementales ou de santé. Les protéines végétales peuvent, ici, servir de substituts. “Notre groupe s’attache actuellement à interpréter les besoins des consommateurs”, souligne Jacques Crahay, son administrateur délégué.
“Ce n’est pas toujours simple car ils n’achètent nos produits qu’indirectement. Nos ingrédients ont pourtant un rôle sociétal à jouer. Nous avons donc aussi pour mission de conscientiser le public.” “Notre produit phare, la Pisane B9, est une protéine végétale extraite du pois”, poursuit Jacques Crahay. “Elle est notamment utilisée dans la préparation de barres chocolatées et de régime, dans le pain riche en protéines et dans la soupe déshydratée.”
Actuellement, notre groupe s’attache à interpréter les besoins des consommateurs.
Leader mondial Parmi les clients de Cosucra, figurent plus de 400 entreprises dont des multinationales telles que Nestlé, Danone et Unilever. Au niveau mondial, nous retrouvons des ingrédients de Cosucra dans plus de 1.500 produits alimentaires : alimentation pour bébés, yaourts, boissons énergétiques, pain, aliments pour animaux, etc. Leader mondial de niche, Cosucra emploie 250 collaborateurs et enregistre un chiffre d’affaires de 85 millions d’euros. Le groupe prévoit de doubler ce montant à l’horizon 2020. Dans ce but, il a récemment investi 30 millions d’euros dans une nouvelle usine, une grosse somme compte tenu de la taille de l’entreprise.
“Cet investissement était nécessaire : nous devions croître en Europe et en Chine sous peine de disparaître. Le groupe est présent dans plus de 45 pays via un réseau de partenaires et de petits agents.” “Cette évolution nous expose à de sérieux défis humains, de communication et de motivation”, nous confie Jacques Crahay. “Gérer un réseau global n’est pas dans l’ADN d’une petite entreprise. Se faire confiance, se connaître, aligner les intérêts pour susciter l’enthousiasme, tout cela ne se fait pas du jour au lendemain.”
Partage de connaissances
D’entreprise industrielle, Cosucra est parvenue à s’imposer comme un groupe innovant. Ce succès n’allait pas de soi, rappelle son administrateur délégué. Bien que tous les processus opérationnels soient conservés en interne, le groupe s’est ouvert au partage de connaissances, profitable à chaque partie. L’entreprise puise ainsi son inspiration, notamment dans une série de projets développés par des universités. “La faculté de Gembloux figure parmi nos partenaires de la première heure”, précise Jacques Crahay.
“Nous travaillons aussi avec le Pôle de compétitivité de l’industrie agroalimentaire wallonne, Wagralim.” Selon lui, ce type de plateforme est très utile aux entreprises. Elle leur permet de trouver des réponses à leurs questionnements, de les accompagner dans leurs recherches de solutions et contribue à l’accélération de leur développement. “Ces partenariats, basés sur le partage de connaissances, sont bénéfiques à toutes les parties prenantes.”