Olivier Lambert veut faire de Cefora un véritable “partenaire de compétences” pour les entreprises. Et notamment les PME, “qui ont souvent trop de fers au feu pour développer une stratégie de formation”.
Pourquoi, dans le débat économique actuel, est-il important de parler de formation?
Olivier Lambert (directeur général de Cefora): “La Belgique s’est fixé un ambitieux objectif de 80% de taux d’emploi. Or, le nombre de métiers en pénurie augmente chaque année. Le fossé entre le besoin de compétences des entreprises et les compétences disponibles s’agrandit sans cesse. Face à cette réalité, les acteurs doivent prendre leurs responsabilités et se mobiliser, car la formation est une cause majeure.”
De quels acteurs parlons-nous?
O.L.: “Bien entendu, les pouvoirs publics ont un rôle à jouer. Le droit individuel à la formation institué par le deal pour l’emploi est un progrès intéressant, mais il ne résoudra pas tout. De leur côté, les entreprises doivent réaliser que le mouton à cinq pattes n’existe pas et que leur responsabilité est de proposer des trajets de développement de compétences dès l’entrée en fonction d’un collaborateur. Les individus, eux, doivent bien sûr prendre en main leurs apprentissages. Former, c’est ainsi créer de la valeur à la fois individuelle et partagée.”
Quelle est, dans ce contexte, la mission dévolue à Cefora?
O.L.: “Soutenus financièrement par le secteur de la commission paritaire 200, nous développons des programmes pertinents et qui répondent aux enjeux. Mais nous définir simplement comme un organisme de formation est trop étriqué. Les formations ne sont qu’un moyen. Notre raison d’être est d’assurer l’employabilité durable de chaque individu en même temps que la disponibilité des compétences, afin de rendre les entreprises plus agiles et compétitives. Pour autant, je ne peux me satisfaire du taux de participation actuel à nos formations, qui reste trop bas.”
Le bien-être passe par le sentiment du travail bien fait. Or, pour cela, il faut disposer des outils et compétences adéquats. Voilà en quoi la formation est essentielle à l’épanouissement.
Les entreprises manqueraient-elles d’une vision stratégique en la matière?
O.L.: “Tout dirigeant qui regarde vers l’avenir sait que la question des compétences doit être au cœur de sa stratégie. Mais là où une grande entreprise dispose de toutes les ressources pour la concevoir et la mettre en œuvre, les PME ont souvent trop de fers au feu pour vraiment y penser. À leurs côtés, nous pouvons être un véritable ‘partenaire de compétences’.”
Quelle place les jeunes générations accordent-elles à la formation?
O.L.: “Je pourrais répondre avec trois casquettes. En tant qu’opérateur de formation, je constate que l’âge moyen de nos participants demeure élevé. Le dirigeant d’organisation que je suis, lui, voit de plus en plus de jeunes exprimer leurs exigences autour de la question du sens, mais pour qui le travail n’est pas nécessairement central – plutôt un moyen d’atteindre d’autres objectifs. Enfin, moi-même père de jeunes adultes, j’observe des façons d’envisager sa carrière totalement non linéaires. Il faut imaginer des modèles de formation qui répondent à ces nouveaux rapports au travail. Le format est capital, mais cela ne veut pas forcément dire du 100% digital. Le présentiel permet ces moments partagés dont on a besoin pour créer du lien et une dynamique. Car fondamentalement, l’apprentissage est et reste une activité sociale.”
La formation n'est-elle pas aussi un facteur de bien-être, tant recherché aujourd’hui?
O.L.: “S’assurer que le collaborateur s’épanouisse, c’est le prendre en compte en tant qu’individu complet qui a besoin de sens et de développement personnel, donc d’apprentissage. Le bien-être passe également par le sentiment du travail bien fait. Or, pour bien faire son travail, il faut disposer des outils et compétences adéquats. Voilà en quoi la formation est essentielle à l’épanouissement.”