Les voitures électriques sont appelées à jouer un rôle essentiel dans la transition vers un parc automobile plus durable. Mais le gaz naturel aussi est un carburant propre qui ne cesse de gagner en popularité. En Europe, plus de 1,4 million de personnes roulent déjà au CNG.
Quand on parle de rouler au gaz, nombreux sont ceux qui pensent intuitivement au LPG (Liquefied Petroleum Gas). C’est le mélange de propane et de butane qui est libéré lors du processus de raffinage du pétrole. Le CNG (Compressed Natural Gas) est cependant une alternative plus sûre. Il s’agit de gaz naturel à usage ménager qui est comprimé. À l’inverse du LPG, le CNG est plus léger que l’air; s’il se libère par accident, il se dissout immédiatement dans l’atmosphère. C’est la raison pour laquelle seules les voitures au CNG sont autorisées dans les parkings souterrains. Le LNG (Liquefied Natural Gas) en est la variante liquide pour les poids lourds.
L’assortiment de véhicules au CNG et au LNG ne cesse de s’étendre. De plus en plus de marques – dont Audi, Fiat, Opel, Seat, Skoda, SsangYong et Volkswagen – lancent de nouveaux modèles, allant de petites urbaines compactes aux camions en passant par les camionnettes. Mais il est également possible de convertir un véhicule essence ou diesel moderne pour qu’il puisse rouler au gaz naturel (lire l’encadré).
Carburant propre
“Les voitures CNG sont autorisées dans toutes les zones de basses émissions”
Le CNG est un carburant propre. Selon une étude publiée en 2018 par la Commission de régulation de l’électricité et du gaz (CREG), les émissions de CO2 d’une voiture roulant au gaz naturel sont inférieures de 7 à 16% à celles d’une voiture équipée d’un moteur à combustion traditionnel. Une voiture au gaz émet même 75% d’oxydes d’azote et de particules fines de moins qu’un véhicule classique. Par rapport au LPG, les émissions sont plus faibles de 35%. C’est également la raison pour laquelle les voitures au CNG sont autorisées dans toutes les zones de basses émissions. En outre, le CNG bio est en plein essor. Il est principalement produit à partir de déchets organiques, ce qui le rend presque neutre en carbone.
Le moteur au gaz naturel s’avère par ailleurs plus silencieux qu’un moteur à combustion classique, et s’use moins vite en raison d’une combustion plus propre. Et le rayon d’action d’un véhicule au CNG est plus que respectable: en fonction de sa taille et de la puissance du moteur, le réservoir de gaz garantit une autonomie comprise entre 300 et 800 km. La présence du réservoir d’essence ou de diesel traditionnel accroît encore le rayon d’action. On peut ainsi envisager de parcourir des distances de plus de 1.000 km avec un plein.
Liquide, le LNG présente une densité énergétique plus grande que le CNG, ce qui dope à nouveau l’autonomie. Les rayons d’action des camions au LNG peuvent ainsi atteindre 1.500 km, ce qui en fait la solution idéale pour le transport sur une longue distance.
Avec une telle autonomie, le nombre toujours très faible de stations-service qui proposent du CNG ne constitue pas un problème… même s’il serait utile d’étendre le réseau d’approvisionnement. L’Europe compte 4.000 stations proposant du CNG, dont à peine 150 en Belgique. Et notre pays ne recense que deux malheureuses stations-service dotées de LNG. Et ce, alors que c’est le terminal gazier de Zeebruges qui approvisionne en LNG toutes les stations-service d’Europe occidentale qui en proposent.
Prix d’achat
Qu’en est-il de l’aspect financier? Tout d’abord, il faut tenir compte d’un supplément à l’achat par rapport à une voiture conventionnelle. Néanmoins, celui-ci reste modeste. Selon l’étude de la CREG évoquée plus haut, un modèle au CNG coûte en moyenne 2.400 euros plus cher que la version essence. Par rapport au diesel, le supplément ne dépasse pas 200 euros.
C’est dérisoire si l’on prend en compte les économies réalisées sur l’utilisation du véhicule. Un moteur au CNG consomme moins qu’un moteur traditionnel. De plus, le gaz naturel est moins coûteux que l’essence ou le diesel. La CREG a calculé que les frais de carburant étaient en moyenne 35% plus faibles que dans le cas du diesel, et jusqu’à 50% plus faibles que ceux d’un véhicule essence. Selon le régulateur énergétique, rouler au gaz naturel est même 20% moins cher que rouler à l’électricité. Par rapport aux véhicules hybrides, l’avantage atteint 70%.
Qu’est-ce que cela signifie dans la pratique? La plateforme en ligne Gas.be illustre l’avantage financier à l’aide d’une camionnette Fiat Ducato qui parcourt 40.000 km par an. Résultat: le passage du diesel au CNG permet d’économiser 2.100 euros de carburant chaque année.
Peu d’aides publiques
En Flandre, les voitures qui roulent au CNG ou au LNG bénéficiaient jusqu’à la fin de 2020 d’une exonération de la taxe de mise en circulation et de la taxe de circulation annuelle. Ce n’est plus le cas. Les entreprises ont cependant droit à la prime Ecologiepremie+ à l’achat d’un utilitaire léger ou d’un camion au CNG ou au LNG. Cette aide financière s’applique également pour un investissement dans une infrastructure d’approvisionnement en CNG ou en LNG. Jusqu’à la fin de 2021, la Wallonie prévoit encore une prime à l’achat unique de 500 euros pour les particuliers via leur gestionnaire de réseau de distribution.
Peut-on envisager de convertir un véhicule essence ou diesel afin qu’il puisse rouler au gaz naturel? Oui, répond Ives Van Meenen, CEO de CNG Van Meenen. Son entreprise est spécialisée dans l’installation, l’entretien, l’inspection et la réparation d’installations au gaz sur toutes les voitures. Il organise également des formations en la matière en Belgique et à l’étranger.
“En tant qu’installateur certifié, nous convertissons à la fois des voitures, des utilitaires légers et des camions”, indique-t-il. “Plus précisément, nous installons un réservoir de gaz supplémentaire dans le coffre ou l’espace de chargement. La conversion d’une voiture essence est moins chère: comptez 2.250 euros (hors TVA), réservoir compris. Pour une voiture ou une camionnette diesel, vous devrez prévoir 3.300 euros. Et il est possible d’adapter un camion à partir de 4.000 euros.”
Un moteur essence roulera uniquement au CNG; l’essence n’est nécessaire qu’au démarrage. En revanche, un moteur diesel converti au gaz utilisera en fait un mélange des deux carburants. Vous consommerez toujours au moins 30% de diesel et donc au maximum 70% de gaz. Dans la pratique, ce sera moins, en fonction de la charge du moteur et du comportement du conducteur.
“La part du diesel dans le mélange augmente dans le cas d’une charge très légère ou très importante”, précise Ives Van Meenen. “Le rendement maximal est donc atteint à une charge moyenne. Mais même dans le pire scénario – si vous ne consommez que 50% de CNG –, un véhicule diesel converti demeure très avantageux. Pas uniquement sur le plan financier, d’ailleurs mais aussi en raison de l’autonomie accrue.”
Les voitures essence converties sont autorisées dans la zone basse émissions. Malheureusement, un véhicule fonctionnant avec un mélange de gaz et de diesel est toujours considéré comme un diesel. Et ce, au contraire de ce qui se fait en France, où vous êtes les bienvenus dans toutes les zones de basses émissions avec une voiture diesel équipée d’un réservoir de gaz, quel que soit l’âge du véhicule.