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Pénurie de médicaments: l’Europe se mobilise

Hugues Malonne, administrateur général de l'AFMPS ©Marco Mertens

Ces dernières années, le nombre de médicaments indisponibles dans notre pays a augmenté de manière drastique. La Belgique veut profiter de sa présidence européenne, au début de l’année prochaine, pour s’attaquer à ce problème, promet Hugues Malonne, le nouvel administrateur général de l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS).

Selon vous, quelle est l’ampleur du problème? Quels sont les médicaments en pénurie aujourd’hui?

Hugues Malonne: “En théorie, nous disposons en Belgique de plus de 10.200 médicaments. Quelque 736 références ne sont pas disponibles, mais il s’agit parfois uniquement de certains conditionnements du médicament. Si nous nous limitons aux médicaments pour lesquels il n’existe aucune alternative thérapeutique, ils sont au nombre de 11, ce qui représente moins de 0,1% des médicaments commercialisés en Belgique. Mais cela pose évidemment des problèmes pour les patients dont la santé dépend de ces médicaments.”

Aussi pour les producteurs il est beaucoup plus efficace d’organiser ce type de système au niveau européen plutôt qu’avec chaque État membre séparément.

Hugues Malonne
administrateur général de l'AFMPS
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Comment expliquez-vous le nombre croissant de pénuries observées ces dernières années?

“Il y a plusieurs explications à cela, mais la principale se situe du côté de l’organisation – mondialisée et rigide – de l’industrie pharmaceutique et de la chaîne de distribution. Cette structure la rend particulièrement fragile. La moindre perturbation dans la chaîne d’approvisionnement mondiale, comme la pandémie et la guerre en Ukraine, se traduit immédiatement par des problèmes importants. En outre, nous constatons de grandes différences entre les nouveaux médicaments et les anciens.

En théorie, le risque de rupture de stock pour les nouveaux médicaments devrait être réduit, puisque les producteurs comptent beaucoup sur ces produits pour leur rentabilité. L’Ozempic (un médicament contre le diabète vers lequel se tournent également des personnes cherchant à perdre du poids, NDLR) est une exception, mais cela s’explique par son utilisation nettement plus large. Pour les produits qui sont depuis longtemps sur le marché et les médicaments de niche, c’est une autre histoire. Souvent, ils ne sont produits que par un ou deux fabricants. Si un problème inattendu survient dans la chaîne de production ou de distribution, nous nous retrouvons rapidement confrontés à des difficultés, car les producteurs seront plus enclins à retirer ces médicaments de la production.”

La production et la distribution des médicaments étant mondialisées, devons-nous nous tourner essentiellement vers une solution européenne pour éviter tout problème au niveau national?

“Des initiatives ont déjà été prises et  la Belgique compte s’attaquer à cette question pendant sa présidence européenne qui commencera le 1er janvier prochain. Il existe entre autres un mécanisme de solidarité au niveau européen auquel nous pouvons faire appel en cas de besoin. Par ailleurs, une liste de médicaments essentiels est sur le point d’être finalisée, ce qui nous permettra de passer le marché au crible de manière plus ciblée et d’anticiper plus rapidement les éventuelles pénuries. Cette liste devrait être prête fin novembre.”

“Nous travaillons aussi sur une ‘boîte à outils’ afin d’assouplir temporairement les règles administratives. Par exemple, nous ne pouvons normalement pas importer directement des médicaments de Suède pour les mettre à la disposition des patients belges, parce que la notice n’est pas rédigée dans nos langues nationales. Si nous utilisons ces médicaments uniquement dans nos hôpitaux, où le personnel connaît parfaitement la façon de les administrer ainsi que les effets secondaires, nous pourrions passer outre ce type de contrainte administrative. Nous examinons actuellement ce scénario. Mais soyons clairs: il n’existe pas de remède universel.”

La moindre perturbation dans la chaîne d’approvisionnement mondiale, comme la pandémie et la guerre en Ukraine, se traduit immédiatement par des problèmes importants.

Hugues Malonne
administrateur général de l'AFMPS

D’où pourraient venir les solutions?

“Nous devrions bientôt disposer d’une réglementation européenne, peut-être déjà pendant la présidence européenne belge. Idéalement, il pourrait s’agir d’une forme de ‘stock tournant’, sur lequel nous pourrions nous appuyer en cas de hausse de la demande. Cela exige des efforts des producteurs, c’est vrai, mais pour eux aussi, il est beaucoup plus efficace d’organiser ce type de système au niveau européen plutôt qu’avec chaque État membre séparément. Il ne faut pas oublier que les produits ont une date de péremption et qu’il est préférable de gérer ces stocks à l’échelle européenne.”

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Comment garantir la disponibilité d'un médicament?

Notre vidéo peut vous aider à comprendre la complexité de ce sujet.

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