Les banques constituent un excellent trait d’union entre les entreprises et les investisseurs, estime le business angel Cédric Donck. “Pour le rester, elles doivent cependant se montrer de plus en plus proactives.”
“Les banques connaissent mieux que quiconque les projets de leurs clients, surtout lorsqu’il s’agit d’entreprises”, souligne Cédric Donck, expert en start-ups numériques et professeur d’économie à l’ULB. “De ce fait, elles savent quand les aborder et quand leur accorder un tel crédit d’un tel montant pour un tel investissement. Le chef d’entreprise à la recherche d’un partenaire connaît ainsi d’emblée sa marge de manoeuvre financière.”
C’est ce service sur mesure qui, selon Cédric Donck, permettra aux banques de résister à la vague FinTech : ces start-ups qui proposent des produits et services financiers. Celles-ci sont la preuve vivante qu’aucun segment de l’économie n’est à l’abri de la révolution numérique. Les plateformes peer-to-peer comme Lendico et Lending Club engendrent une ubérisation du secteur financier, principalement en matière d’intermédiation.
“Depuis leur arrivée, le prix des services a énormément baissé”, confirme Cédric Donck. “Cela pèse lourdement sur les marges des banques, contraintes de modifier leurs systèmes informatiques complexes pour être aussi efficaces, rapides et bon marché. Ce n’est pas évident lorsqu’on sait que le backoffice de nombreuses banques date des années 90, lorsque le cadre juridique et réglementaire était encore très différent.”
Big Data
Bien entendu, Internet ne constitue pas qu’une menace pour les banques, reconnaît Cédric Donck. “Il leur permet d’exploiter leur principal atout, à savoir leur connaissance inégalée de l’économie et des marchés. Grâce aux Big Data, elles ont par exemple une bonne vision de l’ensemble des transactions immobilières. Sur cette base, elles peuvent développer de nouveaux instruments et services. Il leur est ainsi possible de réaliser une estimation précise de l’évolution des prix par commune ou par ville, ce qui peut s’avérer avantageux pour un bénéficiaire d’hypothèque.” Dans cette nouvelle ère, les banques disposent donc de plusieurs avantages concurrentiels. Même si elles doivent porter un regard plus critique sur leur propre fonctionnement afin d’identifier leur potentiel d’amélioration, ajoute le business angel. “Généralement, les PME sont suivies par leur agence locale, alors que le siège s’occupe des grands clients. Une meilleure communication entre le retail et le corporate banking crée de nouvelles possibilités.”
Les Big Data permettent aux banques d’exploiter leur plus grand atout : leur connaissance inégalée de l’économie et des marchés.
Un exemple? “Les besoins des entreprises innovantes, en forte croissance, diffèrent de ceux des entreprises ‘classiques’. Les premières doivent se lancer à l’international plus rapidement que les entreprises traditionnelles. Or, si leur chiffre d’affaires est inférieur à quelque 7 millions d’euros, le service sera plutôt local, alors qu’elles ont précisément besoin du réseau international du corporate banking. Par exemple pour ouvrir un compte à l’étranger ou acheter des filiales.”
Prototype
Qu’advient-il des start-ups qui ne s’adressent pas aux banques traditionnelles pour leur capital de départ ? Tout dépend de la phase dans laquelle elles se trouvent, répond Cédric Donck. “Dans la première phase, vous avez les trois F : friends, family & fools. Ce sont les personnes qui croient davantage en la personne qu’en son projet. Les montants avoisinent les 25.000 euros, ce qui permet au chef d’entreprise de mettre un prototype sur le marché.
Un élément indispensable pour convaincre les investisseurs professionnels.” Vient ensuite le tour des business angels, généralement des chefs d’entreprises (anciens ou actuels) qui investissent dans des sociétés débutantes ou à fort potentiel de croissance. “Ils n’investissent pas sur la base d’une présentation PowerPoint”, précise Cédric Donck. “Ils veulent voir une trace de revenu et de chiffre d’affaires. Les montants investis varient alors entre 50.000 et 150.000 euros. Après ce stade intervient le capital d’amorçage, apporté par des capitalrisqueurs par exemple, avec des montants qui peuvent atteindre 2 millions d’euros. Alors seulement, on peut envisager les banques comme fournisseurs de crédit.”