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Un dollar faible, risque ou opportunité?

©Pieter Van Eenoge

La hausse du dollar et les fluctuations de la livre sterling vis-à-vis de l’euro ont amené les entreprises à s’intéresser à nouveau aux risques de change dans leurs activités internationales. Il n’est pas utile de les couvrir sauf s’ils mettent en péril la santé financière de l’entreprise. Par contre, il est possible de profiter de l’évolution des taux de change.

Le contrat à terme est un instrument classique pour amortir les fluctuations des cours du change dont il élimine les risques en fixant définitivement le cours auquel vous vendrez ou achèterez au moment convenu. Que vous conveniez avec votre fournisseur qu’il sera payé en dollars dans trois mois n’a plus d’importance: le risque d’une hausse de cette devise est couvert. Vous pouvez procéder de la même manière avec un client étranger. Vous définissez aujourd’hui le cours auquel se fera la vente dans quelques mois. En tant que fournisseur, vous évitez ainsi une baisse de vos revenus. Mais, le contrat à terme vous prive également de l’éventuel gain engendré par une fluctuation des taux de change à votre avantage.

"Si le coût de vos importations en dollars ne cesse d’augmenter, votre fournisseur exportateur comprendra aisément que vous ne pouvez pas continuer à payer des prix de plus en plus élevés, surtout s’il existe des alternatives", souligne Piet Sercu, professeur en finance internationale à la KU Leuven. "Par conséquent, il est rare que l’importateur soit seul à supporter une augmentation du cours d’une devise.Le ‘hedging’, qui consiste à réduire les risques en couvrant des transactions financières par des transactions opposées, est une arme à double tranchant: vous avez autant de chances qu’il vous pénalise ou qu’il vous favorise. Mais, en ne couvrant pas les risque liés aux devises, certaines entreprises pourraient subir des dommages qui dépassent la perte sur quelques factures. Une entreprise avec une trésorerie bien garnie pourra les subir, mais une autre, dont les fonds propres sont limités, pourrait connaître des problèmes de liquidités au point de l’obliger à renoncer à des investissements ou d’entacher sa réputation. Ces risques-là sont une bonne raison de se couvrir."

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Le contrat à terme apporte une certaine sécurité, car vous savez exactement à quel prix en euros vous allez vendre ou acheter des produits. En principe, ce type de contrat est gratuit, même si une banque ou un autre intermédiaire peut vous facturer une petite commission. "Si un service financier est quasi gratuit, cela signifie que son prix est équitable ou, plus précisément, que les probabilités de gain et de perte sont à peu près 50/50", poursuit Piet Sercu. "Son seul avantage est de vous éviter les dommages secondaires."

Leading & lagging

L’option est un autre instrument qui permet de se couvrir contre le risque de change. L’option sur devise peut vous protéger contre les évolutions négatives des cours tout en vous permettant de bénéficier des fluctuations qui sont à votre avantage. Avec une option ‘call’ (achat), vous vous couvrez contre une hausse des cours; l’option ‘put’ (vente) vous permet d’éviter toute perte en cas de dépréciation d’une devise. Cet instrument a un prix, plus coûteux que les contrats à terme.

"Une échéance plus longue et une volatilité plus grande accroissent le prix. Le prix d’exercice et les deux taux d’intérêt influent également sur la prime. L’établissement du prix de l’option sur devise est assez opaque. C’est la raison pour laquelle de nombreuses entreprises n’y recourent pas", constate Piet Sercu. "On peut également utiliser des ‘futures’, des contrats à terme négociables, mais c’est très rare en raison de leur standardisation et parce que ceux qui veulent se couvrir souhaitent rarement des contrats négociables."

"Si vous ne courez pas ce risque, utilisez plutôt cette somme pour vous offrir un bon resto."

Piet Sercu
Professeur en finance internationale, KU Leuven

Le ‘leading & lagging’, le déplacement spéculatif de la date de paiement, vaut-il la peine? "Au sein d’un groupe mère-filiale, c’est une opération à somme nulle", explique Piet Sercu. "La seule question qui importe vraiment, dans ou hors d’un groupe, c’est le moment de la conversion. Il ne nécessite pas de modifier la date du paiement effectif de la facture."

Le professeur conclut: "Pour ceux qui importent ou exportent systématiquement, une couverture contre les variations de change revient à prendre une aspirine: elle apporte un soulagement temporaire, mais ne remédie pas au fond du problème. Par contre, elle peut aider à prévenir un ébranlement de la position financière de l’entreprise. Le contrat à terme est très peu cher, voire gratuit, et il est très utile lors d’une augmentation du prix de revient ou une baisse du produit des ventes peut avoir un impact sur vos investissements ou votre réputation. Si vous ne courez pas ce risque, utilisez cette somme pour vous offrir un bon resto."

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Barrières protectionnistes

Le professeur Wim Van der Stede, directeur de la faculté de comptabilité à la London School of Economics, souligne plusieurs aspects des évolutions actuelles potentiellement importants pour le contrôleur financier d’une entreprise. "Les cours de change modifient aussi les résultats des entreprises. Normalement, les entreprises internationales ne vont pas imputer aux divisions nationales la responsabilité des effets de change qu’ils subissent et se contenteront de revoir les budgets.

Ainsi, le tour semble joué, mais si une devise comme la livre sterling se stabilise à un niveau plus bas pendant plusieurs mois, on attendra des managers locaux qu’ils réagissent à cette nouvelle donne. Une filiale britannique pourrait examiner s’il n’est pas préférable d’acheter ses produits ou ses services au niveau local au lieu de les importer. Idem aux États-Unis, si le cours du dollar se stabilise à un certain niveau. Si une politique protectionniste est mise en œuvre, un directeur de filiale ne peut pas se contenter de la subir."

"Si une devise est à un bas niveau depuis des mois, on s’attend à ce que les managers locaux en profitent."

Wim Van der Stede
Directeur de la faculté de comptabilité, London School of Economics

Le professeur analyse aussi la position des entreprises et succursales belges. "D’un point de vue purement financier, les entreprises belges ont intérêt à envisager de transférer leurs achats ou leur production dans un pays avec une monnaie plus faible, en particulier si l’on élève des barrières protectionnistes. Un bon contrôleur financier ne s’intéressera pas qu’au court terme et évitera donc de rendre ses achats tributaires d’un pays donné, comme les États-Unis ou le Royaume-Uni, quelle que soit l’orientation réelle ou possible de la monnaie ou de la politique commerciale."

Du point de vue de Wim Van der Stede, tous les responsables nationaux doivent suivre de près les évolutions des cours de change et y réagir. Par uniquement parce qu’une entreprise peut difficilement se couvrir, mais aussi parce qu’elles peuvent offrir une opportunité financière. "Il y a moins de motivation à chercher à exploiter ces évolutions si l’on se contente systématiquement d’adapter les budgets sans inciter les managers locaux à explorer d’autres options." 

Que faire en cas de baisse du dollar et de la livre?

Couvrez les risques en recourant à

  • des contrats à terme qui bloquent le cours, quelles que soient les fluctuations du change, avantageuses ou non; ils ne coûtent rien ou très peu.
  • des options sur devise qui vous permettent de profiter des hausses ou des baisses des cours attendus, mais elles sont assez chères.
  • des contrats à terme négociables, mais très peu d’entreprises y font appel.
  • des modifications spéculatives des dates de paiement, mais elles n’auront qu’un impact limité.

Il vaut cependant la peine de se couvrir si l’évolution des cours de change peut mettre en péril la santé financière de l’entreprise.

Exploitez les opportunités en

  • achetant ou produisant dans une devise moins chère et stable.
  • évitant de vous rendre trop tributaire de certains fournisseurs sur base des fluctuations du change.

 

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