Michel Draguet tourne la page du musée du Cinquantenaire
Après avoir présenté sa démission, le directeur général ad interim a dressé un bilan des trois ans et demi passés à la tête des Musées royaux d’Art et d’Histoire.
L'homme n'est pas à la fête, loin de là. Mais il semble serein, convaincu de ne pas avoir failli. "J'ai fait ce que l'on m'a demandé, dit-il. Je pourrais reprendre petit Gibus dans 'La guerre des boutons' et dire 'Si j'aurais su, j'aurais pas venu'. J'ai sacrifié des choses sur le plan personnel que je vais essayer de récupérer maintenant. Je regrette que les choses se soient passées comme cela. Il est difficile de constater que son propre idéalisme est une forme de bêtise, dans le sens de bêtise enfantine."
Pour rappel, Michel Draguet, directeur général des Musées royaux des Beaux-arts de Bruxelles (MRBAB) a accepté en août 2010 de cumuler cette fonction - "sans compensation salariale ou de carrière" - avec la direction ad intérim des Musées royaux d'Art et d'Histoire. Début février, Philippe Courard (PS), le secrétaire d'État à la Politique scientifique qui a la tutelle sur ces musées, décidait de ne pas soumettre au Conseil des ministres le projet de restructuration des dix établissements scientifiques fédéraux, arguant que la période électorale n'est pas propice à la réalisation d'une réforme de cette envergure. Le projet porté par le président de l'Administration de la politique scientifique (Belspo), Philippe Mettens, avait reçu la signature du prédécesseur de Philippe Courard, Paul Magnette. Une première mouture prévoyant la réorganisation transversale des institutions scientifiques en quatre pôles (Art, Documentation, Espace et Nature) avec des fusions et une direction unique pour chacun d'entre eux. Après le passage par de multiples groupes de travail, le projet sur la table du secrétaire d'État prévoyait juste la fusion du musée des Beaux-Arts et du Cinquantenaire, laissant aux autres institutions la liberté de rechercher, volontairement, des synergies entre elles. Il reviendra au prochain gouvernement de lui donner un avenir, ou pas.
Incarnation de la réforme
La fusion entre les deux musées ne se faisant pas, Michel Draguet a souhaité ne plus assumer cette double direction et a mis un terme à son mandat bénévole. Il dit s'être engagé dans ce projet par idéalisme, un idéalisme qui se fonde sur l'expérience aux MRBAB et plus particulièrement sur la modélisation de l'action muséale qui passe par le redéploiement des unités thématiques comme cela a été fait avec les musées Magritte et Fin-de-siècle. Il prône la synergie, voire la fusion, entre les musées dans un souci de cohérence et d'économie d'échelle. Il a d'ailleurs initié le projet BeOne afin de préparer la fusion des MRBAB et des MRAH au niveau de trois groupes de travail: services d'appui (ressources humaines, gardiennage, comptabilité,…), services au public et gestion des collections. Selon Michel Draguet, la mise en commun des services d'appui a permis une économie de 329.546 euros, soit 3,09% du budget en frais de personnel, ce qui permettrait l'engagement de 6 collaborateurs scientifiques.
En ce qui concerne les finances, l'ex-directeur ad interim rappelle qu'à son arrivée, les MRAH présentaient un déficit de 300.000 euros qui a été résorbé par un plan d'économies drastique. Il a fallu ensuite que le musée apporte sa contribution aux économies imposées aux administrations, soit 513.000 euros en 2013, montant qui devra à nouveau être économisé en 2014. "Les MRAH sauront résister à l'épreuve, commente Michel Draguet, même si la fusion aurait naturellement favorisé des économies par simple rationalisation des services".
"J'espère que mon passage aura servi à attirer l'attention sur cette 'belle endormie', a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Que la rénovation du Cinquantenaire figure dans les prochains accords de gouvernement serait en soi une victoire." Il a d'ailleurs permis d'inscrire au programme 2014 de la Régie des bâtiments la réalisation d'un masterplan qui structurera la rénovation des MRAH.
Pour l'avenir, Philippe Mettens souligne qu'il n'y a pas d'obligation de textes législatifs pour mettre en œuvre la réforme. "Tout se poursuit dans une logique de rapprochement. La nomination d'un directeur est un détail, la dynamique existe." Et de déplorer l'excès de personnalisation de cette réforme sur Draguet qui lui-même confie "avoir l'impression d'incarner à lui tout seul la réforme de Belspo". Convaincu que la réforme ne constitue ni plus ni moins que la condition de survie des établissements scientifiques, il trouve dommage que ce projet ne soit pas arrivé 6 mois plus tôt.
Les plus lus
- 1 Le ton monte en Europe contre les ingérences répétées d'Elon Musk
- 2 Georges-Louis Bouchez: "Nous allons réhabiliter le travail sous toutes ses formes"
- 3 Les stocks de gaz se vident à une vitesse plus vue depuis 2018 alors que les prix sont toujours élevés
- 4 Guerre en Ukraine: pourquoi Zelensky veut négocier avec Trump avant Poutine
- 5 Le Premier ministre canadien Justin Trudeau annonce sa démission