Lorsqu’on les interroge sur leurs préoccupations majeures, les décideurs IT citent la stratégie d’architecture IT et le cloud juste après la cybersécurité. Loin de l’image “basique” que peut en avoir le grand public, le cloud exige des entreprises une réflexion au long cours, et une stratégie qui les soutienne dans la fameuse “transformation digitale”, prévient Gaëtan Willems chez Proximus.
On parle beaucoup de transformation digitale des entreprises. Mais Gaëtan Willems, Head of Hybrid Cloud chez Proximus, l’assure: elle ne se fera pas sans le cloud. “Cette transformation touche les entreprises à de multiples niveaux: leurs employés, leurs clients, leurs process, et surtout leur façon de faire du business en général. Et pour tout cela, elles auront besoin de la puissance et de l’innovation qu’offre le cloud.”
L’expert chiffre entre 15 et 20% la croissance du cloud dans notre pays dans les cinq prochaines années, private et public clouds confondus. Si quelque 60% des entreprises belges ont déjà l’une ou l’autre activité dans le cloud aujourd’hui, ce phénomène tendra à s’amplifier et s’accélérer dans les années à venir.
La transformation digitale touche les entreprises à de multiples niveaux. Et pour cela, elles auront besoin de la puissance et du service du cloud.
Reste que les départements IT se rapprochent constamment du business proprement dit de l’entreprise. “L’agilité qu’ils lui apportent détermine ses performances et donc sa croissance. Les managers IT deviennent de vrais productivity managers. Car si l’accès des employés et des clients aux outils et à l’information est difficile, c’est toute la productivité de l’entreprise qui est atteinte.”
Les 4 piliers de la stratégie cloud
Outre les aspects innovatifs, une bonne stratégie cloud doit poursuivre quatre objectifs. “Tout d’abord, elle doit doper la flexibilité et la mobilité au sein de l’entreprise”, éclaire Gaëtan Willems. “Les clients comme les employés doivent avoir accès aux données et produits de la société, où et quand ils le souhaitent. Et ce, de manière efficace, conviviale et rapide. Il s’agit aussi et surtout de rester pertinent vis-à-vis du client. Par exemple au travers de l’exploitation des données, et de l’utilisation d’outils précieux comme l’intelligence artificielle, qui nécessite les capacités importantes que l’on trouve dans le cloud.”
La continuité est un autre critère de réussite. “Les applications doivent être disponibles en permanence, et leur sécurité garantie à chaque étape de l’utilisation. De plus en plus de clients entreprises pensent ainsi à accroître l’utilisation du cloud en tant que service. Cela leur permet en outre de diminuer leur dépendance envers leur infrastructure propre, et à leur département IT de se concentrer sur la stratégie et l’évolution du paysage applicatif.”
Enfin, le cloud doit supporter la gestion des coûts. Développer ses propres centres de données reste un investissement considérable qui, s’il peut dans certains cas être justifié, devra être amorti dans le temps. “Il faut souvent dimensionner l’infrastructure de façon à pouvoir faire face à des surcharges périodiques, comme Noël avec l’e-commerce. Ce qui représente un coût non négligeable. À l’inverse, un partenaire cloud externe est capable de satisfaire à ces peaks de capacités sans investissement préalable du client.”
Cloud sur mesure
Sans oublier la complexité d’une infrastructure multisupport, où les applis évoluant dans différents clouds doivent pouvoir interagir sans heurt et en toute sécurité avec leurs utilisateurs. D’où l’importance de s’entourer de partenaires spécialistes de ces questions. Dans le monde post-Covid, les opportunités offertes par le cloud ne cesseront de s’étoffer et de se multiplier, prévoit Gaëtan Willems. “Les entreprises n’auront plus la possibilité de suivre qualitativement l’ensemble de ces évolutions et devront pouvoir faire appel à des partenaires à la pointe, aptes à les orienter et les accompagner vers la solution sur mesure qui correspond parfaitement à leurs exigences spécifiques.”
Les managers IT deviennent de vrais productivity managers, car si l’accès des employés et des clients aux outils et à l’information est difficile, c’est toute la productivité et la compétitivité de l’entreprise qui est atteinte.
Ainsi, une entreprise qui doit exploiter une immense quantité de données ira chercher des services de deep learning et d’IA du côté d’hyperscalers comme AWS, Google et Microsoft. En revanche, l’utilisation de ces informations pour une usine de production dont les machines doivent pouvoir travailler avec des données en temps réel impliquera plutôt le déploiement d’une infrastructure proche des utilisateurs – c’est l’edge computing.”
Chaque cas est particulier. Et, loin de l’image “basique” qu’en a le grand public, le cloud est une réalité des plus sophistiquées dans le monde des entreprises. “Regardez: j’ai devant moi un GSM, une tablette et un ordinateur”, illustre Gaëtan Willems. “Où que je sois, tous ces appareils sont connectés à l’infrastructure générale comme peuvent également l’être des objets ou des machines grâce à l’IoT (Internet of Things, NDLR). Chacun doit accéder aux bonnes applis situées dans différents endroits (SaaS, public cloud, etc.), en toute sécurité.”
Hybrid cloud
C’est ce que, chez Proximus, on appelle l’infrastructure hyperconnectée: “Une chaîne de bout en bout, comprenant une couche de connectivité (5G, par exemple), une couche applicative et, tout au long de la chaîne et sur chaque élément de celle-ci, une sécurisation des données depuis l’élément connecté jusqu’à son application dans un centre de données. Une infrastructure hyperconnectée de qualité est cruciale, on l’a bien observé durant le confinement. Or, cette ‘complexité’ doit rester cachée à l’utilisateur final.”
La pandémie de coronavirus va encore accélérer la migration vers le cloud. “Nous avons reçu beaucoup de demandes ‘urgentes’ de renforcement des infrastructures locales durant le confinement. Bien entendu, l’accès aux données depuis l’extérieur de l’entreprise avait flambé avec la montée en puissance du télétravail. Afin de faire face à ce type de situation dans le futur, toutes les études prédisent une augmentation forte de l’adoption du cloud dans toutes ses dimensions, publique comme privée – cette mixité est ce qu’on appelle le multi-cloud et, dans ses formes plus avancées, l’hybrid cloud.”
Il est très difficile de s’attacher à la transformation de l’ensemble des processus d’une entreprise simultanément. Mais l’amélioration de l’expérience client, de celle de l’employé, des processus opérationnels et autres, demandera une stratégie applicative claire. “C’est pourquoi je dis toujours qu’une approche cloud ne forme pas un but en soi, mais est un moyen pour atteindre sa ‘stratégie’”, conclut Gaëtan Willems. “C’est une réflexion au long cours, non une opération ponctuelle qu’il suffit de décréter. Cette décision impacte l’entreprise à tous les niveaux!”