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L'avenir, sans espèces et sans contact

©Pieter Van Eenoge

En 2017, les paiements en espèces représentent encore 50% de l'ensemble des paiements en Belgique. Pourtant, les arguments ne manquent pas en faveur de leur suppression définitive. En revanche, nos compatriotes ne semblent pas prêts, même s’il y a de l'espoir.

Plus de cash, juste une carte bancaire ou un smartphone pour régler toutes ses dépenses. La simplicité même, tant pour les consommateurs que pour les commerçants: c’est rapide, sûr et, pour ces derniers, cela met fin aux visites chronophages à la banque pour déposer la recette ou retirer de la monnaie. En Belgique, nous en sommes encore loin, malgré l’émergence de nombreuses applications et innovations technologiques, nous restons attachés à nos pièces et à nos billets. Lieven Cloots, conseiller juridique auprès de l’Unizo, pense que la société belge sans cash n’est pas pour demain, ni même pour les dix prochaines années. "La tendance à utiliser moins de cash est effective, c’est certain, mais l'évolution est lente. En 2013, 54% de l'ensemble des paiements effectués en Belgique se faisaient encore en espèces. L’an dernier, nous en étions encore à 51%. On ne peut donc pas parler de changement significatif."

Les consommateurs ne se bousculent pas pour utiliser les nouveaux paiements.

Leo Van Hove
VUB

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Pourquoi? Parce que les paiements électroniques restent relativement chers, en particulier pour les commerçants. "Pour les PME dont les marges sont étroites, le jeu ne vaut pas la chandelle et cette perception n’a pas changé, même si les tarifs ont beaucoup baissé depuis. De plus, les commerçants cherchent à répondre aux souhaits de leurs clients. Si plus de la moitié de l’ensemble des transactions se fait en cash, cela signifie que les Belges y sont attachés." "La part de marché des nouvelles apps comme Payconiq reste marginale ", confirme Leo Van Hove, spécialiste des systèmes de paiement et de l’économie monétaire à la VUB. "Les consommateurs ne se bousculent pas pour utiliser les nouveaux modes de paiement. Le nombre de paiements traditionnels par carte continue à augmenter, quoique lentement. On trouve encore beaucoup de commerçants qui refusent les paiements par carte et les nouvelles applications pour régler des petits montants. Pour moi, c’est le principal défi. Avec la disparition de Proton, le cash a même repris du poil de la bête, alors que de nouvelles applications - non tarifées et qui n’exigent pas d’abonnement des commerçants pourraient être intéressantes, en particulier pour ceux qui perçoivent de petites sommes. Mais nous ne pouvons pas mettre systématiquement en cause le coût ou la difficulté d’utilisation: les transactions électroniques représentent un sérieux obstacle aux paiements au noir."

LA CONFIANCE RÈGNE

Lieven Cloots voit progressivement émerger une nouvelle génération de solutions beaucoup moins chères, sous forme d’applications diverses, y compris des paiements sans contact. "Ce qui génère une nouvelle problématique: de nouvelles apps apparaissent chaque mois et les commerçants ne savent plus où donner de la tête. Résultat: ils préfèrent temporiser pour savoir quelle sera l’application ou la technologie gagnante." Les Suédois et, dans une moindre mesure, nos voisins du nord, ont prouvé qu’il était possible de faire les choses autrement. En Suède, à peine 5% de tous les paiements effectués en magasin se font encore en espèces. Le pays se dirige à vitesse grand V vers une société sans cash. Dans les transports en commun, les voyageurs ne peuvent plus payer leurs tickets en espèces. La plupart des commerçants refusent tout simplement le cash et même les vendeurs de journaux de rue n’acceptent que les paiements électroniques. Ce phénomène s’explique en partie par la confiance quasi illimitée des Suédois dans l’innovation technologique. Autre explication: la collaboration de longue date entre les banques, qui s’est traduite par le développement d’un distributeur automatique de billets uniformisé, le Bancomat, qui accepte toutes les cartes bancaires suédoises. Last but not least, le niveau élevé de confiance que les Scandinaves accordent à leur banque et aux autorités a aussi joué un rôle: les Suédois n’ont aucun problème à confier leur argent à une institution bancaire. Ils partent du principe que les banques gèrent leurs avoirs et leurs données en toute intégrité.

L’acceptation de nouvelles technologie est toujours l’histoire de l’oeuf et de la poule.

Leo Van Hove
VUB

L’EXEMPLE À SUIVRE

Les Pays-Bas ont, eux aussi, une longueur d’avance sur la voie d’une société sans cash: en 2014, les paiements par carte de débit (ou "pinpas") ont dépassé le nombre de paiements en cash pour la première fois. Les banques jouent un rôle important dans cette évolution, même si elles ne sont pas toujours irréprochables. Elles sont, bien entendu, rétribuées pour chaque paiement par carte de débit ou de crédit, mais les données de paiement ont aussi une valeur. Il y a quelques années, ING Nederland a annoncé qu’elle lançait une expérience pilote sur la vente des données de paiement, mais cela a provoqué un tel tollé que la banque a rapidement décidé d'y mettre fin. Quelle approche devons-nous adopter en Belgique? Leo Van Hove estime que nous pouvons nous inspirer de l’expérience des Pays-Bas. "Nos voisins ont mis en place une association (‘maatschappelijk overleg betalingsverkeer’ ou ‘concertation sociale sur les paiements’) qui rassemble des représentants des commerçants, des consommateurs et de la banque centrale. Il y a quelques années, cet organe de concertation a conclu un ‘gentlemen’s agreement’ dont l’objectif était de promouvoir autant que possible les paiements électroniques. Les banques néerlandaises soutiennent également cette initiative sur le plan financier pour encourager les commerçants et les consommateurs à franchir le pas. Cette initiative a porté ses fruits: la forte croissance du nombre de paiements par carte est essentiellement due aux petites sommes. Elle est également à mettre à l’actif de la grande convivialité du système de paiement sans contact. En Belgique, nous utilisons encore les codes QR pour les paiements, mais, à mon avis, ce système n’est qu’une étape intermédiaire: cela reste beaucoup plus complexe que les paiements 100% sans contact." "Les banques belges affichent encore un peu de retard par rapport à leurs consoeurs néerlandaises. Malgré tout, ce n’est qu’une question de temps. L’acceptation de nouvelles technologies est toujours l’histoire de l’oeuf et de la poule: les banques, les commerçants et les consommateurs doivent se lancer, mais qui sera le premier?"

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CASH? NON MERCI!

Certains commerçants ont franchi le pas vers des systèmes de paiement totalementélectroniques. En théorie, ce n’est pas autorisé, car le cash est un moyen de paiementlégal et tous les commerçants sont, en principe, obligés de l’accepter. «En Belgique,certains commerces n’acceptent plus les paiements en espèces, notamment certainesstations-service sans personnel», rappelle Leo Van Hove (VUB). «Cela signifie qu’ellessont théoriquement en infraction, comme certaines chaînes de supermarchés qui n’acceptentplus que les paiements par carte. Nous sommes donc confrontés à une zonegrise. J’estime que les commerçants devraient pouvoir décider d’accepter ou de refuserun paiement en cash. De façon concertée, bien entendu, et à condition que ce soitannoncé clairement.»

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