Le gestionnaire de flotte doit savoir comment ses employés se rendent au travail. Chaque entreprise est différente, bien sûr, mais le dernier baromètre de la mobilité de la société de services RH Acerta révèle des tendances claires: “Un changement s'opère dans plusieurs domaines.”
Pour la huitième fois, Acerta a sondé les habitudes de mobilité de plus de 340.000 travailleurs en Belgique. “Cette étude fournit des informations intéressantes”, déclare Charlotte Thijs, experte en mobilité chez Acerta. “Que font les entreprises? Comment répondre aux évolutions en la matière? Le besoin d'une politique de mobilité globale au sein des sociétés est de plus en plus criant.”
La voiture de société domine et s’écologise
Premier constat: la voiture de société reste dominante et devient même de plus en plus populaire. Quelque 23,5% des employés disposaient d'une voiture de société en 2023, contre 23% en 2022. “Nous ne pouvons ignorer la voiture de société, c'est un outil de rémunération important et fiscalement intéressant”, souligne Charlotte Thijs. “La guerre des talents fait rage, c'est pourquoi la voiture de société continue de gagner en popularité.”
Elle observe néanmoins une évolution radicale: “Nos chiffres révèlent que les voitures de société sont remplacées tous les quatre ou cinq ans. La part des voitures électriques a plus que triplé en un an.” Environ 10,1% des véhicules de société sont désormais électriques. En outre, la part des véhicules hybrides est passée à 17,1%, contre seulement 9,9% l'année dernière. Les véhicules à moteur diesel sont les grands perdants. Ils sont un quart de moins (-24,4%) qu'il y a un an.
Le vélo plus souvent
Ces dernières années, la “reine voiture” a légèrement perdu du terrain dans les déplacements domicile-lieu de travail. En 2021, la voiture était utilisée dans 78,4% des trajets domicile-travail, alors qu'en 2023, cette part avait baissé à 77,6%. Le grand gagnant de cette tendance est le vélo. Près de quatre travailleurs sur dix (39%) effectuent au moins une partie de leurs déplacements à vélo, et 15,3% font tout le trajet à vélo. C'est surtout dans la province de Limbourg que l’usage de la bicyclette a fortement augmenté.
“Nous nous attendons à ce que les rangs des navetteurs cyclistes continuent de s’étoffer dans les années à venir.”
“Les déplacements domicile-lieu de travail sont de plus en plus écologiques, non seulement en raison de l'accroissement du nombre de voitures électriques et hybrides, mais aussi du fait de la popularité montante de la bicyclette”, analyse Charlotte Thijs. “Les Belges sont toujours plus nombreux à contourner les embouteillages en enfourchant un deux-roues. Par ailleurs, beaucoup reçoivent une indemnité vélo de leur employeur.” Depuis le 1er mai 2023, en effet, tous les employeurs sont tenus d'offrir une indemnité vélo. “Ce n'est qu'en 2024, la première année complète, que nous en constaterons les effets”, avance encore Charlotte Thijs.
Un changement et une diversification des modes de transport sont en cours, à ses yeux. “Cela modifie la façon dont les individus se rendent au travail et en reviennent. La voiture diesel a clairement fait son temps. Dans la mesure où un nombre croissant de personnes peuvent louer un vélo électrique auprès de leur employeur, et où le code de la route accorde de plus en plus d'espace aux cyclistes, nous nous attendons à ce que les rangs des navetteurs cyclistes continuent de s’étoffer dans les années à venir.”
Qu’en est-il des transports publics?
Dans les déplacements domicile-lieu de travail, les transports publics demeurent moins attrayants que les moyens de transport individuels, tels que le vélo et la voiture. Cependant, 8,46% des navetteurs recourent aux transports publics pour tout ou partie de leur trajet professionnel, dont 5,74% effectuent la totalité de leur trajet en train, en tram ou en bus. Enfin, 2,72% utilisent les transports publics en combinaison avec d'autres moyens de transport. Le train, le tram et le bus ont toutefois retrouvé leur niveau d'avant la pandémie.
“La popularité des transports publics est en perte de vitesse”, conclut Charlotte Thijs. “Cela dépend de l'offre, de la localisation de l'entreprise, du lieu de résidence et de la situation personnelle du travailleur. Quand et où l'offre existe, voilà deux dimensions sur lesquelles le voyageur n'a que peu d'emprise. Il est un utilisateur passif. Or, les employés aiment être aux commandes, au sens propre comme au figuré. Ils veulent être libres de leurs mouvements, tant dans la réalisation des prestations que dans la façon dont ils voyagent.”