L’expérience et l’expertise sont des composants essentiels pour exercer une fonction de manière professionnelle. Les universités et écoles de commerce, notamment, souhaitent renforcer cette expertise et non seulement préparer leurs étudiants pour le marché du travail, mais aussi les accompagner et les soutenir dans le développement de leur carrière. “Parallèlement, la demande de coaching augmente parce qu’un nombre croissant de personnes se remettent en question et ne savent plus comment se comporter envers elles-mêmes, les autres et le monde en général”, souligne Khadija Badli, Partner chez Accord Group, société spécialisée dans le conseil en leadership.
“Les candidats titulaires d’un doctorat ou d’un MBA sont très recherchés sur le marché de l’emploi. Plus que d’autres, ils ont accumulé des connaissances qu’ils peuvent utiliser lorsqu’ils sont confrontés à des risques ou des opportunités.”
“Ceci étant dit, on peut définir l’expérience de deux façons. Vous pouvez la décrire comme ce que vous avez déjà vécu en espérant pouvoir vous en servir lorsque vous ferez face à des risques et opportunités comparables en tant que manager. Ces expériences vous permettent de gérer certaines situations de façon intuitive et vous aident à assumer vos responsabilités mieux et plus rapidement. Les choses deviennent problématiques si vous continuez à utiliser de vieilles recettes pour régler des problèmes exigeant une nouvelle ou une autre perspective. En tant que leader, vous risquez alors d’être rangé dans la catégorie In the box thinking.”
Anticiper au lieu de s’adapter
“L’époque actuelle rend cette définition de l’expérience moins pertinente parce qu’elle n’offre plus d’avantage concurrentiel. Lorsqu’un collaborateur accomplit son travail sur la base d’anciens cadres de référence, il arrive à un point où la ‘meilleure pratique’ est dépassée et où l’expérience n’offre plus de solution pour répondre à la complexité croissante à laquelle les organisations sont aujourd’hui confrontées.”
Les choses deviennent problématiques si vous continuez à utiliser de vieilles recettes pour régler des problèmes qui exigent une nouvelle ou une autre perspective.
“Dans ce monde VUCA (Volatility, Uncertainty, Complexity and Ambiguity, NDLR), c’est l’attention portée à ce que les leaders sont capables de vivre, même si ce n’est pas encore physiquement vécu ou décrit, qui fait la différence. Si l’on veut réussir comme leader, il est désormais indispensable d’être conscient des tendances ayant un impact sur les produits et services, ainsi que de l’expérience et de la plus-value qu’ils apportent aux clients et aux autres parties prenantes. Sinon, vous restez bloqué au niveau de votre propre cadre de référence et vous cherchez surtout des façons de vous adapter au lieu d’anticiper l’évolution du marché.”
Raison d’être
“Pour pouvoir expérimenter tout cela, il faut plus que jamais être conscient de la place occupée par une organisation ou un secteur dans la chaîne de valeur et comprendre quelles sont les forces motrices qui auront un impact sur notre futur, plus encore que ce que l’entreprise offre comme produit ou service. Il est essentiel de réaliser que les activités d’une organisation sont l’externalisation d’une intention ou d’un objectif qui évolue également.”
“Pourquoi sommes-nous ici, en tant qu’entreprise? Voici une question que tous les CEO devraient se poser pour se tourner ensuite vers les évolutions sociétales qui auront un impact sur leur entreprise. La blockchain et l’intelligence artificielle sont bien plus que de simples façons de collecter des données sur l’expérience recherchée par les parties prenantes. Il s’agit d’évolutions sociétales qui ont un impact sur la raison d’être des organisations.”
“On peut dire la même chose de tendances comme l’évolution vers le Net Zéro et vers davantage de cohésion. Réduire les émissions de CO2 n’équivaut pas à mettre en place un modèle d’exploitation Net Zéro ou à contribuer au développement durable de la société. Ces deux objectifs diffèrent très fortement dans ce que les managers peuvent expérimenter.”
Attentes complexes
“Les candidats à un poste de CEO ont tout intérêt à ne pas limiter les informations reprises sur leur CV à leur expérience passée, mais à montrer clairement comment ils voient les évolutions sociétales et ce qu’elles signifient pour l’organisation dont ils souhaitent prendre les rênes.”
“Et ceux qui, en tant que membres du comité de rémunération, sont chargés de trouver un CEO capable de mener l’entreprise à un niveau supérieur, devront réfléchir à ce dont le futur patron doit être capable de faire l’expérience pour répondre aux attentes chaque jour plus complexes de la société.”