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Le festival d’Angoulême aux couleurs du wax

Scénariste, dessinatrice, journaliste: la Belge Justine Sow. ©Jules Cesure

On a suivi au milieu du “Monde des bulles” la journaliste belge Justine Sow qui publie une très belle première œuvre graphique, dédiée au textile multicolore souvent considéré comme africain: “Wax Paradoxe”.

Quand vous arrivez à proximité du stand de Bayard, au festival de la BD d’Angoulême qui tient jusqu’au dimanche 2 février, un agrandissement de plus de deux mètres de haut vous accueille. On le voit de loin, le visage de cette jeune femme aux cheveux noirs, entourée de motifs colorés, fleuris, un brin psyché, dans les tons rouges, bleus et verts. Du wax. Ce visuel qui accroche les regards est la magnifique couverture de la première bande dessinée de la journaliste récemment diplômée en bande dessinée et édition de Saint-Luc (Bruxelles) Justine Sow, “Wax Paradoxe”.

Après deux heures de dédicaces, l’autrice émerge de sa table, fatiguée mais ravie: “C’est super que Bayard ait fait cet agrandissement. J’ai presque systématiquement posé la question aux personnes venues me rencontrer: qu’est-ce qui fait qu’une personne prend une BD plutôt qu’une autre dans ses mains? C’est déjà un acte important. Qu’est-ce qui fait qu’elle va l’ouvrir, lire la quatrième de couverture et surtout qu’est-ce qui fait qu’elle va la ramener chez elle?”

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“Les gens m’ont parlé de l’appel du dessin. Puis, plusieurs m’ont parlé d’héritage familial, du tissu en lui-même et pas mal m’ont parlé d’appropriation culturelle. C’était des personnes blanches qui avaient déjà eu des débats avec leurs proches en se demandant si on pouvait mettre chez soi de tels tissus sans en prendre la charge culturelle. Ils cherchaient des réponses à travers ma BD.” Pourtant, le mot “appropriation culturelle” n'apparaît pas dans “Wax Paradoxe”: “C’est un choix. J’ai voulu amener ça en filigrane en posant des questions. J’alimente les réflexions pour que chacune, chacun se sente plus nourri.” 

Justine Sow, "Wax Paradoxe", Bayard.
Justine Sow, "Wax Paradoxe", Bayard.

Un vrai regard d’autrice

À la fin de cette première journée de rencontres avec le public, David Groison, l’éditeur de “Wax Paradoxe”, se réjouit: “C’est rare d’avoir dès le lancement un tel public. C'est un très bon signe.” Bayard mise beaucoup sur la sortie de cette BD: “L'œuvre de Justine Sow est emblématique de ce qu’on veut faire. C’est à la fois une enquête sur le wax en tant qu'objet politique, économique, technique, mais c’est aussi un vrai regard d’autrice.”

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Sophia, l’héroïne, étudiante en design textile, doit travailler le wax, exercice qui, sans qu’elle sache vraiment pourquoi, lui déplait. Entre La Cambre, Matonge, le quartier africain de Bruxelles, l’usine Vlisco aux Pays-Bas et le salon de sa mère, Sophia s’ouvre à une part d’elle-même qu’elle n’avait pas appris à écouter. 

"Le wax et les questions identitaires peuvent parfois faire naître des controverses. Je refuse d’alimenter les polémiques."

Justine Sow
Scénariste, dessinatrice, journaliste

“C’est vraiment la force de Justine Sow, continue David Groison, elle livre de l’intime avec des personnages forts tout en étant une grande journaliste et dessinatrice.” Quelques heures auparavant, l’autrice n’en menait pas large. Dans le train vers Angoulême, elle nous disait “ressentir un mélange d’émotions complexes” alors que sort ce premier album: “Une grande joie de créer du lien symbolique avec des lecteurs et lectrices. Une curiosité de voir ce qui pourrait les toucher dans la BD. Et puis un sentiment de responsabilité, car je ne veux surtout pas ajouter du bruit au bruit. Le wax et les questions identitaires peuvent parfois faire naître des controverses. Je refuse d’alimenter les polémiques.”

La gare d’Angoulême l’accueille pleine de rayons de soleil pour la plus grande messe de tout un secteur. “J’arrive au festival en profane totale et ça me convient très bien. Ça me permet de conserver intacte ma capacité d’émerveillement.” La nôtre est entière aussi devant son bel album.

Roman graphique

"Wax Paradoxe"

Par Justine Sow

Édité par Bayard Editions

136 p. - 22€

Note de L'Echo:

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