Une taxe kilométrique sur l'ensemble de la Belgique? Patrons et syndicats y sont favorables

Quelles sont les orientations à prendre en matière de mobilité? Patrons et syndicats, réunis au sein du Groupe des Dix, penchaient depuis plusieurs mois sur une déclaration commune, à laquelle ils viennent de mettre la dernière main.

Ce faisant, les interlocuteurs sociaux soumettent aux politiques un ensemble de lignes directrices qu'ils jugent bon de suivre à l'avenir pour "une mobilité durable et performante".

Les déchirements autour du plan Good Move à Bruxelles illustrent ô combien le sujet de la mobilité est sensible dans l'opinion publique. Les errements autour de la gestion du chantier du carrefour Léonard sont quant à eux venus rappeler la complexité institutionnelle qui entoure les compétences en la matière.

Un billet unique

Dans leur déclaration commune, patrons et syndicats appellent à davantage de collaboration entre les niveaux de pouvoir. Par exemple en réalisant une plus grande intégration tarifaire dans les transports publics "aboutissant à un billet unique". Les nœuds multimodaux doivent également être développés, selon eux, pour le transport de marchandises en particulier.

Les interlocuteurs sociaux appellent également les Régions à mieux assurer la continuité des infrastructures entre elles et entre les zones d'activité. On le sait, il s'agit notamment d'un enjeu important pour améliorer la mobilité sur le marché du travail: certaines zones du pays disposant d'une main-d'œuvre abondante sont mal connectées avec d'autres où les entreprises peinent à recruter.

Pour promouvoir un shift modal, ils réclament des investissements dans des "infrastructures sûres" pour les vélos et les piétons. Dans les trains, une politique relative aux deux-roues doit être développée.

Une taxe kilométrique

Il faut également agir sur la fiscalité, qui doit davantage tenir compte des coûts collectifs générés par l'usage des infrastructures (pollution, congestion...). Patrons et syndicats souscrivent à l'idée d'une taxe kilométrique pour l'ensemble des véhicules, y compris étrangers, et sur tout le territoire.

"Cela pourrait être une fiscalité qui varierait selon l’heure de la journée et le lieu; matérialiserait le principe de l’internalisation des coûts externes; viserait à orienter les comportements générant ces coûts externes; allouerait directement les recettes de cette redevance dans l’amélioration des infrastructures et services de transport. Une telle redevance remplacerait les taxes liées à la possession, c'est-à-dire la taxe de mise en circulation et la taxe de circulation."

Un tel projet existe déjà à Bruxelles. Baptisé Smart Move, il a été remisé au frigo suite à la volteface du PS bruxellois.

Liaisons ferroviaires

On notera aussi cette demande à propos de Brussels Airport: "En vue d’offrir des alternatives aux vols courtes distances (...), il devrait pouvoir bénéficier de liaisons ferroviaires rapides avec les grandes villes de notre pays ainsi qu’avec les pays voisins (par exemple via l’accès à des lignes TGV)".

Le Groupe des Dix appelle aussi à soutenir l'innovation en matière d'e-commerce notamment, dans l'optique de rendre les livraisons plus durables.

Enfin, concernant le financement des investissements dans les projets d'infrastructures de mobilité, les interlocuteurs sociaux estiment "souhaitable un traitement alternatif" (...) permettant d'échapper aux contraintes européennes en matière de déficit budgétaire. Les partenariats public-privé doivent également être pris en compte comme piste de solution à cet égard.