Variations sur un "Palimpseste"
Michèle Noiret adapte son solo, très personnel, en un duo où elle est rejointe par David Drourad dans une œuvre tout en beauté et légèreté.
Au son à peine audible d’une boîte à musique, Michèle Noiret, élégante, impeccable dans la tenue comme dans le maintien, se dirige vers le fond de scène à petits pas serrés qui frottent le sol. Ses doigts décrivent des arabesques qui dessinent des figures. Elle murmure des mots, lance des regards au public, à des personnes dans le public. Elle semble chercher dans sa mémoire des souvenirs qu’elle laisse affleurer au travers de son corps. Le geste, précis, délicat, lui tient lieu de langage. La boîte à musique laisse la place au piano et à la clarinette. La tension se fait plus affirmée, comme la musique, les gestes font écho aux notes, le mouvement fait vivre la musique. Arrive David Drouard qui la suit, se colle à elle, lui transmet le mouvement. Ils se mesurent, se frôlent, se touchent, dans un duo parfois nerveux, toujours harmonieux, oscillant entre séduction et domination. Les mouvements s’accordent, s’appuient, s’enchaînent.
Du solo au duo
Le titre évoque les traces, l’influence, qu’a eus Stockhausen sur l’écriture chorégraphique de Michèle Noiret.
En 1997, Michèle Noiret crée "Solo Stockhausen" en hommage au compositeur Karlheinz Stockhausen avec lequel la chorégraphe a travaillé de nombreuses années. Le cinéaste Thierry Knauff l’adapte au cinéma en 2004 et Michèle Noiret s’en inspire dix ans plus tard pour réinventer le solo qui devient "Palimpseste Solo". Le titre (qui fait référence à un parchemin manuscrit dont on a effacé la première écriture afin d’écrire un nouveau texte) évoque les traces, l’influence, qu’a eu Stockhausen sur l’écriture chorégraphique de Michèle Noiret qui précise: "C’est une création très personnelle, une pièce qui fait partie de moi. Un fil qui traverse tout mon parcours."
Soucieuse de transmettre son expérience, la chorégraphe a souhaité depuis toujours offrir ce solo à quelqu’un. La rencontre avec David Drouard, lors d’une reprise de rôle dans "Hors champ" donnera naissance à "Palimpseste Duo", un duo découlant du solo qu’elle présente aujourd’hui. "Passer du solo au duo n’était pas évident, explique la chorégraphe, pour cette œuvre très personnelle, il fallait quelqu’un qui montre de l’intérêt, qui ait envie de comprendre, d’entrer dans cet univers." David Drouard, également chorégraphe, connaît bien le travail de sa partenaire mais l’hommage à Stockhausen fut "une découverte foudroyante" pour celui qui avait pratiqué la clarinette durant sept années avant de se mettre à la danse.
Le point de départ est la partition "Tierkreis" (un mot allemand pour "zodiaque") qui comporte douze courtes mélodies, représentant chacune un signe du zodiaque. Le solo en comportait six, le duo reprend les six suivantes. Chaque mélodie, qui dure 30 à 45 secondes, est reprise 3 à 4 fois pour chaque signe auquel correspond également une phrase chorégraphique très précise. Le procédé donne une pièce légère, syncopée, subtile dans la résonance, le dialogue, et où le regard prend autant d’importance que le corps.
Jusqu’au 30 septembre et les 6, 7, 8 octobre 2016 au Théâtre National de Chaillot à Paris, theatre-chaillot.fr. Les 19, 20 et 21 mai 2017, "Palimpseste Duo" sera présenté avec les musiciens sur scène au Théâtre National à Bruxelles, www.theatrenational.be, de même que "Hors champ", du 16 au 19 novembre.
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