La transition vers la mobilité électrique s'accélère en Belgique. Les entreprises verdissent leur flotte à un rythme soutenu et investissent dans un solide réseau de bornes de recharge. De nouvelles réglementations européennes et des obligations de reporting amplifient cette tendance. “Le 100% électrique n'est plus une ambition lointaine, c'est la nouvelle réalité”, déclare Philippe Vangeel, directeur opérationnel d'EV Belgium, l’organisation de défense de la mobilité électrique.
Les ventes de voitures électriques et le nombre croissant de nouvelles bornes de recharge montrent que la majorité des entreprises belges s'engagent pleinement dans cette transition. Avec un total de 83.111 points de recharge (+72%) et plus de 127.000 nouvelles immatriculations de voitures entièrement électriques (+36%), 2024 a été une année record. “Ces chiffres confirment l'objectif de 2 millions de véhicules électriques d'ici à 2030”, souligne Philippe Vangeel. “Les entreprises verdissent leur flotte et ne reviennent pas à des technologies obsolètes. Plus de 300.000 véhicules entièrement électriques (VE) circulent déjà sur les routes belges. Le tout électrique s'intègre mieux dans la stratégie de durabilité et l'image d'une entreprise.”
Compte à rebours vers 2035
Depuis cette année, environ 50.000 grandes entreprises en Belgique sont contraintes à un reporting de leur politique de durabilité, y compris les émissions de CO₂. Et les PME sous-traitantes sont concernées elles aussi. “En tant qu'entreprise, vous souhaitez présenter de bons chiffres. Pourquoi investiriez-vous dans une flotte qui ne répond pas à cette exigence?”
En outre, 2035 approche à grands pas: à partir de cette date, seules les voitures n'émettant pas de CO₂ pourront être vendues dans l'UE. “Pour les constructeurs automobiles, il y a donc peu de raisons d'investir massivement dans les hybrides rechargeables ou les motorisations classiques. L'avenir est électrique, et ils le savent.”
La politique européenne comme accélérateur
L'Europe travaille sur une série de nouvelles directives qui accéléreront encore l'électrification. Le règlement européen sur le déploiement d’une infrastructure pour carburants alternatifs (AFIR) impose notamment un nombre minimum de bornes de recharge sur les grands axes routiers, ainsi que la standardisation des modes de paiement. “Recharger avec une carte bancaire ordinaire, la transparence des prix, des applications conviviales: c'est là que se concentre désormais l'attention”, pointe Philippe Vangeel.
“Les constructeurs automobiles ont peu de raisons d'investir massivement dans les hybrides rechargeables ou les motorisations classiques. L'avenir est électrique, et ils le savent!”
Il existe par ailleurs une nouvelle directive sur la performance énergétique des bâtiments (EPBD) qui contraint les entreprises et les associations de copropriétaires à prévoir des bornes de recharge sur les parkings de plus de 20 places. Bien que cette obligation s'applique en principe dans toutes les régions, sa mise en œuvre concrète et son calendrier dépendent de chaque région. La directive européenne sur les énergies renouvelables stipule néanmoins que, si la Belgique ne verdit pas suffisamment son transport d'ici à 2027 (ou 2028), les prix à la pompe augmenteront en raison de mécanismes de correction qui imposent davantage les combustibles fossiles.
De moins en moins d'arguments pour les hybrides rechargeables
Philippe Vangeel observe une évolution claire vers le tout électrique. “Les indépendants sont un peu à la traîne, mais cela ne se résout pas en stimulant fiscalement une technologie obsolète, comme le fait actuellement le gouvernement avec les hybrides rechargeables. Ceci étant dit, si le gouvernement fédéral traite temporairement les hybrides rechargeables de manière fiscalement avantageuse, cet avantage diminue progressivement et manque d'une vision à long terme. L'argument selon lequel un VE serait trop cher n'est plus valable, et ce, depuis longtemps.
À ses yeux, le marché est prêt pour la transition électrique. “Des investissements massifs ont été consentis dans l'infrastructure de recharge – privée, publique et semi-publique. La Flandre a connu une croissance explosive, la Wallonie suit à un rythme un peu plus lent, mais la recharge à domicile y est plus facile en raison de la moindre densité urbaine. L'excuse selon laquelle il y a trop peu de bornes de recharge ne tient pas! Surtout lorsqu'on met en avant les hybrides rechargeables, car elles ont elles aussi besoin d'une borne de recharge.”