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Que signifie “être cher”?

Geert Steurs, Chief Economist chez pharma.be ©Marco Mertens

Je dois vous faire une confidence: je viens de devenir grand-père d’un costaud petit-fils. J’ai cependant eu une petite frayeur lorsqu’il a dû être hospitalisé pour une infection des voies respiratoires, le VRS (virus respiratoire syncytial, NDLR). Heureusement, tout s’est bien terminé et, grâce à la science, nous pourrons bientôt épargner cette expérience traumatisante à de nombreux parents. Un vaccin protégeant les nourrissons contre les infections respiratoires graves comme le VRS sera bientôt commercialisé, ce qui leur évitera de passer quatre ou cinq jours à l’hôpital.

Ce vaccin représentera une économie substantielle pour le budget des soins de santé, mais ses bénéfices ne s’arrêteront pas là. Par exemple, les parents ne devront plus rester à la maison, ce qui réduira d’autant les pertes de productivité pour l’économie. C’est un sujet qui peut s'élargir à un débat sur une série de nouveaux médicaments qualifiés d’“impayables” mais qui souvent sauvent des vies.

Ne tournons pas autour du pot. Certains de ces médicaments sont en effet très chers. Mais nous devons faire la distinction entre les niveaux micro et macro, c’est-à-dire le prix d’un médicament spécifique et les dépenses totales pour les médicaments. Car que nous disent les chiffres? Que les dépenses en médicaments ont augmenté moins vite ces dernières années que le budget global des soins de santé.

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La bonne nouvelle est donc que les médicaments coûteux, souvent destinés à un nombre limité de patients, n’ont pas provoqué de dérapage dans les dépenses comme certains le prétendent. Parallèlement au tarif élevé de plusieurs médicaments révolutionnaires, d’autres sont devenus nettement plus abordables, par exemple lorsque le brevet a expiré. La moins bonne nouvelle est que, au moment de l’approbation de nouveaux médicaments, nous nous focalisons encore trop sur leur prix. Nous ne prenons pas en compte leurs avantages sociétaux et économiques, qui vont de la réduction continue des périodes d’hospitalisation à l’allègement de la revalidation, en passant par la baisse de l’absentéisme au travail. Les dépenses en médicaments constituent en réalité un investissement dans la santé.

Si nous abordons ce débat dans une perspective de long terme, nous avons au contraire tout intérêt à ce que les nouveaux médicaments soient commercialisés rapidement et remboursés. Même si leur prix est plus élevé, du moins au début, car à terme, leurs avantages pèseront plus lourd que leur coût dans la balance sociétale. Et ce n’est pas tout. Si notre pays devient moins intéressant pour le lancement de nouveaux médicaments, il risque, à terme, de devenir moins attractif pour le lancement d'essais cliniques qui profitent à de nombreux patients belges. En particulier si nous constatons que ces nouveaux médicaments sont commercialisés dans d’autres pays.

Ce n’est donc pas une bonne idée de privilégier systématiquement le facteur prix. À terme, nous devrons de toute façon payer la facture sur le plan médical, social et économique. Et, last but not least, nous devons relativiser la hausse des dépenses globales en soins de santé. Nous vieillissons tous en meilleure santé. C’est une tendance sociétale qui a inévitablement un prix.

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