Comment Dour est devenu le tube de l'été
À l’aube de sa 29e édition, le Dour Festival s’impose comme événement musical incontournable en Europe.
C’est dans la paisible commune de Dour dans le Borinage que Carlo Di Antonio a décidé de créer, en 1989, un festival de musiques actuelles. La raison? "La volonté de créer quelque chose, c’est parce qu’il n’y a rien en Wallonie, il y a une place à prendre."
Parmi les cinq artistes présents figuraient alors Bernard Lavilliers et Les Innocents. Vingt-neuf ans plus tard, le Dour Festival est non seulement toujours debout, mais certainement plus puissant que jamais. Avec un record d’affluence à 235.000 personnes en 2016, il s’impose désormais comme un incontournable de l’été en Europe.
Dour en chiffres
- 236: Le nombre de groupes programmés sur les cinq jours de festival.
- 45.000: Le nombre de festivaliers attendus chaque jour.
- 235.000: Le record d’affluence cumulée atteint en 2016.
- 18,3: En moyenne le nombre de bières par festivalier.
Dour Festival, du 12 au 16 juillet, à Dour.
Les programmateurs du Dour Festival, Mathieu Fonsny et Alex Stevens, expliquent ce succès par sa capacité à se renouveler. "Nous voulons garder de la diversité dans les artistes programmés. Il y a donc une scène rock très affirmée, et une scène dub également très présente. L’électro reste également une référence pour le Dour Festival, mais la volonté première reste d’être un festival diversifié", nous confie Alex Stevens.
Avec un budget dédié à la programmation estimé entre 2.000.000 et 2.500.000 euros, le Dour Festival fait partie du club très fermé des festivals d’ampleur majeure en Belgique, avec Rock Werchter, Tomorrowland et Pukkelpop. La diversification dans la programmation n’est assurément pas une fin en soi. Elle est le fruit d’une stratégie pensée chaque année à la clôture du festival. "Les trois premiers mois tout d’abord, on ne parle pas de musique", explique Alex Stevens. "On va d’abord se promener sur le site du festival et on va prendre note de toutes les ambiances qui ont fonctionné. En réalité, on se concentre plus sur le public que sur les concerts et on essaye de voir si on a mis le bon groupe au bon moment. On part ensuite d’une feuille blanche avec les ambiances que l’on veut créer, c’est le travail qu’on fait de juillet à septembre, puis on commence à remplir les groupes en fonction des ambiances."
Roulez jeunesse!
Avec 7 scènes pour autant d’ambiances, le festival s’apprête à accueillir des artistes du monde entier, où les têtes d’affiches vont côtoyer les artistes du cru. Le souci des organisateurs est alors de proposer un show en adéquation avec les attentes des festivaliers, dont le profil semble de plus en plus homogène.
Car si Dour Festival est devenu une machine de guerre, c’est également parce qu’il a su conquérir un public jeune, voire très jeune. Avec un prix des tickets raisonnable (entre 55 et 65 euros la journée, et 155 euros le pass 5 jours) et une communication ciblée, tout a été mis en œuvre pour toucher un public jeune et européen.
En dépit des potentiels problèmes d’abus en tous genres liés à une forte concentration de cette audience, les organisateurs considèrent ce pouvoir d’attraction comme un atout majeur: "Le danger quand on organise un festival depuis 30 ans c’est d’avoir un public qui vieilli avec les organisateurs. Ici nous sommes un peu dans l’effet inverse", explique Mathieu Fonsny. "Ce n’est pas dû au festival lui-même mais plus à sa situation géographique. Quand tu es jeune, tu pars avec tes potes en camping la semaine, ce sont tes vacances. Mais quand on rentre dans la vie active, on a plutôt envie d’avoir un peu plus de confort, et comme nous sommes dans une zone où il y a très peu d’hôtels, c’est plus problématique pour ce public de venir ici."
Pour endiguer ce phénomène, les organisateurs développent depuis quelques années des alternatives au camping rudimentaire, en créant "The Village", des locations de logements "en dur" situés à proximité du site du festival. "Cela permet de proposer davantage de confort et de possibilités aux festivaliers", selon Stevens. Des navettes ont également été prévues cette année pour assurer la liaison entre la plaine de la Machine à Feu et quelques hôtels, cela afin d’éviter certaines déconvenues aux festivaliers qui, étourdis par l’ambiance boraine, voudraient prendre le volant.
Vitrine wallonne
À côté du simple objectif de divertissement, le festival de Dour possède également une mission: celle de faire resplendir les talents belges auprès d’un public international. "C’est quelque chose que les gens ne savent pas vraiment, mais on invite une multitude de pros, des étrangers qui sont programmateurs de festivals, des gens de labels… On a près de 25% de nos artistes qui sont belges où de la communauté française, et ceux-là sont du coup susceptibles d’être vus par plein de gens puis d’avoir par la suite une autre vie en dehors de la Belgique. C’est aussi une de nos missions finalement, de montrer notre patrimoine et d’essayer de le faire vivre ailleurs." Le patrimoine musical belge sera d’ailleurs mis à l’honneur durant la journée du mercredi, consacrée au mouvement très en vogue du rap bruxellois, et tout au long du festival sur la scène "Le Labo". À Dour plus qu’ailleurs, nos régions ont du talent.
Programmation | Rap et électro à l'honneur
Parmi les 236 groupes et artistes programmés, force est de constater que les programmateurs ont mis l’accent sur les deux valeurs sûres du Dour Festival: le rap et la musique électronique. Damso, Romeo Elvis et Caballero & Jeanjass, soit les trois sensations du rap francophone, seront présents les mercredi et jeudi. La légende du rap américain NAS, ainsi que les nouveaux rois du "rap game" français PNL fouleront également la grande scène du festival. Côté musique électro, les festivaliers auront le choix entre la puissance flamboyante du live de Vitalic (jeudi), la disco épileptique de Justice (dimanche), ou les ondes minimalistes de l’excellente Marie Davidson (samedi).Il est cependant fort probable que l’un des moments les plus forts du festival vienne du côté de la Last Arena le samedi, où les Français de Phoenix viendront défendre leur nouvel album "Ti Amo" à l’ambiance italo-disco pour un set qui s’annonce ensoleillé. Côté Indie Rock, l’immanquable freak australien Alex Cameron occupera la scène de "La petite maison dans la prairie", le jeudi, et la pop rêveuse et humaniste de François & The Atlas Mountains raisonnera dans la scène du Labo, le samedi. Last but not least, Dour 2017 fait également honneur aux artistes belges avec la présence de Monolithe Noir, Glass Museum, Cocaine Piss ou encore Wuman, récents lauréats du concours-circuit.
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