En 2020, la crise du coronavirus a réduit de près de 39% le nombre de recrutements d’ingénieurs. Se dirigerait-on vers la fin de la pénurie d’ingénieurs sur le marché du travail? “Non, car les ingénieurs continuent d’être très recherchés: dès que le marché reprend, le manque profils se fait à nouveau cruellement sentir.”
Dans cette période d’incertitude, certaines entreprises se sont montrées plus prudentes en matière de recrutement. Pour Nancy Vercammen, directrice générale de l’association d’ingénieurs ie-net, cela explique en grande partie la baisse du nombre de postes d’ingénieurs vacants. “Il ne faut toutefois pas paniquer: aucun ingénieur n’a été licencié. Plus de 93% d’entre eux travaillent toujours pour le même employeur. Les entreprises sont plutôt attentistes, notamment parce qu’elles ont dû reporter certains projets ou les mettre en pause.”
Cette situation a un impact sur les jeunes ingénieurs. Selon une enquête menée par ie-net, 14% des jeunes diplômés sont encore à la recherche d’un emploi, le double par rapport aux années précédentes. “Ce phénomène est passager”, nuance Nancy Vercammen. “En période de crise, le chômage touche d’abord les profils les plus pointus. Ce constat est confirmé par les chiffres du VDAB, l’organisme de placement public flamand. Dès que le marché reprend, la pénurie d’ingénieurs se fait à nouveau cruellement sentir.”
Manque de spécialistes
Crise ou pas, certains profils continuent à manquer. Les ingénieurs spécialisés en data, par exemple, sont plus difficiles à trouver qu’un verre d’eau au milieu du désert. La preuve avec Dataroots, qui exploite le potentiel de l’intelligence artificielle et du data engineering pour des clients comme Cake, VRT et Puratos: 20 de ses 47 employés sont des ingénieurs spécialisés en data. Ils imaginent, créent et développent des solutions techniques permettant de collecter et d’analyser de grandes quantités de données afin d’en tirer des informations ou des prévisions stratégiques.
Nos experts ne se recrutent pas sur les bancs de l’université. Après leurs études, ils doivent être formés dans des domaines spécifiques.
“Ces experts ne se recrutent pas sur les bancs de l’université”, note Jonas Tundo, CEO et cofondateur de Dataroots. “Après leurs études, ils doivent être formés dans des domaines spécifiques.”
Leur diplôme en poche, les jeunes ingénieurs civils en informatique et les ingénieurs industriels disposent déjà d’une bonne base. Outre ces profils prometteurs, Dataroots forme des spécialistes plus expérimentés aux dernières évolutions digitales via sa RootsAcademy. “C’est la raison pour laquelle notre entreprise recrute régulièrement des spécialistes motivés”, ajoute Jonas Tundo. “Les talents s’attirent.”
Ingénieurs indépendants
Certains ingénieurs ne se retrouvent pas sur le marché de l’emploi traditionnel. Peut-être ont-ils lancé une société pendant leurs études et souhaitent-ils devenir entrepreneurs, ou optent-ils pour un travail en tant qu’indépendant ou consultant, grâce auquel ils peuvent mettre leur expertise et leurs connaissances à la disposition d’entreprises ou de clients de sociétés d’intérim. “La population d’ingénieurs compte entre 25 et 30% d’indépendants depuis plusieurs années déjà”, confirme Nancy Vercammen. “Si l’on trouve des ingénieurs indépendants dans toutes les catégories d’âge, les quinquagénaires sont davantage représentés: ils ont parfois plus de difficulté à trouver un emploi sous un autre statut.”
Depuis l’éclatement de la crise du coronavirus, Dataroots a remarqué une légère augmentation du nombre d’ingénieurs indépendants disponibles. Néanmoins, l’entreprise limite délibérément le nombre d’ingénieurs freelances auxquels elle a recours. “Nous ne comptons que quelques ingénieurs indépendants. Ce sont tous des profils seniors disposant de connaissances très spécifiques introuvables ailleurs. Comme nous devons investir beaucoup de temps dans la formation de notre personnel, nous préférons embaucher et fidéliser autant que possible des ingénieurs salariés.”
Compétences en communication
De quelles compétences un ingénieur a-t-il besoin? De talents en communication, révèle une étude d’ie-net. Ces derniers mois, plus de 94% des ingénieurs ont télétravaillé. Près de 74% des entreprises interrogées envisagent de rendre le télétravail structurel après la crise, y compris pour les ingénieurs. “Les ingénieurs souffrent de difficultés de communication avec leurs collègues à cause de la distanciation sociale”, observe Nancy Vercammen. “Collaborer, diriger une équipe ou un processus de production à distance exige de véritables compétences en communication.”