“L'immobilier logistique relève encore trop souvent du court terme: on réduit les zones vertes et construit des bâtiments selon les souhaits spécifiques du premier utilisateur, sans prêter suffisamment attention au long terme”, déplore Philippe Van der Beken chez Goodman. “À l’inverse, la durabilité est d’abord et avant tout une question de long terme.”
“Développer et construire des sites exclusivement en fonction de leur première utilisation ne s'inscrit pas dans notre vision à long terme”, résume Philippe Van der Beken, directeur général pour l'Europe continentale du promoteur et investisseur immobilier mondial Goodman. “Nous investissons dans des sites durables, proches des villes et des grandes populations de consommateurs. Des sites idéaux pour livrer efficacement des biens au consommateur et où nous pouvons ériger des bâtiments flexibles pour des utilisateurs multiples, moyennant des modifications minimales. Nos sites se prêtent parfaitement au réaménagement à long terme.”
Comment la stratégie de Goodman conduit-elle à un immobilier logistique plus durable?
“Grâce à une conception flexible, efficace sur le plan énergétique et tournée vers l'avenir, vous prolongez considérablement la durée de vie d'un bâtiment et réduisez radicalement son impact sur le climat. Les terrains dotés d’une telle perspective de long terme s’étendent dans des zones périurbaines; il s’agit généralement de requalification de friches industrielles, ce qui limite le besoin de nouveaux terrains. De plus, nous réduisons notre empreinte au sol grâce à un aménagement bien pensé ainsi qu’au développement de bâtiments logistiques de plusieurs étages.”
Vous pensez donc de manière circulaire et sur le long terme, en rendant possible la réutilisation des sites. Qu'en est-il du court terme?
“La requalification de friches industrielles ne se limite pas à une opération de démolition. Nous intégrons l'infrastructure existante dans la conception et réutilisons le béton démoli dans les fondations pour le bâtiment et l'infrastructure, notamment. Nous utilisons également du béton recyclé provenant, de préférence, de chantiers à proximité. Les ACV (analyses de cycle de vie) que nous réalisons vont nous permettre de mieux réutiliser et recycler les matériaux de construction dans un avenir proche. Aujourd'hui, nous mesurons l'impact total de nos développements et compensons le ‘carbone incorporé’: pour chaque mètre carré construit, nous plantons un arbre. Chaque année, nous plantons ainsi environ 600.000 arbres en collaboration avec des organisations locales de protection de la nature. En outre, nous maximisons la biodiversité de nos sites. Fin novembre, par exemple, nous allons planter une forêt urbaine sur notre site de Puurs selon la méthode Miyawaki. Une plantation dense qui pousse dix fois plus vite et absorbe trente fois plus de CO2 qu'une plantation forestière classique.”
“Nos activités commerciales sont déjà totalement neutres en termes de CO2; chaque année, nous sommes audités par un cabinet indépendant. D'ici à 2025, nous voulons étendre cette approche à nos émissions indirectes. Nous développons d’ores et déjà des bâtiments ‘net émission’ qui produisent davantage d'énergie verte qu'ils n'en consomment. En outre, nous investissons massivement pour rendre nos bâtiments les plus vieux plus durables.”
Quelle est l'importance de la durabilité pour vos clients?
“Ils optent avant tout pour nos localisations stratégiques. Toutefois, je pense que la durabilité deviendra bientôt un facteur décisif. Les entreprises tournées vers l'avenir, en particulier, y attachent de l'importance et commencent à prendre des mesures fortes dans cette direction. La facture sera en effet élevée pour les entreprises qui n’auront pas su prendre le virage de la durabilité à temps.”