"Donald Trump peut encore faire beaucoup de dégâts"
Donald Trump va encore rester dix semaines à la Maison-Blanche. Doit-on craindre une fin de règne chaotique, voire dangereuse pour son successeur, Joe Biden? Deux experts des États-Unis nous éclairent sur les décisions que peut encore prendre le président sortant.
Dix semaines de transition attendent les États-Unis. Que va faire, pendant tout ce temps, l'actuel locataire de la Maison-Blanche, à part envoyer des tweets et jouer au golf? Donald Trump menace en tout cas de ne pas quitter le pouvoir. Il n'a d'ailleurs pas félicité, comme c'est de tradition, son successeur.
Au lieu de cela, avec son équipe, il a lancé des procédures à l'encontre des résultats de l'élection dans certains États. Mais il y a peu de chance que cela aboutisse à un changement retentissant.
"Le problème, pour Donald Trump, c'est qu'il n'y a aucune preuve d'un quelconque souci au niveau des votes", commente Tanguy Struye de Swielande, professeur de relations internationales à l'UCLouvain.
"Trump pourrait essayer de se gracier lui-même, vu qu'il a pas mal de casseroles et un certain nombre de procès qui l'attendent, notamment pour des problèmes d'impôt."
Quelques grâces
Au niveau politique, le milliardaire républicain est encore bien là, jusqu'au 20 janvier, le jour où Joe Biden s'installera à la Maison-Blanche. D'ici là, le président peut encore faire "beaucoup de dégâts", craint Tanguy Struye de Swielande.
"Si Trump freine la collaboration, Biden aura des difficultés à être prêt pour tous les dossiers le 20 janvier."
"Il va sans doute gracier quelques condamnés - ce qui n'aurait rien d'inhabituel -, dont, sans doute, quelques ex-collaborateurs", pense Serge Jaumain, professeur d'histoire contemporaine à l'ULB. "Mais il pourrait aussi essayer de se gracier lui-même, vu que plusieurs procès l'attendent, notamment pour des problèmes d'impôt."
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Chaos pour Biden
Selon les habitudes, les deux équipes, celle de Trump et la nouvelle de Biden, devraient discuter pour assurer la transition. "Si Trump freine la collaboration, Biden aura des difficultés à être prêt pour tous les dossiers le 20 janvier. Rien n'empêche Trump de laisser le chaos à son successeur. Mais ça, c'est encore l'obstacle le plus soft", explique Tanguy Struye.
L'expert de l'UCLouvain voit le président actuel capable de créer une crise internationale, "par exemple avec l'Iran. Je crois qu'on n'a pas encore réalisé à quel point Donald Trump est extrêmement dangereux. Il est si narcissique! Il vit dans un autre monde!"
Mais, souligne Serge Jaumain, "la marge de manœuvre de Trump est réduite, il n'aura le soutien de quasiment personne. Même le Premier ministre israélien lui a rendu hommage et a félicité Biden..."
Oublier le Covid...
Du côté de la politique intérieure, on peut plutôt parier que Trump va totalement baisser les bras. Il pourrait être tenté de licencier l'une ou l'autre personne, mais "il n'y a pas vraiment intérêt", remarque l'expert de l'UCLouvain.
Le républicain risque surtout de ne plus prendre ses responsabilités dans la gestion de l'épidémie actuelle. Ce qui compliquera la tâche de son successeur, d'office confronté à une grosse crise sanitaire: plus de 237.000 Américains sont décédés du Covid et les infections sont à un niveau record.
... et penser à 2024
Trump, qui reste quand même plébiscité par 70 millions d'Américains, pourrait trouver d'autant plus d'intérêt à laisser traîner les choses que sa présidence ne sera ainsi pas entachée de dernières décisions impopulaires. C'est important pour la suite de sa carrière, comme le souligne Serge Jaumain. "Vu son score, il va sans doute encore vouloir peser dans la vie politique."
"Il faut envisager son retour en 2024", glisse encore Tanguy Struye. Et s'il gère bien, à sa façon, sa fin de règne, et la longue campagne qui s'annonce, Trump ne sera pas battu d'avance. "Biden hérite d'une situation intérieure et internationale catastrophique. Il lui sera difficile d'afficher un bon bilan. Trump pourra toujours dire: 'Regardez comme les démocrates ont encore tout foiré!'"
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