La voiture électrique est-elle condamnée à être trop chère ou va-t-elle se démocratiser? Aura-t-on seulement le choix, à l'heure où l’Europe vise une sortie complète des combustibles fossiles? Jean-Marc Ponteville (Volkswagen) et Axel Coussement (ULB) évoquent les enjeux de l’accessibilité de la conduite électrique dans ce nouveau podcast.
On voit que le marché de la conduite électrique se compose pour l'essentiel de gros SUV. Faut-il y voir un paradoxe? “Le succès des SUV tient au fait que ce sont des voitures dotées d’un vaste espace intérieur – ils ont remplacé les monovolumes”, avance Jean-Marc Ponteville, Head of Press & Public Relations chez Volkswagen. “Or, ils suivent naturellement l'évolution de la technologie, et donc passent progressivement à l’électrique. L'inconvénient, c'est qu'ils restent grands, lourds, et consomment davantage d'énergie que des voitures classiques. Il faut plutôt y voir une étape dans une longue évolution.”
L’électrification de notre mobilité, voulue par l’Europe, entraîne son lot de questionnements, ajoute Axel Coussement, professeur et chercheur à l’ULB, spécialiste des énergies moteurs. “Est-ce qu'on y va à marche forcée? Oui. Est-ce qu'on y va de manière aveugle? Peut-être un peu. On sait qu'on va devoir changer complètement la manière de produire notre énergie, et dans le même temps, on s’impose de plus en plus de contraintes: la voiture, le chauffage, l’industrie lourde, etc.”
Réponse réaliste
“La voiture électrique est la réponse technologique la plus réaliste à la volonté européenne de diminuer les émissions de CO2 pour arriver quasiment à zéro en 2050”, nuance Jean-Marc Ponteville. “Bien évidemment, cela va bousculer la production des voitures dans les usines, mais aussi le marché lui-même.”
Peut-on, dans ce cadre, s’attendre à une baisse du prix des voitures électriques? “Soyons clairs, la voiture électrique est encore trop chère pour beaucoup d'entre nous. C'est le rôle du haut de gamme que d'introduire les innovations sur le marché. Par la suite, on observe généralement une diminution des prix grâce à des économies d'échelle, et finalement cela devient quelque chose de presque standard. Naturellement, il faut faire en sorte que la voiture électrique se démocratise. Un modèle de Volkswagen, l’ID.2, va ainsi arriver sur le marché à partir de 25.000 euros, nettement en dessous des tarifs actuels.”
Peut-être que, pour nos habitudes ou pour l'infrastructure, on va un peu vite avec la voiture électrique. Mais face aux objectifs environnementaux, on devrait aller encore plus vite!
Trop vite… ou pas assez?
Cela pose la question de la transition, reprend Axel Coussement. “Est-ce que, dans 15 ans, on aura tous une voiture électrique, ou est-ce qu'on gardera une voiture thermique mais roulant au biofioul? L'idée de l'Europe de tout miser sur une seule technologie est un peu dangereuse de ce point de vue.”
“Avec l’électrique, on ouvre une nouvelle page de l'évolution de l'automobile”, conclut Jean-Marc Ponteville. “Et cela va extrêmement vite: environ 20% des commandes actuelles concernent des voitures électriques – on était à 3% ou 4% voici trois ans. Il y a des objectifs clairs, une vision claire, un enjeu de société. Peut-être que, pour nos habitudes ou pour l'infrastructure, on va un peu vite. Mais ce qui est certain, c'est que, face aux objectifs environnementaux, on devrait aller encore plus vite!”
Est-ce qu'on y va à marche forcée en matière de mobilité électrique en Europe? Oui. Est-ce qu'on y va de manière aveugle? Peut-être un peu aussi.
Votre première voiture?
Jean-Marc Ponteville: “Une ancienne Peugeot 504 que j'ai emmenée traverser le désert. Elle a très bien tenu! Elle m’a permis de vivre l'aventure jusqu'au bout… mais elle est restée là-bas.”
Axel Coussement: “Une vieille Opel Astra. La première voiture de jeune, quoi! On a fait les 400 coups avec elle, avec beaucoup de bons souvenirs.”
Votre voiture actuelle?
Jean-Marc Ponteville: “Dans nos métiers, on est amené à rouler avec beaucoup de voitures différentes. J'utilise aujourd'hui une Volkswagen ID.4, 100% électrique.”
Axel Coussement: “Une Peugeot 3008 qui doit être bientôt changée, un diesel. J'aurai peut-être la chance de rouler en ID.4 dans peu de temps!”
La voiture de vos rêves?
Jean-Marc Ponteville: “Comment ne pas être fan du fameux bus de Volkswagen, qui devient lui aussi électrique avec l’ID. Buzz et qui, un jour, me conduira au bureau tout seul.”
Axel Coussement: “Une McLaren Senna, la dernière voiture supersport faite uniquement avec du thermique – le firmament de cette technologie.”