Si les essais cliniques étaient une discipline olympique, la Belgique aurait déjà rempli une vitrine de médailles. Comment conserver cette avance?
Chaque année, quelque 500 nouvelles études cliniques sont lancées en Belgique. Sur la base du nombre d'études par habitant, nous figurons parmi les premiers en Europe et au-delà. Bien que les États-Unis aient été le leader mondial en chiffres absolus pendant plus de deux décennies, la Belgique a enregistré plus de trois fois plus d'études cliniques par habitant entre 1999 et 2020.
Cercle vertueux
Ce rôle de premier plan n'est pas dû au hasard. “L'industrie pharmaceutique est très présente dans notre pays et plusieurs grandes sociétés pharmaceutiques ont des racines belges”, souligne Edel Hendrickx, Task Force Lead Clinical Trials chez pharma.be & Clinical Study Unit Country Head chez Sanofi. “Aujourd'hui, nous disposons d’une vaste expertise grâce à nos centres de recherche de grande qualité et à nos chercheurs expérimentés. Et nous pouvons compter sur un régulateur compétent, qui a développé les connaissances nécessaires et qui maintient des délais d'approbation courts pour les essais cliniques.”
Grâce aux essais cliniques, les patients peuvent parfois bénéficier plus tôt des avantages d'un nouveau traitement.”
Un cercle vertueux a également été enclenché par le biais d’un engagement fort de la part des associations de patients, des hôpitaux, des chercheurs, des entreprises pharmaceutiques et des régulateurs. “Notre expertise en matière d'essais cliniques fonctionne comme un aimant”, ajoute Nathalie Lambot, Expert Public Health chez pharma.be.
Emplois et qualité de vie
L'industrie pharmaceutique est un pilier majeur de notre tissu d'entreprises. D'ici à 2020, le secteur biopharmaceutique aura créé plus de 40.000 emplois directs en Belgique et exporté pour plus de 56 milliards d'euros de médicaments. Mais les résultats financiers, aussi impressionnants soient-ils, ne sont pas seuls à peser dans la balance. “Un climat qui facilite les essais cliniques est important pour les patients”, poursuit Edel Hendrickx. “Les nouveaux médicaments n’ apportent pas seulement de nouvelles possibilités de traitement, mais améliorent également la qualité de vie des patients, néanmoins il faut en moyenne 8 à 14 ans avant qu'un nouveau médicament arrive sur le marché. Grâce aux essais cliniques, les patients peuvent parfois bénéficier plus tôt des avantages d'un nouveau traitement.”
Nécessité d'un cadre clair
Malgré notre rôle de pionniers, nous sommes confrontés à des défis en Belgique pour ce qui touche aux essais cliniques. “Nous devons nous concentrer davantage sur la décentralisation et la technologie”, estime Nathalie Lambot. “C’est possible, par exemple, en facilitant certains aspects des essais cliniques en dehors de l’hôpital. Pensez aux médicaments qui sont livrés à domicile à la place pour le patient de devoir les chercher à l’hôpital. Ou au suivi des patients via un dispositif portable. C'est à la fois plus confortable pour le patient et plus efficient, notamment en termes de coûts.”
“Notre expertise en matière d'essais cliniques fonctionne comme un aimant."
Notre pays manque cependant d'un cadre clair: qu'est-ce qui est autorisé ou non, et qu'en est-il de la protection des données et de la cybersécurité? “L'infrastructure informatique fait encore défaut”, note Nathalie Lambot.
Une plateforme pour les patients
Sans les patients, il n'y aurait pas d'essais cliniques. “Dans un pays relativement petit comme le nôtre, nous devons innover pour trouver des patients qui veulent – et peuvent – participer en rendant les essais cliniques plus accessibles”, insiste Edel Hendrickx. “Ce qui peut aussi aider, c'est une plateforme où les patients puissent trouver, dans un langage simple, des informations sur les essais cliniques et l'offre disponible. Il nous faut un cadre clair pour communiquer avec les patients par le biais des nouveaux médias et technologies.”