Nuits Weekender et Fifty Lab, deux festivals tournés vers l'avenir
Du 1ᵉʳ au 15 novembre, Bruxelles se positionne à la pointe des musiques alternatives avec les Nuits Weekender et le Fifty Lab, deux festivals mélomanes et défricheurs, à l'affût des tendances et des stars de demain.
En ce début du mois de novembre, le Botanique inaugure un tout nouveau rendez-vous. Extensions automnales des Nuits Botanique, les Nuits Weekender prônent la curiosité et l'accessibilité totale le temps d'un festival de trois jours. Organisé aux abords de la Rue Royale, du 1er au 3 novembre, l'événement explore les potentiels offerts par l'achat d'un ticket unique. À 44 euros la journée ou 75 euros les trois jours, le public se promène ici, à sa guise, sous les verrières de l'élégante bâtisse, afin d’y découvrir cinquante-cinq projets musicaux disséminés entre la Rotonde, le Museum et l'Orangerie.
"Les Nuits Weekender rassemblent quelques têtes d'affiche et un paquet de découvertes belges et internationales."
Les trois salles du Botanique promettent de multiples ambiances: rock, électro, rap, soul, jazz, R'n'B et autres virées expérimentales jalonnent notamment le parcours imaginé par l'équipe de programmation. "Les Nuits Weekender rassemblent quelques têtes d'affiche et un paquet de découvertes belges et internationales", détaille le programmateur Olivier Vanhalst. "Proposer autant de projets sur une affiche de trois jours, c'est d'abord l'occasion de donner de la visibilité à des artistes prometteurs, mais qui, sur leur seul nom, ne ressembleraient pas grand monde à ce jour. Cela nous permet aussi de présenter des valeurs émergentes, des groupes dans lesquels nous croyons profondément. Certaines formations annoncées à l'affiche du festival ont toutes les chances de devenir les stars de demain."
Dans ce registre, le groupe de rock English Teacher est forcément à tenir à l'œil. Récent lauréat du Mercury Prize, trophée suprême de l'industrie musicale britannique, le quatuor de Leeds vient compléter un palmarès sur lequel figurent déjà les noms de Pulp, Portishead, James Blake, Arctic Monkeys ou PJ Harvey.
Parmi les locomotives de cette première édition, la dissidente russe Diana Burkot, connue pour son engagement féministe au sein du groupe contestataire Pussy Riot.
Les sensations potentielles sont, par ailleurs, légion. Aux rayons jazz (Kassa Overall), R'n'B (Crystal Murray), rap (Billy Woods), folk (Anastasia Coope, June McDoom) ou rock (Quade, Friko, Chanel Beads), les Nuits Weekender tiennent quelques bons filons. Des noms plus établis complètent encore le menu. À l'instar de Busy P, ex-manager de Daft Punk et actuel chef de file du label Ed Banger (Justice, Myd, DJ Mehdi). Parmi les locomotives de cette première édition, il faut aussi mentionner Tramhaus, sensation rock venue de Rotterdam, mais aussi la dissidente russe Diana Burkot, connue pour son engagement féministe au sein du groupe contestataire Pussy Riot. À cela s'ajoute encore un impressionnant contingent local (Avalanche Kaito, Sura, Landrose, etc.). "Cette programmation se veut aventureuse et variée. C'est un instantané de ce que le Botanique propose, en temps normal, durant le reste de l'année."
Le festival des festivals
Dix jours après le nouvel événement initié par le Botanique, le Fifty Lab prend possession du centre-ville bruxellois du 13 au 15 novembre. Lancé en 2019, ce festival prescripteur tire régulièrement de son chapeau des noms sur le point de faire sensation. La soul de Gabriels, les chansons décomplexées d'ELOI, le rap hybride de Peet ou les envolées électroniques d'une formation comme ECHT! se sont révélés, ici, lors des éditions précédentes.
En cinq ans, le Fifty Lab a vu sa fréquentation passer de 600 à 1.500 personnes. En 2024, l'événement poursuit son expansion à deux pas de la Grand-Place. Théâtre des opérations, le centre-ville de Bruxelles offre un cadre et quelques escales de choix au festival: Ancienne Belgique, Beursschouwburg, RITCS Café ou le bar KFK Hope accueillent le public et près de septante artistes venus de Belgique et d'ailleurs.
À moins de 30 euros la journée et 60 euros le combi 3 jours, le Fifty Lab se veut démocratique. "Cela fait moins d'un euro par artiste", souligne Mathieu Fonsny, l'un des organisateurs. D'abord tournée vers le public, la manifestation cherche également à se positionner comme une plaque-tournante de l'industrie musicale. Près de 300 professionnels belges et internationaux arpentent ainsi le quartier de la Bourse en quête de sensations musicales. "Ce sont des agents artistiques, des programmateurs, des journalistes, des personnalités actives dans le monde de l'édition. Tous ces gens viennent ici pour faire de la prospection, mais aussi pour découvrir la ville et sa gastronomie."
Dans le sillage de Nick Cave et PJ Harvey, l'Américaine Stella Rose – la fille de Dave Gahan (Depeche Mode) – devrait, elle aussi, tirer son épingle du jeu.
Le Fifty Lab possède, bien sûr, de solides arguments pour attirer autant de pros à un jet d'eau du Manneken-Pis. À commencer par Natasha Pirard, nouvelle recrue de Deewee, le label fondé par David et Stephen Dewaele (Soulwax). Dans le sillage de Nick Cave et PJ Harvey, l'Américaine Stella Rose – la fille de Dave Gahan (Depeche Mode) – devrait, elle aussi, tirer son épingle du jeu, là où le trio HiTech relancera les dés de la culture techno. Pour les guitares électriques, il faut s'en remettre aux riffs de quelques sensations anglaises (Deep Tan et Butch Kassidy). Folk et pop sophistiquée sont également à l'affiche (May, Ganavya), tout comme le rap (Skiifall, CRC), les nouvelles têtes de la scène belge (Uwase, Julie Rains, Lézard, Whoman) et une profusion de propositions futuristes (Mui Zyu, Thérèse, Le Talu).
Pour l'aider à repérer les plus belles promesses de l'industrie musicale, l'équipe du Fifty Lab s'appuie sur les conseils avisés de 20 festivals internationaux, tous présents pour l'occasion.
Pour l'aider à repérer les plus belles promesses de l'industrie musicale, l'équipe du Fifty Lab s'appuie sur les conseils avisés de 20 festivals internationaux, tous présents pour l'occasion. Des institutions comme le Sónar (Barcelone), Left of The Dial (Rotterdam), Reeperbahn (Hambourg), We Love Green (Paris), FME (Québec) ou Øya (Oslo) débarquent ainsi à Bruxelles avec un bon plan dans les bagages. "Près d'un tiers de la programmation est réalisé par ces festivals invités. Ce sont des événements internationaux, de tailles et de profils différents, ouverts sur tous les courants musicaux. Nous les mettons en relation avec des festivals de chez nous, comme le Micro Festival ou les Leffingeleuren. Cela permet de créer des réseaux et d'envisager des collaborations et les programmations à venir." De quoi entrevoir le futur des festivals d’été... en plein automne.
Organisé du 15 au 25 mai 2025, le rendez-vous bruxellois donnera, comme toujours, le la de la saison des festivals. Mais la prochaine édition marquera assurément un tournant dans l'histoire des Nuits Botanique... Là où il fallait autrefois se procurer des billets distincts pour accéder aux différentes salles de la Rue Royale, l'événement entrevoit à présent une nouvelle formule: des thématiques quotidiennes à l'achat d'un ticket unique.
Ce véritable passe-partout ouvrira ainsi toutes les portes de l'événement, aussi bien en intérieur (les salles de l'Orangerie et du Museum) qu'en extérieur (une grande scène en plein air, installée dans le jardin). Avec un entracte prévu les 19 et 20 mai, le festival entend également resserrer sa programmation autour de huit dates bien chargées. Les week-ends, les festivités débuteront en début d'après-midi (avec 18 projets à l'affiche), tandis qu'en semaine, chaque soirée mettra neuf artistes à l'honneur. À noter aussi, une véritable nuit de clubbing (le 23 mai) et les premiers noms annoncés au rayon rock, avec Thee Oh Sees (le 16 mai), The Jesus Lizard, Soccer Mommy ou les formidables The Ex (le 18 mai), sans oublier une volonté d'exposer des fresques et quelques sculptures durant toute la durée du festival. Une (r)évolution.
Dans l'imaginaire collectif, l'été appartient aux festivaliers. Rock Werchter, Francofolies, Les Ardentes, Pukkelpop, Esperanzah!, Dour Festival ou Tomorrowland, tous, ont façonné leur réputation sous le soleil – ou la drache nationale. Ce foisonnement de rendez-vous musicaux se prolonge à présent au cœur de l'automne. À l'heure où les feuilles mortes se ramassent à la pelle, plusieurs événements retentissants bourgeonnent en effet aux quatre coins du territoire européen. Organisés en intérieur, à l'abri de la pluie et du vent, ouvertement tournés vers l'émergence et les grandes tendances à venir, ces festivals squattent la première quinzaine de novembre avec des programmations ultra-qualitatives. À Bruxelles, les Nuits Weekender et le Fifty Lab occupent l'espace (lire l'article). À Courtrai, c'est le Sonic City qui régale (du 8 au 10 novembre) avec une affiche plantureuse (Lambrini Girls, The Necks, Ditz, Tucker Zimmerman, etc.).
À deux pas de la Belgique, la ville d'Utrecht vibre également aux rythmes d'un festival majeur: Le Guess Who? (du 7 au 10 novembre). Prescripteur, cet événement montre, chaque année, les voix à suivre pour tracer les meilleurs itinéraires de l'été.
Des capitales comme Londres et Paris s'alignent elles aussi sur la période, du 4 au 10 novembre, avec le Pitchfork Music Festival, déclinaison européenne de la célèbre franchise américaine. Comment expliquer le phénomène? "Historiquement, on peut voir Le Guess Who? comme un déclencheur", analyse Olivier Vanhalst, programmateur au Botanique. "Ce festival hollandais s'appuie sur un budget conséquent: il peut se permettre d'offrir de solides cachets à des artistes, cultes ou en développement, qui viennent d'un peu partout dans le monde." Une fois programmés à Utrecht, les musiciens cherchent à monter une petite tournée, en ajoutant des dates à proximité des Pays-Bas. "Naturellement, les autres festivals européens profitent de cet élan. Mais plus globalement, l'automne est aujourd'hui devenue, avec l'été, la principale période des tournées internationales. L'offre artistique est telle que les salles de concerts ne peuvent absorber la demande de façon classique. L'organisation de festivals est donc un moyen d'accueillir davantage d'artistes sur ce créneau."