Irina Lankova, pianiste: "Tout d'un coup, seules mes mains jouaient"
L'an passé, la pianiste Irina Lankova a connu l'extase en jouant au Carnegie Hall de New York. Elle en a conçu un nouveau projet de récital qu'elle présente ce mardi à la Patinoire royale, à Bruxelles.
On va souvent au concert classique avec le secret espoir de vivre un moment de grâce où l'interprète s'oublie et ne fait plus qu'un avec l'œuvre qu'il joue et la salle qui l'écoute. Le temps semble alors se dilater, tandis que les sons s'élargissent et se confondent avec l'énergie de la création.
Mais l'artiste sur scène, tout accaparé par la maîtrise de son art, se laisse-t-il lui aussi gagner par l'extase sonore lorsqu'elle survient? On connaît le regard intérieur d'un Wilhelm Kempff, plongé dans lui-même lorsqu'il joue la "Sonate au clair de lune", ou d'un Alfred Cortot parlant comme le poète de Schumann lorsqu'il explique à ses élèves fascinées l'ultime mouvement des "Scènes d'enfants".
La magie de Carnegie Hall
La pianiste russe vivant en Belgique Irina Lankova répond par l'affirmative en se rappelant la sensation de son récital de l'an passé à Carnegie Hall, la salle mythique de New York: "Tout d'un coup, seules mes mains jouaient. Je ne devais contrôler qu'un minimum, j'étais portée et traversée par une autre énergie. J'avais l'impression que Rachmaninov et Horowitz étaient sur scène avec moi."
Une expérience proche du divin, dit-elle encore, qu'elle identifie dans certaines œuvres portées plus que d'autres par la grâce. "J'en ai eu l'intuition avec l'"Étude en do dièse mineur" de Scriabine. Je la connaissais depuis toujours, mais elle est tellement difficile que je l'avais laissée tomber. Je l'ai reprise et j'ai eu cette sensation qu'un autre monde s'ouvrait."
"Un moment illuminant l'éternité"
"Un instant illuminant l'éternité", selon la maxime du compositeur russe mystique Alexandre Scriabine, qu'elle a reprise en frontispice de son nouveau projet de récital, enchaînant comme des perles les œuvres qu'elle sent "traversées par cette sorte de flux, par cette connexion à quelque chose de plus grand".
"J'étais portée et traversée par une autre énergie. J'avais l'impression que Rachmaninov et Horowitz était sur scène avec moi."
"Elles sont toutes relativement courtes et créent un parcours dont je présente brièvement les étapes au public. J'ai commencé par assembler des pièces de Scriabine, mais bien vite Rachmaninov est arrivé, puis Chopin, adulé par les deux premiers. À présent, c'est Chopin la figure centrale!"
Reste à récréer les conditions du lâcher-prise... Aussi, avant d'enregistrer live ce nouveau programme, le 13 octobre à la Salle Cortot (Paris), Irina Lankova associe sa communauté à une série de concerts préparatoires, comme ce mardi, parmi les créations de la jeune scène belge contemporaine qu'expose la Patinoire royale. En attendant l'extase...
Récital classique
"Un moment illuminant l'éternité"
Par Irina Lankova, pianiste
Œuvres de Chopin, Scriabine et Rachmaninov
À la Patinoire Royale | Galerie Valérie Bach (réservations)
Le mardi 16 mai 2023, à 19h30.
Programme complet sur le site officiel de l'artiste > En savoir plus
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