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On recherche: femmes ingénieurs

Hilde Decuyper, directrice du bureau d’études géotechniques A+E Consult ©Studio Dann

Avec moins de 20% de femmes diplômées – et une proportion encore moindre dans le milieu professionnel – les ingénieurs au féminin demeurent une denrée rare. Pourquoi si peu de femmes optent-elles pour ce métier? Et pour quelle raison les ingénieures qui franchissent le pas sont-elles victimes de préjugés dans le monde de l’entreprise?

 

"L’important, ce sont vos connaissances et la manière dont vous les utilisez, non le fait que vous soyez un homme ou une femme.”

Hilde Decuyper
Directrice du bureau d’études géotechniques A+E Consult
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“Les femmes doivent faire davantage leurs preuves”

Hilde Decuyper a créé le bureau d’études géotechniques A+E Consult il y a 10 ans. En tant que directrice, elle a recruté quatre femmes ingénieurs. “Elles sont plus précises et communiquent de manière plus nuancée que leurs collègues masculins”, observe-t-elle.

Passionnée de mathématiques et de sciences, Hilde Decuyper a choisi voilà 31 ans de poursuivre des études d’ingénieur chimiste industriel, option biochimie. À l’époque, les études d’ingénieur étaient plus populaires parmi les filles. “J’ai volontairement choisi l’école supérieure provinciale de Courtrai (aujourd’hui intégrée à l’Université de Gand, NDLR), car c’est là qu’on trouvait le plus grand nombre d’étudiantes en ingénierie, plus de 20%. Dans les autres écoles, cette proportion tournait autour de 10%.”

50/50

Hilde Decuyper gère désormais son propre bureau d’analyses géotechniques, A+E Consult. Et, dans son secteur, elle a récemment constaté une forte augmentation du nombre d’ingénieures. “En 1994, j’ai participé à mon premier congrès géologique en Belgique. Sur les 100 participants, nous n’étions que deux femmes. Près d’un quart de siècle plus tard, les femmes représentent environ 50% des participants. Le secteur de la bio-ingénierie s’est fortement féminisé. C’est assez unique, car dans les autres domaines, les femmes ingénieurs restent largement minoritaires.”

Avantages et défis

Quel que soit le secteur, les ingénieures sont traitées différemment de leurs collègues masculins, estime Hilde Decuyper. “Pendant les réunions et lors de rencontres avec de nouveaux interlocuteurs, les femmes ingénieurs doivent toujours faire la preuve de leurs compétences avant d’être prises au sérieux. On a tendance à moins remettre en question les connaissances techniques des hommes. C’est un vrai défi.”

Les ingénieures disposent en revanche d’autres atouts. “Je compte six ingénieurs parmi mes collaborateurs, deux hommes et quatre femmes. Ils fournissent tous un travail de qualité, mais je remarque que les femmes sont un peu plus précises. Elles communiquent de manière plus nuancée, comprennent mieux ce que les clients attendent et se fient davantage à leur intuition. La proportion d’hommes et de femmes dans mon entreprise n’est pas le résultat d’une stratégie. Nous avons grandi de manière organique. À l’époque, il y avait tout simplement plus de femmes que d’hommes répondant au profil recherché sur le marché du travail.”

Un métier pour les femmes

Forte de ses 25 ans d’expérience professionnelle, Hilde Decuyper ne peut imaginer meilleur choix de carrière. “C’est un métier passionnant, parfaitement adapté aux femmes. Mais dans ce monde d’hommes, il est crucial de ne pas se laisser désarçonner. L’important, ce sont vos connaissances et la manière dont vous les utilisez, non le fait que vous soyez un homme ou une femme.”

 

“Les ingénieurs portent rarement un casque de sécurité, il faut en finir avec ces idées reçues!”

Sonja Berghman
Responsable du département Group Enterprise Networking Propositions chez Damovo

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Sonja Berghman, ingénieure et responsable du département Group Enterprise Networking Propositions chez Damovo
Sonja Berghman, ingénieure et responsable du département Group Enterprise Networking Propositions chez Damovo ©Studio Dann

 

“Vous ne passez pas inaperçue au milieu de tous ces costumes gris”

En tant que responsable du département Group Enterprise Networking Propositions chez Damovo, Sonja Berghman offre aux entreprises des solutions de communication numérique sur mesure. À ses yeux, l’image erronée diffusée par les médias et l’absence de “role models” expliquent le nombre limité de femmes ingénieurs.

Voici trois décennies, les écoles supérieures, les universités et les pouvoirs publics faisaient davantage qu’aujourd’hui la promotion des formations d’ingénieur. Cette publicité positive explique notamment pourquoi Sonja Berghman s’est lancée en 1988 dans des études d’ingénieur industriel, avec une spécialisation en électronique. “J’avais suivi des humanités scientifiques dans une école de filles. À la Katholieke Industriële Hogeschool Oost-Vlaanderen, je me suis tout à coup retrouvée entourée d’une majorité d’hommes. J’ai dû m’y habituer. Or, les carrières d’ingénieur recevant moins de publicité, les comportements d’imitation connaissent eux aussi une baisse. Et moins il y a de femmes qui optent pour une carrière d’ingénieur après leurs études secondaires, moins elles inspirent et motivent leurs contemporaines.”

Image erronée

Selon Sonja Berghman, les images peu réalistes et les préjugés expliquent le peu de popularité dont jouit la carrière d’ingénieur auprès des femmes. “Les photos dans les journaux et magazines sont la plupart du temps très éloignées de la réalité. Les ingénieurs portent rarement un casque de sécurité, il faut en finir avec ces idées reçues! Cela donne une image erronée de la profession. En 25 ans de carrière, j’ai peut-être dû porter un casque à cinq reprises! Nous avons aussi un besoin urgent de ‘role models’ pour placer la profession sous les projecteurs d’une manière attrayante. Les femmes ingénieurs se mettent apparemment moins en avant que leurs collègues masculins, mais aussi que les femmes dans d’autres secteurs, avocates, managers et autres politiciennes.”

Ingénieure et mère de famille

Autre cliché: une carrière d’ingénieur serait difficile à combiner avec une vie de famille. “C’est un non-sens”, tranche Sonja Berghman. “Le milieu professionnel d’un ingénieur est vaste et marqué par la polyvalence. Selon votre diplôme et vos centres d’intérêt, vous pouvez opter pour une carrière dans un bureau ou pour un poste où vous voyagez tout le temps, partout dans le monde. Vous pouvez travailler comme chercheur, développeur, responsable technico-commercial, contrôleur qualité, product manager, enseignant, entrepreneur… L’éventail est large! De nombreuses femmes deviennent médecins généralistes ou psychologues, des carrières qui me semblent plus complexes à combiner avec une vie de famille. En outre, en tant que femme ingénieur, vous appartenez à une minorité et tout le monde vous connaît immédiatement. Vous ne passez pas inaperçue au milieu de tous ces costumes gris!”

 

Les femmes ingénieurs en chiffres
  • En 1924, Hélène Mallebrancke devient la première femme belge à décrocher un diplôme d’ingénieur (Université de Gand), en l’occurrence d’ingénieur architecte. Une seule autre femme s’était auparavant inscrite à une formation d’ingénieur: la Russe Valentine Klebnikoff (1902).
  • 108: le nombre d’étudiantes en ingénierie inscrites cette année à la KU Leuven, contre 727 étudiants masculins.
  • En 2015, 58% des cinq millions de jeunes diplômés au sein de l’Union européenne étaient des femmes. En ingénierie, ce chiffre était de 27%.
  • 6.000: le nombre d’ingénieurs qui manquent dans notre pays selon Agoria, la fédération des entreprises technologiques belges.
  • En Belgique, 26% des futurs ingénieurs civils (spécialité sciences appliquées) et 11% des étudiants en ingénierie industrielle (spécialité sciences et technologies industrielles) sont des femmes. Leur nombre augmente lentement.

 

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