La PropTech (contraction de property et technology) fait désormais partie intégrante du secteur de l’immobilier. Idriss Goossens, fondateur du centre de connaissances PropTech Lab, détaille les possibilités offertes par cette révolution numérique aux gestionnaires, propriétaires, usagers et bailleurs de biens immobiliers. Selon lui, rendre intelligents les bâtiments existants est son plus grand défi.
Intelligence artificielle, capteurs IoT (internet des objets), robotique, plateformes de communication numérique: toute nouvelle technologie est une composante potentielle de la PropTech. Les capteurs peuvent mesurer le nombre de personnes présentes dans un immeuble de bureaux ou un hôtel, où elles se trouvent, quand et combien de temps elles y séjournent, ce qu’elles y font… Dans les magasins, ils peuvent identifier les rayons les plus populaires.
En fonction de toutes ces données, le bâtiment s’adapte, par exemple en supprimant l’éclairage dans les zones non fréquentées, en réduisant la fréquence du nettoyage dans les pièces les moins utilisées, en réaménageant les bureaux afin d’augmenter la capacité de location. Toutes ces mesures visent à optimiser l’usage des locaux et à alléger les coûts.
Un système d'exploitation global
“Tout comme le PC et le smartphone, le bâtiment intelligent doit d’abord reposer sur un système d’exploitation”, indique Idriss Goossens, fondateur et CEO de PropTech Lab, un écosystème belge d’innovateurs du secteur de la construction et de l’immobilier, qui compte aujourd’hui plus de 300 membres.
“Sur ce système viennent éventuellement se gréer des applications ou des programmes supplémentaires. Par exemple, un système de gestion de l’énergie comme DeltaQ et eSave, un contrôle d’accès avec Unloc, une solution comme Urbest qui contacte automatiquement le bon service de réparation en cas de panne, ou un système qui transforme une salle de réunion en salle de déjeuner sur simple pression d’un bouton.”
Nouvelles constructions vs bâti existant
L’intégration de la PropTech suppose que les bâtiments soient de plus en plus flexibles et multifonctionnels, avec des espaces aisément adaptables, des systèmes de climatisation contrôlables et d’autres dispositifs automatisés. Dans les nouveaux bâtiments, il est relativement facile d’en tenir compte dès la phase de conception. Le plus grand défi concerne les millions de bâtiments existants dans notre pays. D’ici à 2050, ils représenteront 80% du parc immobilier belge.
“Moderniser des bâtiments existants avec des applications PropTech intelligentes est généralement plus complexe et plus coûteux”, note Idriss Goossens. “Cela dit, les propriétaires et les usagers en tirent des avantages considérables, notamment des coûts d’exploitation réduits, une consommation d’énergie optimisée, un meilleur taux d’occupation des espaces flexibles et un confort accru au quotidien.”
Alors que la PropTech relevait presque de la science-fiction, elle est désormais indispensable dans tout bâtiment, au même titre qu’une bonne isolation ou des panneaux solaires, conclut Idriss Goossens. “Il est important de comprendre que la PropTech n’est pas une fin en soi: elle est en constante évolution. À l’instar d’un logiciel, la Prop- Tech peut être mise à jour au fil du temps avec de nouvelles fonctionnalités.”