Jef Van In est CEO d’AXA Bank Europe depuis 2011. Quels enseignements tire-t-il de la crise du crédit ? Et quelle est sa vision de l’avenir de la banque de détail ?
Cinq ans après, quel regard portez-vous sur la crise bancaire ?
Jef Van In: " La crise n’a en tout cas pas favorisé la confiance des clients. Or cette confiance est le ciment de l’activité bancaire. Toutefois, depuis la crise, l’ensemble du secteur financier travaille d’arrache-pied pour éviter qu’une telle catastrophe se produise à nouveau. Et c’est indispensable : la banque est un métier assorti d’une grande responsabilité sociale. Une responsabilité qui inclut notamment le financement de l’économie, dans les bons comme dans les mauvais jours. "
Que pensez-vous des importantes réformes mises en oeuvre en matière de réglementation et de fiscalité ?
" Elles sont spectaculaires, et nous demandent beaucoup d’efforts dans un contexte économique difficile. Cependant, je respecte le travail accompli par le législateur. En revanche, je trouve que la séparation très virtuelle entre les banques d’affaires et les banques d’épargne constitue une occasion manquée. Nous aurions pu opter pour une séparation en bonne et due forme. Et la taxe bancaire reste en travers de la gorge d’AXA Belgique : elle nous coûtera 42,5 millions d’euros l’an prochain. En 2008, c’était sept fois moins. De plus, la taxe est prélevée proportionnellement aux simples comptes d’épargne en Belgique, alors que dans d’autres pays, on prend davantage en compte le total du bilan et/ou le degré de risque ".
Comment voyez-vous évoluer votre modèle d’affaires ?
" En Belgique, AXA se positionne aujourd’hui comme un bancassureur, particulièrement actif au niveau de deux pôles : la personne de confiance dans l’agence, et les canaux numériques. Lorsque des clients se posent des questions sur un investissement ou sur la souscription d’un emprunt ou d’une assurance, l’interface humaine reste importante. Les clients ont besoin d’un conseil financier personnalisé, et ce besoin ne va pas disparaître du jour au lendemain. Chez AXA Belgique, nous y répondons par un large réseau d’agences bancaires et de courtiers d’assurances, à même de conseiller les clients à la fois sur les crédits hypothécaires et sur une large gamme de placements et d’assurances- placements. Pour nous, le modèle du bancassureur constitue une réelle plus-value. D’autre part, il y a le canal numérique, très efficace pour toutes les transactions simples. La Belgique cultive une longue tradition dans ce domaine : chez nous, tout ce qui se rapporte aux paiements est entièrement automatisé depuis 20 ans. Seule la plateforme change : d’abord, c’était le self-banking, puis le pc-banking et aujourd’hui, le smartphone. Ainsi AXA propose-t-elle déjà des produits classiques comme l’ouverture en ligne d’un compte à vue ou d’un compte d’épargne par ce biais. Je vois cependant une évolution possible pour d’autres produits et services standardisés. "
Comment appréhendez-vous les médias sociaux ?
" Pour être honnête : notre présence sur les médias sociaux est encore assez modeste. Nous suivons de près les évolutions, mais tant que le flou subsistera concernant la manière dont cette tendance va se cristalliser dans le monde des affaires, nous préférons rester très prudents. "
Optez-vous aussi pour la numérisation en interne ?
" Assurément. Le moment venu, toute entreprise d’un certain âge doit transférer ses systèmes parfois obsolètes sur de nouvelles plateformes. Nous profitons de ce défi pour progresser sur la courbe de la numérisation. AXA nourrit un projet très ambitieux dans ce domaine : via notre déménagement en 2017, nous voulons franchir une étape très importante au niveau du back-office. Deux projets importants dans le domaine de la gestion documentaire et du travail flexible sont notamment en chantier. "