Queimada
Queimada Grande, l’île aux serpents
Il s’appelle Jararaca-ilhoa. Il y a 11.000 ans, ce serpent (de la famille des Bothrops) s’est retrouvé isolé sur l’île de Queimada Grande, au large de Rio de Janeiro.
Déjà pas mal toxique (la morsure de ses congénères vivant en Amérique centrale, Amérique du sud ou dans les Caraïbes est mortelle dans 7% des cas), le venin du Jararaca-ilhoa est devenu encore plus redoutable. Il règne en maître sur l’île. Il n’a plus aucun prédateur et à certains endroits, on en trouverait jusqu’à un par mètre carré.
Résultat, le gouvernement brésilien a interdit tout accès à l’île. Seuls quelques scientifiques ont patte blanche pour y poser le pied. Un vieux phare témoigne d’une présence humaine, mais il n’est plus habité que par cette vipère.
La marine brésilienne y fait encore un arrêt pour l’entretenir, une fois par an, mais depuis 1920, le phare a été automatisé.
Queimada
Des espèces en voie de disparition
Les phénomènes de spéciation et d’envahissement sur les îles comme Queimada Grande s’expliquent par leur isolement. Elles sont difficiles à atteindre pour les espèces animales, la flore y est souvent pauvre et déséquilibrée.
Les espèces endémiques pullulent donc sur les îles desquelles l’homme se tient prudemment éloigné. Mais un taux d’endémisme très élevé est aussi un piège pour ces espèces. N’existant qu’à cet endroit, elles ont aussi un haut taux de risque de disparition. Et la main de l’homme, même indirecte, pourrait causer leur perte.
Sur Queimada Grande, la destruction de la végétation par la marine brésilienne a endommagé l’habitat du Jararaca-ilhoa. Sa population a chuté de 50% ces 15 dernières années. Il est aujourd’hui menacé de disparition.
Nymph
Là où se sont aventurés des scientifiques belges
À deux heures de bateau de Lizard Island, au large de la côte nord du Queensland (Australie), une île va intéresser les scientifiques belges. En 1991, la doctorante en écologie végétale, Anne-Laure Jacquemart (UCLouvain) va se rendre sur Nymph Island, une petite île inhospitalière, durant 3 semaines afin d’étudier sa flore et sa géomorphologie.
«On nous avait donné de vieilles fusées de détresse, en nous conseillant de les tirer le jeudi, en cas de problème. Car le jeudi, sur Lizard, ils font un barbecue sur la plage… Il n’y avait pas intérêt à ce qu’on se blesse le vendredi…»
L’île n’a en effet rien de paradisiaque, entre fourmis qui rentrent dans le nez, les oreilles, la bouche («elles avaient un petit goût acidulé», nous racontes amusée, la scientifique), le corail brut qui déchiquette les pieds, les raies électriques tapies dans l’eau, les requins ou les plantes toxiques.
Ball’s Pyramid
Le rocher aux insectes
Quand on parle d’île imprenable, colonisée par une espèce animale propice aux cauchemars, difficile de ne pas évoquer Ball’s Pyramid.
On vous emmène ici dans la mer de Tasman, au large de l’Australie. A 700 kilomètres des côtes, un majestueux pic rocheux se dresse dans les flots. Aucune végétation. Ball’s Pyramid est ce qu’il reste d’une cheminée volcanique vieille de 7 millions d’années.
Elle est peuplée par un insecte géant de 15 cm de long: le homard des arbres. Une espèce (inoffensive) que l’on croyait disparue depuis 1930, suite à son éradication par des rats sur l’île voisine de Lord Howe. Des scientifiques l’ont redécouvert sur l’un des rares arbustes de l’île en 2001.
Ball’s Pyramid
Des îles protégées
Beaucoup d’îles vierges font partie de réserves et parcs naturels, comme Ball’s Pyramid, intégrée au Lord Howe Permanent Park Reserve afin de contrôler l’introduction de toute espèce exotique envahissante qui pourrait détruire ses insectes.
“L’Australie a catégorisé les îles en trois types: celles où tout le monde peut aller, celles où il faut un permis spécifique et celles uniquement réservées aux scientifiques”, explique Anne-Laure Jacquemart. Hawaii – non protégée – a connu l’effet inverse.
Pendant 70 millions d’années, le taux d’arrivée de nouvelles espèces y était extrêmement lent (une tous les 35.000 ans), en raison de l’éloignement géographique de l’île. Aujourd’hui, sur les 2.690 espèces de plantes que l’on y trouve, les espèces exotiques envahissantes (amenées par l’homme) sont plus nombreuses que les espèces endémiques (que l’on ne retrouve que sur cette île). Résultat: 800 espèces endémiques y sont en voie d’extinction.
Miyake-jima
Île toxique
Il n’y a pas que la faune et la flore qui peuvent rendre une île hostile. Prenez l’île volcanique de Miyake-jima, à 180 km au large de Tokyo. Son volcan, le mont Oyama, est de type hyperactif. Les éruptions se succèdent.
Mais ce qui pose problème, sur cette île de l’archipel d’Izu, ce sont les émanations de soufre. Lorsqu’il entre en éruption, le volcan dégage une épaisse fumée de dioxyde de soufre, un gaz particulièrement nocif.
En 2000, le volcan a failli éclater sous la violence des secousses. L’île a été complètement évacuée, elle a été coupée du monde pendant 5 ans. Les habitants y sont finalement revenus, le tourisme y a repris, mais masque à gaz à l’appui…
Bikini Atoll
Patrimoine mondial
A côté des îles rendues dangereuses par la nature, d’autres îles ont été rendues infréquentables en raison de l’activité humaine. C’est notamment le cas de l’atoll de Bikini, qui fait partie des îles Marshall.
Situé dans le Pacifique, il a été le théâtre de nombreux essais nucléaires américains entre 1946 et 1958. Au début de la Guerre froide, le gouverneur militaire des îles Marshall a demandé aux habitants de prêter leur atoll aux scientifiques américains. La population est déplacée sur l’atoll de Rongerik.
Les essais vont se succéder, 67 exactement, dont 23 explosions de bombes A et H, qui détruiront au passage trois atolls voisins.
Début des années 70, une tentative de réintroduction de la population a été faite, en vain. L’eau et les produits locaux restent contaminés. L’atoll sera inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité, au titre de « symbole de l’entrée dans l’âge nucléaire ».
Farallon
Cimetière nucléaire
Dans la même veine, c’est à quelques miles de la côte californienne que l’on trouve aussi un archipel où l’homme ne peut plus mettre les pieds.
À 44 km au large de San Francisco, les îles Farallon font office de cimetière nucléaire. Entre 1946 et 1970, l'archipel des Farallon a en effet servi de décharge nucléaire pour l'US Navy. On estime que 48.000 fûts de déchets faiblement radioactifs ont été immergés au large des îles.
Au-delà de son potentiel de nocivité pour la santé, l’archipel, composé de rochers affleurant à la surface de l’eau, reste relativement inaccessible. C’est d’ailleurs de là que vient son nom, Farralones signifiant, en espagnol, « rochers ». L’archipel a été cartographié pour la 1ère fois en 1603 par l’explorateur espagnol Sebastián Vizcaíno.
Gruinard
Zone test pour l’anthrax
Au chapitre des îles dévastées par les effets collatéraux de la Seconde Guerre mondiale, on retrouve aussi l’île de Gruinard, au large de l’Ecosse. Les Britanniques s’en sont servis pour tester des armes biologiques, dont les bombes à l’anthrax. Pour leurs tests, ils ont importé sur l’île des brebis vivantes, pas une n’a survécu aux essais.
En 1986, le gouvernement britannique va débourser 500.000 livres sterling pour décontaminer l’île. On utilisera, pour ce faire, du formol. A certains endroits, des bandes de terres seront prélevées et stockées dans des conteneurs scellés. A nouveau, des moutons seront utilisés pour tester les effets du «nettoyage».
Aujourd’hui, l’île est considérée comme décontaminée, mais personne n’ose y mettre les pieds.
Gruinard
Zone test pour l’anthrax
Au chapitre des îles dévastées par les effets collatéraux de la Seconde Guerre mondiale, on retrouve aussi l’île de Gruinard, au large de l’Ecosse. Les Britanniques s’en sont servis pour tester des armes biologiques, dont les bombes à l’anthrax. Pour leurs tests, ils ont importé sur l’île des brebis vivantes, pas une n’a survécu aux essais.
En 1986, le gouvernement britannique va débourser 500.000 livres sterling pour décontaminer l’île. On utilisera, pour ce faire, du formol. A certains endroits, des bandes de terres seront prélevées et stockées dans des conteneurs scellés. A nouveau, des moutons seront utilisés pour tester les effets du «nettoyage».
Aujourd’hui, l’île est considérée comme décontaminée, mais personne n’ose y mettre les pieds.
Poveglia
Île des fantômes
En parlant d’îles hostiles et inhabitées, difficile de passer à côté de Poveglia. Ici, on quitte le champ de la raison pour entrer dans le surnaturel. Pas de bêtes sauvages, d’insectes mortels, ni de produits toxiques. Juste des… fantômes. Dit-on. Un argument suffisant, semble-t-il, pour éloigner les touristes.
Située dans la lagune de Venise, Poveglia a servi de mouroir pour 100.000 Vénitiens touchés par l’épidémie de peste au XVIe siècle. Au début du XIXe siècle, un hôpital militaire a été ouvert sur l’île, mais il a été par la suite déserté pour cause de phénomènes paranormaux et d’apparitions…
En 1922, c’est un asile d’aliénés qui y a été ouvert, puis fermé pour les mêmes raisons. Le psychiatre à l’origine du projet se serait suicidé, touché lui-même par la folie. Aujourd’hui, Poveglia a la réputation d’être l’île la plus hantée du monde et n’est pas accessible aux touristes.
Grand format
Tour du monde des îles infernales
Des îles naissent et deviennent des laboratoires martiens, certaines sont paradisiaques mais invivables pour l’Homme, d’autres s’érodent et donnent naissance aux premiers réfugiés climatiques. Choisissez une autre destination, L’Echo vous y emmène.
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