Certains challengers du secteur automobile ont inscrit les services dans leur ADN et développent un écosystème agile afin d'atteindre des objectifs aussi ambitieux que la neutralité carbone. Dans ce podcast, Lies Eeckman (Polestar Belgique) et Bernard Paque (UCLouvain) évoquent les défis environnementaux que doit relever l’industrie automobile… et les changements fondamentaux qu’ils supposent pour celle-ci.
La marque suédoise de voitures électriques Polestar fait partie du groupe Geely (comme Volvo) tout en disposant de son identité propre, ce qui lui offre une place tout à fait particulière dans son secteur. “Nous sommes nés comme une marque-sœur de Volvo, c’est vrai, mais en juin, nous n’en avons pas moins célébré notre entrée en Bourse Nasdaq”, souligne Lies Eeckman, Managing Director de Polestar Belgique. “En réalité, nous combinons le meilleur des deux mondes: nous avons l'agilité d’une start-up et bénéficions de l'expertise de Volvo, ainsi que de son réseau extrêmement développé.”
Service de mobilité
La notion de service est ici centrale, assure Lies Eeckman. “Pour un entretien, notre client ne doit jamais rouler plus de sept kilomètres. Notre équipe de service aux consommateurs est présente dans nos bureaux. Pour nous, l'orientation consommateur est absolument cruciale.”
“Les fabricants automobiles doivent prendre conscience que vendre une voiture, c'est désormais vendre un service de mobilité et non plus simplement un objet”, confirme Bernard Paque, professeur invité à l’UCLouvain spécialisé dans le management stratégique. “L'expérience du consommateur occupe une place de plus en plus importante dans ce cadre. Les gens prennent la décision d'acheter une voiture non pas pour la marque ou la technique, mais pour la qualité du service en agence ou lorsqu'ils ont un problème, par exemple.”
“Les gens prennent la décision d'acheter une voiture non pas pour la marque ou la technique, mais pour la qualité du service”
Voiture 100% CO2-neutre
Au-delà du service au consommateur, le dossier majeur du moment est celui de l’impact environnemental de la voiture. Et à ce titre, Polestar a développé tout un écosystème qui lui permet d’afficher ses ambitions. “Le Green Deal européen vise un objectif de zéro émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050, mais cela nous semble trop lent”, avance Lies Eeckman. “Nous avons donc lancé notre projet Polestar 0, avec pour but de construire une voiture totalement neutre d’ici à 2030. Notre dernière mise à jour de notre modèle Polestar 2 en est un excellent exemple: nous ne travaillons désormais qu’avec des fournisseurs utilisant des énergies renouvelables pour la production d’aluminium. Avec, à la clé, un gain de 1.350 kg de CO2 par voiture produite.”
“Avec notre projet Polestar 0, nous avons pour but de construire une voiture totalement neutre en émissions carbone d’ici à 2030”
Pour l’avenir, Bernard Paque voit deux grandes tendances stratégiques: “Un changement drastique dans nos habitudes de consommation, tout d’abord, avec l’importance du coût total de possession (TCO), qui permet de réellement comparer les véhicules électriques et thermiques. Ensuite, les entreprises impliquées dans un gros effort de manufacturing ne pourront plus faire l’économie de la dimension soutenable écologiquement et éthique de leur activité. Cela impliquera un traçage – via une technologie comme la blockchain – de toutes les étapes, de la production jusqu’au recyclage en passant par la revente.”