Si un manager souhaite tirer le meilleur de son équipe, il doit se comporter en coach, estime Annemie Viaene, du conseiller en leadership Accord Group. “La première étape consiste à croire au potentiel de vos collaborateurs.”
Le coach se tient au bord du terrain de sport et donne des instructions à ses joueurs. Il les encourage, les pousse à aller de l’avant et essaie de leur faire donner le meilleur d’eux-mêmes pendant toute la durée de la rencontre. Durant la mi-temps, ils revoient ensemble la stratégie. Quels sont les problèmes? Comment faire mieux? Ils discutent et mettent les choses au point afin que l’équipe soit encore plus forte tout au long de la seconde moitié du match.
“À l’instar d’un coach sportif, un manager veut tirer le meilleur de ses collaborateurs”, souligne Annemie Viaene, Executive Leadership Coach chez Accord Group. “Les managers qui se comportent en coachs partent d’un schéma de pensée qui favorise le capital humain. La première étape consiste à croire au potentiel de vos collaborateurs. Par ailleurs, l’entreprise doit créer un cadre qui a du sens. Un manager doit interpréter ce cadre afin d’amener ses collaborateurs à y adhérer.”
Solutions
Comme le coach d’une équipe sportive, le manager en entreprise doit connaître les forces et les faiblesses de ses collaborateurs, afin d’en retirer le maximum, mais aussi la situation de ses collaborateurs, leur potentiel et la façon dont il peut les aider à déployer leurs ailes. Par ailleurs, il doit faire en sorte que les membres de son équipe collaborent efficacement. Il joue ainsi à la fois le rôle de coach personnel et de coach d’équipe.
Il est essentiel que le manager-coach parte de l’idée qu’il souhaite faire évoluer ses collaborateurs et leur permettre de se découvrir, sans adopter un style directif.
“Le style de management est important”, ajoute Annemie Viaene. “Comment faire passer certains messages? Pour un manager-coach, tout tourne autour du dialogue. Il faut veiller à établir une communication bidirectionnelle dans le cadre d’une relation basée sur la confiance. Il est essentiel de partir de l’idée que vous souhaitez faire évoluer vos collaborateurs et leur permettre de se découvrir sans adopter un style directif. Les coachs essaient de créer un cadre exploratoire à l’aide de questions qui donnent aux collaborateurs le sentiment qu’ils peuvent avancer des idées, trouver des solutions et qu’ils ne sont pas noyés de solutions toutes prêtes imaginées par leur manager. Les collaborateurs ne se sentiront impliqués que s’ils peuvent trouver eux-mêmes des solutions.”
Un coach crée un cadre au sein duquel les collaborateurs ont le pouvoir de se déployer et joue les “sparring-partners” auxquels le collaborateur peut s’adresser en toute confiance. “Cela exige de développer une capacité d’écoute, de s’intéresser aux autres, mais aussi de se montrer humble et d’accepter du feed-back et des critiques éventuelles.”
Micro-manager
À l’opposé du manager-coach, on trouve le micro-manager, qui craint de ne pas savoir ce que font ses collaborateurs et qui les contrôle et les dirige de manière obsessionnelle.
Les coachs doivent créer un cadre dans lequel les collaborateurs et les équipes ont le sentiment qu’ils peuvent avancer des idées et trouver des solutions au lieu d’être inondés de solutions toutes prêtes.
“Tout le monde ne sait pas lâcher du lest et ne possède pas cette curiosité naturelle”, consent Annemie Viaene. “Ceci dit, le coaching est un métier qui peut s’apprendre, du moins dans une certaine mesure. Vous pouvez apprendre à poser les bonnes questions et la façon d’amener votre équipe à penser en termes de solutions. Il existe des méthodologies spécifiques. En appliquant ces techniques, vous pouvez approfondir votre connaissance des personnes, mieux les évaluer et, à partir de là, les encourager à trouver des solutions.”
En eaux troubles
Annemie Viaene voit plusieurs pièges pour les coachs internes. “Dans une entreprise, tout le monde nage dans les mêmes eaux. Au bout d’un moment, on n’en remarque plus la qualité. Elles peuvent être troubles sans que personne s’en aperçoive… Dans ce cas, il convient de faire appel à un regard extérieur.”
Le calme est également un facteur crucial si l’on aspire à un coaching de qualité. “Les managers se retrouvent souvent dans le feu de l’action, il se passe beaucoup de choses dans une entreprise. Reste qu’il faut à tout prix créer une bulle dans laquelle on peut se retrancher, même si ce n’est pas toujours facile.”
Les coachs ne doivent pas oublier qu’ils portent eux aussi un sac à dos, c’est-à-dire qu’ils traînent un passé qui peut les amener à éviter inconsciemment certains sujets.
Psychologue
Un autre risque consiste à trop vouloir se comporter en psychologue sans en avoir les qualifications. “Vous devez savoir où sont vos limites et faire appel à d’autres personnes si nécessaire”, prévient Annemie Viaene. “Les coachs ne doivent pas oublier qu’ils portent eux aussi un sac à dos, c’est-à-dire qu’ils traînent un passé qui peut les amener à éviter inconsciemment certains sujets.”
Les entreprises doivent dès lors s’informer avant de se lancer dans le coaching, estime la spécialiste. “Lisez, renseignez-vous à propos du coaching. On rencontre bon nombre de coachs autoproclamés qui n’ont pas suivi de formation… Si vous souhaitez jouer le rôle de coach, faites d’abord appel à un coach et demandez une supervision externe. Cela garantira la qualité de votre action.”