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À revoir au cinéma: "Conclave", le pape est mort, vive le pape!

"Conclave" (2024) d'Edward Berger, avec Ralph Fiennes, d'après le roman de Robert Harris. ©Belga

À l'occasion de la mort du Pape François, ce lundi de Pâques, on ira revoir le thriller de Nanni Moretti, toujours à l'affiche, qui traite de la mécanique très cynique et politique de la succession d’un pape...

Cinéma

"Conclave"

Par Edward Berger.

Avec Ralph Fiennes, Stanley Tucci, Isabella Rossellini, John Lithgow, Sergio Castellito…

À voir à partir du 11 décembre

Note de L'Echo:

Le pape est mort. Les gestes s'enchaînent: pas précipités dans les longs couloirs de marbre… Léger voile immaculé posé sur le visage sans vie de Sa Sainteté… Sceaux de cire rouge apposés sur les scellés de soie accrochés à la porte du saint pontife, parti pour le paradis (et pour la morgue)…

Un cardinal est en charge du conclave qui doit se mettre en place au plus vite: le Britannique Lawrence. Car bientôt, les portes de la chapelle Sixtine vont se refermer, et les fameux cent-huit cardinaux vont devoir voter pour leur préféré, avec fumée blanche à la clé. Déjà, des factions se dessinent, alors que les hommes d'Église affluent du monde entier. On se jauge, on se regroupe, on échange les derniers potins d'un air détaché, mais d'une langue de vipère…

Tour à tour, le spectateur sera partagé, entre la fascination et le dégoût.

Le Vénitien Tedesco, réactionnaire, souhaite revenir au plus vite à une Église plus traditionnelle et plus ferme. L'Américain Bellini, lui, veut s'ouvrir à la modernité, quitte à envisager l'homosexualité comme une pratique acceptable, et les femmes comme une minorité un peu moins invisibilisée… Alors que chacun se défend de vouloir prier pour sa chapelle avec l'espoir de toucher du doigt l'anneau papal, un cardinal non répertorié vient frapper aux portes du Vatican…

"Conclave" suit la structure d'un thriller, ou comment l'élection d'un nouveau pape dégénère en jeux politiques sournois.
"Conclave" suit la structure d'un thriller, ou comment l'élection d'un nouveau pape dégénère en jeux politiques sournois. ©Courtesy of Focus Features. © 2024 All Rights Reserved.
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Fascination ou dystopie?

Passionnant "Conclave"! Tour à tour, le spectateur sera partagé, entre la fascination et le dégoût. Fascination pour les marbres, les ors et la pourpre, pour tout ce décorum grandiose, et ces hommes qui semblent investis d'une mission sacrée. Dégoût, également, car la narration et les non-dits nous font ressentir ces rituels comme une mise en scène pompeuse, glaciale, mortifère. Et ces images de cardinaux rouge vif, qui se détachent sur les fonds crème du décor avec des mines d'une importance presque comique, nous laissent parfois avec une impression de dystopie absurde, alors que les images proposées (chasuble, génuflexion, mitre, confession) devraient faire appel à quelque chose de rassurant – surtout à nous, Occidentaux qui, tradition oblige, connaissons bien les clés du dogme catholique…

Les acteurs jubilent: les costumes, les lieux, les lumières et les enjeux les chargent d'une aura très spéciale.
Les acteurs jubilent: les costumes, les lieux, les lumières et les enjeux les chargent d'une aura très spéciale. ©Courtesy of Focus Features. © 2024 Focus Features, LLC. All Rights Reserved.

Une dimension politique

Le réalisateur Edward Berger ("A l'Est rien de nouveau") le revendique: il voulait montrer qu'au Vatican aujourd'hui, tout est essentiellement politique, bien avant d'être religieux.

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Les coups bas qui s'enchaînent et les alliances secrètes rappellent ici les codes des films de mafia.

Et, de fait, les coups bas qui s'enchaînent et les alliances secrètes rappellent ici les codes des films de mafia. Et l'anneau pontifical tant espéré de se superposer alors dans nos esprits à l'anneau de pouvoir forgé en Mordor dans d'autres récits fantastiques, les cardinaux se conduisant ici bien plus comme des loups que comme des agneaux.

Les dialogues font énormément à la réussite du film, tout comme les décors: entièrement récupérée dans les réserves de Cinecitta, la chapelle Sixtine en personne sert ici d'écrin aux votes successifs, pour un résultat oppressant à souhait.

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Les acteurs jubilent: les costumes, les lieux, les lumières et les enjeux les chargent d'une aura très spéciale. Ralph Fiennes est d'une duplicité magnifique, Stanley Tucci dégage une fausse humilité mielleuse à souhait, et Sergio Castellito un autoritarisme… pas très catholique. Voteront-ils en âme et conscience? Dieu seul le sait.

Conclave
Et si on regardait un film de papes?

Sans constituer un poncif, le film de papes a le vent en poupe. Démonstration…

Après le film de zombies, le film de tueur en série, et le film de requin, c'est en train de devenir un genre en soi: le film de papes. De là à dire que la figure du pontife condense les trois types de héros précités, il n'y a qu’un pas… que le cinéma mondial n'a pas hésité à franchir.

"L'enlèvement" (Marco Bellochio, 2023)

En 1858, la jeune nourrice bigote d'une famille juive de Bologne baptise l'un des fils "pour le sauver". Pie IX fait enlever l'enfant à sa famille, pour l'élever dans la foi catholique (et sous bonne garde). L'affaire, qui prend des proportions internationales à mesure que le Vatican refuse de rendre l'enfant kidnappé, créera une nouvelle vague d'antisémitisme en Italie.

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"Les deux papes" (Fernando Meireilles, 2017)

Anthony Hopkins fait merveille en Benoît XVI, vieillissant, mélomane, colérique, et qui veut se défaire de sa charge. Il convoque à Rome un évêque argentin démissionnaire (Jonathan Pryce)… dont il n'acceptera pas la démission, préférant lui refiler la patate chaude (et la papauté, sous le nom de François). Cette rencontre va réveiller leur conscience: et si on changeait les choses? Après avoir étudié leur marge de manœuvre au sein du Saint-Siège, la décision s'impose: ne changeons rien. Tout va bien.

"Habemus Papam" (Nanni Moretti, 2011)

À la mort du pape, le conclave se referme sur les cardinaux. Contre toute attente, Melville (Piccoli, grandiose) est élu. Mais au moment de se montrer au balcon, pris de doute, il recule, ne se sentant pas légitime pour s'asseoir sur le siège de Pierre. À cours d'idée, on convoque un psychanalyste (Moretti en personne), pour s'entretenir d'urgence avec Sa Sainteté… Dès les premières secondes du film, la pompe vaticane, avec son luxe et ses symboles, apparaît en opposition directe avec les idéaux chrétiens d'amour, de partage, de pureté. Un must!

"Amen" (Costa-Gavras, 2002)

Le sujet? La responsabilité directe du Vatican dans le silence et l'inaction des puissants pendant la Shoah. Soit l'histoire d'un officier allemand très croyant, mais responsable de l'approvisionnement des camps en Zyklon B, qui va tenter d'alerter les autorités catholiques, par l'intermédiaire d'un jeune Jésuite, très bien introduit (Mathieu Kassovitz). L'idéaliste espère convaincre Pie XII d'une condamnation officielle des crimes nazis. Il va se confronter à une réalité: l'Église n'est plus une institution à vocation spirituelle, mais bien une entité purement politique, aussi cynique que les autres.   

"The Young Pope" (Paolo Sorrentino, 2016)

On termine avec l'extraordinaire mini-série signée Paolo Sorrentino, avec Jude Law. À la mort du pape (encore!), on se rabat sur un jeune cardinal discret, poli, bien fait de sa personne, et sûrement manipulable. Hélas! On n'avait pas décelé le mystique sous la chasuble. Ni les doutes existentiels sous la prière. Pie XIII (le nom qu'il s’est choisi) enchaîne les frasques et les déclarations ambiguës. Saint, ou démon? Les deux, c'est encore mieux. Les autres cardinaux vont alors tout faire pour récupérer le pouvoir au plus vite, quitte à bafouer tous les fondements de l'Église…

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Valentine Godin compte prochainement s'attaquer au marché du football.
En deux ans, Maya s’impose dans 150 clubs de golf et vise le football professionnel
La start-up Maya, qui développe une plateforme dans la gestion des clubs de golf, est en pleine croissance. En deux ans, l'entreprise est passée de 20 collaborations à 150, partout dans le monde. À moyen terme, les clubs de football pourraient aussi faire partie de ses clients.
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