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“Produire du zinc en Belgique est plus durable que de l’importer”

Philip Eyckmans, Global Category Manager Energy chez Nyrstar

Les entreprises à forte intensité énergétique ont-elles encore leur place dans l’Europe du Green Deal? Oui, selon Philip Eyckmans, Energy Manager chez le producteur de zinc Nyrstar. “À condition que l’Europe se dote d’une politique industrielle forte. Car si nous ne prenons aucune mesure en ce sens, le prix risque d’être prohibitif pour nous.”

Dans le village de Budel, aux Pays-Bas, le site du producteur de zinc Nyrstar est provisoirement à l’arrêt. Les conditions de marché se sont détériorées. La suppression de la compensation carbone et les coûts de réseau élevés aux Pays-Bas ont engendré un lourd handicap en matière de coûts, qui se compte en dizaines de millions d’euros.

“Nous ne pouvons répercuter cette augmentation des coûts dans nos produits finaux, car le prix du zinc est déterminé à la Bourse des métaux de Londres”, précise Philip Eyckmans, Global Category Manager Energy chez Nyrstar. “Depuis le début de la crise énergétique, nous avons dû adapter constamment notre consommation d’électricité pour éviter que nos coûts ne continuent à grimper. Comme nous devons réduire la production durant les pics de prix, nous produisons moins de zinc. Ce n’est pas tenable financièrement.”

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Si, en Belgique, aucune pause de la production n’est à l’ordre du jour, nous n’en sommes pas moins confrontés à de nombreux défis pour les prochaines années. Afin de garder les entreprises belges à forte intensité énergétique rentables et opérationnelles, Nyrstar demande des mesures et des efforts dans quatre domaines.

Des coûts de réseau compétitifs

Tout d’abord, la fonderie exige des coûts de réseau compétitifs. Ceux-ci risquent de doubler en 2025 dans notre pays à la suite des investissements qu’Elia doit nécessairement réaliser dans le réseau haute tension. “Pour Nyrstar Belgique, un euro de coût de réseau supplémentaire par mégawattheure représente un coût supplémentaire d’un million d’euros par an”, chiffre Philip Eyckmans.

“Et nous ne pouvons pas répercuter ces coûts. Bien que les prix de l’électricité sur le marché semblent se stabiliser, ils sont toujours nettement plus élevés qu’avant la crise énergétique. Par conséquent, nous risquons de plonger dans une nouvelle crise de l’énergie.”

Récompenser les consommateurs flexibles

Ensuite, Nyrstar aimerait que la redevance réseau récompense les consommateurs d’énergie flexibles. Cette possibilité existe déjà en partie en Belgique, mais Philip Eyckmans attend que les autorités aillent plus loin. “Si nous restons sous un pic mensuel déterminé, nous ne devons pas payer de supplément de prix à l’heure actuelle. C’est bien, mais ce système pourrait être beaucoup plus dynamique.”

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“Un euro de coût de réseau supplémentaire par mégawattheure représente pour Nyrstar Belgique un coût supplémentaire d’un million d’euros par an.”

Philip Eyckmans
Global Category Manager Energy chez Nyrstar

Si Nyrstar apprend en temps réel ou un jour à l’avance qu’à certains moments, il y aura peu de vent ou de soleil, ou que la demande en électricité sera plus importante, elle pourra mieux ajuster sa production pour consommer moins durant ces périodes. “Nous sommes tout à fait disposés à co-investir dans des systèmes qui rendent possibles la communication et la commande en la matière.”

Des aides à l’investissement

Le troisième point concerne les aides à l’investissement – dans le cas de Nyrstar, elles portent spécifiquement sur la production de minerais et métaux critiques. “Nous pouvons extraire des produits dérivés importants du minerai de zinc, comme le gallium et le germanium”, illustre Philip Eyckmans. “Ces deux métaux jouent un rôle crucial dans la transition énergétique, entre autres pour la production de puces et de batteries pour les voitures électriques.”

“Nous étudions les possibilités de produire également ces minerais en Europe, afin de moins dépendre des autres parties du monde. Avec les instances publiques compétentes, nous discutons de la création d’une usine ultramoderne de récupération et de transformation du germanium et du gallium dans notre fonderie de Clarksville, dans le Tennessee [vd1] (États-Unis). Lorsque nous aurons bouclé l’analyse de rentabilité, nous comptons concrétiser cet investissement le plus rapidement possible.”

“Nous développons en outre des projets d’investissement ambitieux dans nos fonderies aux Pays-Bas, en Belgique et en France, pour accroître encore la flexibilité de leur consommation et leur permettre de mieux résister à la volatilité des prix de l’énergie.”

“Nous pouvons adapter à l’offre notre demande en électricité. Nous disposons de suffisamment d’énergie solaire et éolienne? Nous produisons davantage – l’énergie est alors stockée dans un produit fabriqué de grande valeur et n’est pas perdue. L’offre d’énergie diminue ou la demande est trop forte? Dans ce cas, nous réduisons simplement notre consommation d’énergie et la production. C’est le principe de la batterie virtuelle.”

Une politique industrielle

Enfin, Philip Eyckmans insiste sur la nécessité d’une politique industrielle pour soutenir la transition énergétique et ancrer l’industrie en Belgique. “À long terme, conserver ici nos entreprises à forte intensité énergétique est de toute façon plus durable que de les laisser se délocaliser. Pour l’emploi, la plus-value économique que de telles entreprises génèrent, et le savoir-faire unique qu’elles ont accumulé, mais aussi parce qu’il sera toujours plus durable de produire ces produits ici que de les importer de pays lointains où les normes de qualité et de durabilité laissent souvent à désirer.”

 [vd1]Je trouve un peu étrange de citer cet exemple américain, alors que la phrase précédente évoque plutôt l’Europe…

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