Les introductions en Bourse reprennent. Pour quelles entreprises la Bourse est-elle une option intéressante ? Erik Verkest accompagne les introductions en Bourse chez Petercam. Il répond à dix questions. Une lecture conseillée à tout chef d’entreprise ambitionnant d’apparaître sur les listes de cotation.
1.Quels sont les avantages ?
La Bourse donne accès à un marché de capitaux, ce qui vous permet d’accroître vos fonds propres. Les actions apportent également des liquidités et de la flexibilité en facilitant les entrées et les sorties du capital. Les fonds collectés en Bourse offrent également de la flexibilité, par exemple pour payer des acquisitions en actions ou procéder à des échanges d’actions. La Bourse facilite aussi l’entrée de vos collaborateurs dans votre capital. De même, l’IPO vous permet de consolider votre crédibilité auprès de l’ensemble des parties prenantes et de vos financiers. L’entrée en Bourse facilite le placement d’obligations.
2.Quels sont les inconvénients ?
Une entreprise ne doit pas sous-estimer les obligations et les règles qui vont de pair avec une cotation en Bourse. Récemment, elles ont même augmenté et se sont durcies. Vous devez développer un reporting alliant qualité et transparence et maintenir cet effort. Ne vous contentez pas de chiffres, émettez aussi des prévisions. Si vous ne tenez pas certains des objectifs communiqués, le cours de la Bourse en souffrira. Ne communiquez pas que les bonnes nouvelles.
3.Quand le jeu en vaut-il la chandelle ?
Votre organisation doit pouvoir supporter le reporting et le dialogue régulier. La direction doit également avoir une histoire à raconter, l’equity story, pour intéresser les investisseurs. La perspective de dividendes stables est utile si aucun gain significatif sur les cours n’est prévisible, mais ne perdez pas de vue le coût de l’opération. Une entrée en Bourse demande une longue préparation. Généralement, l’opération n’est intéressante que si vous souhaitez récolter plusieurs dizaines de millions ou moins pour de petites Bourses comme Alternext, où les exigences sont également plus souples.
4.Quelles sont les entreprises qui en tirent le plus profit ?
Dans la mesure où il est crucial d’intéresser les investisseurs potentiels avec un storytelling, mieux vaut avoir un historique qui illustre la faisabilité de vos projets. L’entreprise doit aussi disposer d’un management de qualité qui inspire confiance. L’organisation doit pouvoir supporter les obligations imposées. Une certaine capacité à sentir les évolutions du marché et à revoir ses prévisions à temps est un plus.
5.À quelles conditions une entrée en Bourse est-elle un mode de financement plus intéressant ?
Vous voulez procéder à une grosse injection de capitaux sans perdre le contrôle de votre entreprise ? Si vous attirez un groupe d’investissement privé, vous risquez de perdre la main alors que les investisseurs en Bourse sont souvent des actionnaires passifs, qui prennent une participation minoritaire. L’entrée en Bourse améliore également votre crédibilité et votre notoriété, et constitue ainsi le pivot d’un développement plus important et plus rapide du reste du financement.
6.À quel moment entrer en Bourse ? Quelle Bourse choisir ?
Il faut avant tout que l’entreprise soit prête. Les Bourses américaines et européennes montrent aujourd’hui beaucoup d’intérêt pour les nouveaux arrivants, même si cette évolution est un peu plus lente en Belgique. Un tel appétit accroît les possibilités. Vous pouvez plus facilement récolter les montants visés à une valorisation favorable.
Il est préférable de choisir une Bourse locale, vous passerez moins inaperçu et les analystes locaux vous suivront plus rapidement, ce qui favorisera votre introduction. Certaines entreprises choisissent la Bourse en fonction de leur technologie, mais ce n’est pas toujours un choix positif.
7.Quels sont les aspects à prendre en compte ?
Ils sont nombreux. C’est un processus intense de trois à six mois, qui exige une bonne organisation. L’entreprise choisit ses conseillers et un syndicat d’organismes financiers. Elle rédige un prospectus en respectant des critères stricts. Elle fait examiner ces documents sous l’angle juridique et financier, fait une présentation, demande l’avis de juristes et d’un auditeur. Quand c’est prêt, elle lance une " intention to float ", l’annonce de son entrée en Bourse. Elle passe au volet marketing avec les tournées de présentation, etc. Fixez un prix d’introduction correct pour que l’investisseur puisse tirer profit de l’opération. Les organismes financiers qui accompagnent l’opération établissent un carnet d’ordres. Vous fixerez le prix d’introduction avec eux.
8.Que se passe-t-il après ? Certaines actions sont peu suivies, cela les pénalise-t-il ?
C’est exact. Une entreprise cotée en Bourse doit entretenir le dialogue avec la presse financière, les analystes et les investisseurs. Cela demande beaucoup de travail et il arrive que le retour soit très faible, voire inexistant. Il est vrai que les petites entreprises n’attirent pas d’elles-mêmes l’attention nécessaire et doivent investir davantage dans cet aspect des choses.
9.Quel est le bon état d’esprit ?
Ayez conscience que vous récupérez des actionnaires qui ne vous connaissent pas toujours très bien et avec lesquels vous devez communiquer sérieusement. Notre conseil : " underpromise and overdeliver ", promettez moins que ce que vous pouvez faire et réalisez plus que ce que vous promettez.
10.Quels sont les aspects les plus sous-estimés ?
C’est précisément le contrôle des attentes. Continuez à publier des rapports et à dialoguer, même si vous traversez une passe difficile. Maintenez l’attention de l’investisseur. Efforcez-vous de parler aux analystes, mettez sur pied des tournées de présentation. Bref, continuez votre storytelling.