Nauru
La plus petite république du monde
L’île compte un peu plus de 10.000 habitants répartis sur une surface de 21 km². Minuscule Etat, Nauru est la plus petite république de la planète. Une seule et unique route suit les contours, tout en rondeur, de l’île.
Nauru
Pleasant Island
En 1798, les Occidentaux découvrent l’île. Le baleinier “Hunter”, commandé par le capitaine anglais John Fearn, s’approche des rivages de Nauru. Les autochtones viennent à la rencontre du navire avec enthousiasme.
Impressionné par la beauté de l’île, le capitaine la nomme «Pleasant Island». Les origines de l’île et de ses habitants demeurent relativement méconnues. Durant des milliers d’années, elle fut une terre colonisée par les oiseaux lors des migrations.
Nauru
L’île du phosphate
Un siècle plus tard, en 1896, un capitaine de navire ramasse sur l’île une étrange pierre qui ressemble à du bois pétrifié. Il la ramène en Australie, au siège de son employeur, la “Pacific Island Company”.
Traînant sur le sol d’un bureau pendant trois ans, elle sert à caler une porte…En 1899, Albert Ellis, qui travaille également pour cette compagnie, est intrigué par cette pierre. Il la fait analyser. Le résultat est stupéfiant: la pierre se révèle être du phosphate pur. Le destin de Nauru est désormais scellé. Il sera inséparable de celui du phosphate.
Nauru
Une mine à ciel ouvert
À l’aube du XXe siècle, Nauru devient un enjeu minier majeur. Tous les empires coloniaux ont besoin de matières premières. L’extraction du phosphate débute en 1907.
Durant des décennies, les compagnies occidentales vont exploiter les ressources de l’île. Nauru passe successivement entre les mains des Allemands, des Anglais et des Australiens.
Son avenir s’écrit au gré de l’histoire et en fonction de rapports de force qui se jouent à des milliers de kilomètres de là.
Nauru
L’indépendance
Durant la Seconde Guerre mondiale, l’île est occupée par les Japonais, qui déportent la population. L’évènement est traumatisant. Après la guerre, Hammer DeRoburt est l’un des premiers Nauruans à quitter l’île pour partir étudier à l’étranger. Selon lui, les puissances étrangères n’ont fait qu’affaiblir son peuple.
Au milieu des années 50, il entame donc des négociations compliquées avec l’Australie pour obtenir l’indépendance. En 1968, il devient le premier président de la république de Nauru.
Il décide de nationaliser l’exploitation du phosphate.
Nauru
Une nouvelle Arcadie
Une grande partie des revenus de l’exploitation minière est reversée aux habitants de l’île. Bien que Nauru obéisse à un capitalisme exacerbé, le système se veut, d’une certaine façon, “collectiviste”.
Nauru devient rapidement le pays ayant le PIB/hab le plus élevé du monde (20.000 dollars par habitant). Le travail minier n’est pas assuré par les Nauruans, mais par des immigrés chinois.
Les caisses de l’Etat étant toujours pleines, les habitants ne payent pas d’impôt. L’eau et l’électricité sont gratuites, de même que les soins de santé.
Nauru
L’effondrement de la culture traditionnelle
L’île apparaît de plus en plus comme un véritable paradis consumériste, où le gaspillage constitue la seule loi. La culture traditionnelle s’effondre. Toute la vie sociale de l’île disparaît.
Plongés dans l’oisiveté la plus totale, les Nauruans préfèrent passer leur temps devant la télé. Le gouvernement va même jusqu’à leur payer des femmes de ménage. La pêche n’est plus pratiquée; les habitants, délaissant les activités de base, achètent des plats préparés aux nombreux commerçants chinois qui se sont installés sur l’île.
Nauru
Une gestion calamiteuse
Dès la fin des années 1960, on sait que l’exploitation du phosphate ne pourra durer qu’une trentaine d’années. L’argent du phosphate doit être investi afin de préparer l’avenir.
Hélas, la corruption et l’incompétence gangrènent tous les niveaux de pouvoir. Nauru se lance dans une série d’investissements qui vont vite se révéler désastreux, notamment une compagnie aérienne: Air Nauru.
Nauru
Le déclin
À partir des années 1990, l’activité économique du phosphate ralentit dangereusement, jusqu’à s’arrêter totalement. 80% de la surface de l’île a été creusée. Le paysage se compose désormais de “pinnacles”, hautes colonnes blanches, résultat de l’extraction massive du phosphate.
Le pays est aux abois. Privés de ressources et habitués à voir l’argent couler à flot, les Nauruans se montrent incapables de réagir.
Le gouvernement se voit contraint d’emprunter à tout va, de voter en faveur de la reprise de la chasse à la baleine pour obtenir quelques subsides, mais aussi de louer une partie du territoire à l’Australie, qui y installe des camps de détention de migrants.
Nauru
Une catastrophe écologique et humaine
Défigurée par des décennies d’exploitation minière, l’île, parsemée d’infrastructures à l’abandon, cumule aujourd’hui d’autres statistiques records: 90% des Nauruans sont au chômage, 80% souffrent d’obésité morbide (soit 4 habitants sur 5) et 40% d’un diabète de type II.
Le diabète est devenu la première cause de mortalité sur l’île. A la pointe dans les années 70, l’hôpital est aujourd’hui vétuste. Nauru fait face à un immense problème de santé publique.
L’espérance de vie a chuté à tel point que la survie de la population n’est plus assurée. L’espoir d’une reprise économique réside entièrement dans l’exploitation d’une seconde couche de phosphate.
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