Publicité
analyse

Le bitcoin bondit à 69.000 dollars et bat enfin son record de 2021, dopé par les ETF et le "halving"

Les investisseurs se ruent sur le bitcoin et sur les cryptoactifs depuis le début de l'année. ©REUTERS

En passant la barre symbolique des 69.000 dollars, le bitcoin met fin à plus de deux ans d'hiver crypto. Outre les ETF, l'enthousiasme autour du "halving" anime les investisseurs. Mais jusqu'à quand peut durer cette fête?

C'est un petit pas pour les marchés financiers, mais un grand bond pour les adeptes des cryptomonnaies. Ce mardi, peu après l'ouverture de Wall Street, le bitcoin, principale devise numérique dans le monde, a passé la barre historique des 69.000 dollars, établissant très brièvement un nouveau record à plus de 69.200 dollars pour un bitcoin, avant de se rétracter rapidement.

Après avoir plus que doublé de valeur en 2023, son cours a ainsi enfin dépassé son dernier plus haut de 68.991 dollars, qui datait du mois de novembre 2021, et qui avait précédé une année 2022 catastrophique pour les actifs numériques.

Publicité

Dans l'ensemble, le marché des différentes cryptomonnaies pèse près de 2.550 milliards de dollars à l'heure actuelle, dont plus de la moitié en bitcoins, selon le site spécialisé CoinMarketCap, qui appartient à Binance, première plateforme d'échange d'actifs numériques au monde. C'est trois fois plus qu'à la fin 2022, lorsque les nombreux scandales dans le secteur, comme la faillite de FTX, et la hausse des taux directeurs des banques centrales avaient encouragé un mouvement de délestage massif sur ces actifs volatils et risqués.

Les autres cryptos profitent largement de la remontée du bitcoin, tant l'ether, éternel numéro 2 du marché, basé sur la blockchain Ethereum, que les loufoques dogecoin ou Shiba Inu Coin ayant vu leurs cours bondir ces derniers jours.

Publicité
+50%
Depuis l'autorisation des ETF en bitcoin, le prix de la cryptomonnaie a bondi de près de 50%, alors qu'un repli était prévu par de nombreux experts du secteur.

Nouvelle vague massive d'investisseurs

Depuis l'autorisation le 10 janvier dernier par le gendarme américain des marchés, la SEC (Securities & Exchange Commission) des ETF investis en bitcoin, la progression semble inarrêtable.

Publicité

Alors que de nombreux experts avaient prévu un repli du cours après l'annonce du lancement de ces fonds cotés en bourse qui permettent de s'exposer à la cryptomonnaie en passant par des gestionnaires d'actifs qui ont pignon sur rue, le bitcoin a en réalité bondi de près de 50% en moins de deux mois, porté par des afflux massifs de capitaux.

Au lieu de s'essouffler, le bitcoin a ainsi consolidé sa flambée grâce à l'arrivée d'une nouvelle vague d'investisseurs bien plus large. Depuis le début de la cotation des ETF, plus de 7 milliards de dollars y ont été investis (nets, en comptant également les sorties de fonds), les acheteurs se rassurant très probablement de savoir que leurs bitcoins sont détenus au travers de géants de la finance tels que BlackRock et Fidelity, les deux plus grands gérants de fonds de la planète.

Bien que le régulateur américain ait autorisé l'échange de ces produits d'un nouveau genre, son président, Gary Gensler, avait toutefois mis en garde contre la "myriade de risques associés au bitcoin". Son but était alors d'éviter de cautionner tout investissement dans les cryptoactifs, notamment par de gros clients institutionnels, qui montrent désormais aussi leur intérêt pour le bitcoin.

Publicité
÷2
À chaque fois que 210.000 nouveaux blocs ont été "minés", le code informatique du bitcoin prévoit que la récompense attribuée aux mineurs soit divisée par deux.

Le "halving" en ligne de mire

Outre les ETF, c'est un autre grand catalyseur qui semble aujourd'hui alimenter la spéculation sur le marché. Le mois prochain est attendu le grand évènement du "halving", que ne veulent rater à aucun prix les investisseurs.

Depuis sa naissance il y a 15 ans (les origines exactes restant encore floues), le bitcoin a toujours intégré dans son code informatique une notion de rareté. Pour rappel, la cryptomonnaie est créée par des "mineurs", dont les ordinateurs réalisent de longs et complexes calculs informatiques qui valident les transactions sur ce que l'on appelle la blockchain, qui retrace l'historique des échanges. Lorsque les mineurs rivalisent entre eux pour obtenir les nouveaux jetons créés, ils obtiennent en fin de compte de nouveaux "blocs" en guise de récompense.

À chaque fois que 210.000 nouveaux blocs ont été "minés", le code du bitcoin prévoit que la récompense attribuée aux mineurs soit automatiquement divisée par deux. Ce "halving" (division par deux, en anglais), se produit environ tous les quatre ans. Depuis 2009, le nombre de "blocs" obtenus par minage a déjà été divisé par huit (les précédents "halvings" ayant eu lieu en 2012, en 2016 et enfin en 2020).

Si les "petits mineurs" arrêtent de miner la cryptomonnaie, la difficulté de miner deviendrait globalement moins forte, et le prix moyen nécessaire pour miner de nouveaux bitcoins diminuerait également, selon JPMorgan.

JPMorgan met en garde contre un repli

Il est dur de savoir exactement quand se produira le prochain "halving", même si les spécialistes l'attendent pour la mi-avril. Les spéculateurs, eux, espèrent que l'évènement fera grimper encore davantage le prix de la cryptomonnaie, puisqu'il signifiera que la croissance du nombre de jetons en circulation diminuera (étant donné que la récompense pour les mineurs sera moindre). Moins de bitcoins signifierait donc automatiquement, selon les traders qui se positionnent actuellement, une valeur plus élevée sur le marché.

Mais ce n'est pas l'avis de tout le monde. Chez JPMorgan, les analystes s'attendent plutôt à l'effet inverse et attendent un repli à 42.000 dollars par bitcoin. La semaine dernière, ces derniers ont publié une note sur le sujet, soulignant que les plus petits mineurs quitteraient le marché après le "halving" en raison de la baisse de récompense, donnant plus de poids aux gros poissons, qui ont un meilleur accès à une électricité peu chère pour miner plus de bitcoins avec un coût encore attractif.

Si les "petits mineurs" arrêtent de miner la cryptomonnaie, la difficulté de miner deviendrait globalement moins forte (puisque la concurrence serait réduite), et le prix moyen nécessaire pour miner de nouveaux bitcoins diminuerait également en moyenne, toujours selon les analystes de JPMorgan, qui voient l'euphorie actuelle retomber après avril.

"Nous sommes de retour à un marché similaire à celui de 2021, où tout monte, et où tout le monde s'amuse."

Brent Donnelly
Trader et président de la société d'analyse Spectra Markets

Le retour de l'extrême volatilité

Ils notent toutefois que les prix élevés du moment pourraient eux-mêmes soutenir les petits mineurs, qui resteraient actifs tant que le bitcoin se maintient à ses niveaux records des derniers jours. Autrement dit, leurs prédictions tomberaient à l'eau si l'enthousiasme autour du bitcoin restait intact dans les prochaines semaines. Et c'est exactement ce qui semble être en train de se passer. Selon les données des marchés à terme, les paris sur une hausse à 70.000, 75.000, voire 80.000 dollars pour un bitcoin d'ici à la fin du mois ont bondi ce lundi, probablement portés par la hausse récente du cours.

Publicité

D'autres voix, moins optimistes, soulignent que cet engouement rappelle la période d'extrême volatilité de 2021, lorsque le bitcoin pouvait s'envoler un jour et s'effondrer quelques jours plus tard, en raison de traders particuliers qui cherchent à faire des profits très rapides en spéculant sur ces actifs.

Le mouvement à la hausse des cryptos rejoint aussi un rallye général sur tous types d'actifs à risque, les indices boursiers américains comme le S&P 500 et le Nasdaq franchissant presque quotidiennement des records. "Nous sommes de retour à un marché similaire à celui de 2021, où tout monte, et où tout le monde s'amuse", ironise Brent Donnelly, trader et président de la société d'analyse Spectra Markets, cité par Reuters. L'heure de la fin de la récréation, elle, reste incertaine.

Publicité