Les grandes villes comme Amsterdam, Paris, New York et Tokyo luttent contre la pénurie de logements en construisant notamment de petits appartements de 25 m² ou moins. Nous avons interrogé quatre experts pour savoir si ces micro-appartements avaient un avenir en Belgique.
La taille des nouveaux appartements construits en Belgique ne cesse de se réduire. Ces trois dernières années, leur surface habitable est passée en moyenne de 75 à 65 m². Cette tendance s’explique par le nombre de plus en plus important de familles monoparentales et de personnes seules à la recherche d’un logement abordable. Pour répondre au mieux à cette évolution, les promoteurs immobiliers cherchent des solutions plus compactes.
Législation belge
“La norme d’occupation définit le nombre de personnes autorisées à habiter dans un espace donné”
Notre législation prévoit cependant certaines limites, nuance Astrid Clabots, avocate spécialisée en droit immobilier: “La norme d’occupation définit notamment le nombre de personnes autorisées à occuper un même logement. Cette norme est calculée à partir du nombre de pièces habitables – cuisine, salle de séjour et chambres à coucher. En Flandre et à Bruxelles, la superficie nette doit être au minimum de 18 m² pour une personne seule, de 28 m² pour deux personnes et de 33 m² pour trois personnes.”
La Wallonie applique des critères comparables mais avec de nombreuses particularités locales, car chaque ville a le droit d’imposer ses propres contraintes. Pour l’architecte Stein Van Rossem, qui conçoit chaque année entre 100 et 150 appartements, davantage d’uniformité serait certainement bienvenue. “Je constate par ailleurs que les promoteurs et les candidats-acheteurs sont demandeurs de plus petites surfaces. La loi est en retard sur la réalité du marché.”
Défis architecturaux
Pour les architectes, la conception de micro-logements constitue un défi de taille. Sachant que les surfaces sont extrêmement réduites, chaque centimètre carré doit être utilisé de manière optimale. “Les micro-espaces mais aussi les meubles sont dès lors créés sur mesure”, prévient Stein Van Rossem. “Dans le même temps, le logement doit rester abordable, ce qui représente un exercice particulièrement difficile.”
“Il est très difficile de combiner travail sur mesure et prix abordable”
À Lichterveld, Ark-Shelter a trouvé une solution. Cette start-up conçoit, construit et vend des logements mobiles clé sur porte. Le tout – design, matériaux, construction et finitions, y compris le mobilier – coûte en moyenne 1.450 euros par mètre carré. “Nous pouvons assembler plusieurs unités et ce, jusqu’à cinq étages”, assure son créateur, Michiel De Backer. “Les unités de logement sont construites dans notre atelier pour être ensuite transportées par camion vers le chantier où elles sont installées en à peine quatre heures.” Ark-Shelter note une augmentation de l’intérêt de propriétaires souhaitant obtenir un rendement maximum de leur terrain. La France, l’Italie et le Royaume-Uni se sont montrés particulièrement intéressés. En Belgique, l’enthousiasme n’est pas encore au rendez-vous, néanmoins. “Cela s’explique par notre attachement aux constructions traditionnelles”, estime Michiel De Backer.
Pas de cages à lapins
“Réduire la taille des logements ne peut être un objectif en soi”
En Belgique, ces micro-appartements, s’ils pourraient être une solution pour certains acheteurs ou résidents temporaires comme les expatriés, ne peuvent en aucun cas devenir la nouvelle norme d’habitation, juge Leo Van Broeck, le maître-architecte flamand. “Je ne suis pas partisan des cages à lapins. Il est vrai que nous avons besoin d’appartements comptant moins de chambres à coucher, mais pas nécessairement avec une salle de séjour ou une cuisine minuscules. Réduire la taille des logements ne peut être un objectif en soi.”